LE CNRA LISTE LES LIMITES DE LA RÉGLEMENTATION
« Ce n’est pas parce qu’on a des micros et des caméras qu’on doit transposer les problèmes individuels sur la place publique »
Les limites de la loi sur la publicité favorisent l’anarchie dans le secteur. Pis, il y a des pratiques publicitaires qui échappent au contrôle du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Le président de l’instance de régulation, Babacar Touré, a mis en exergue ces manquements hier, lundi 6 août, lors de l’atelier de partage et de concertation sur la publicité organisé par le Cnra et qui prend fin ajourd’hui.
Le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), Babacar Touré, déplore les limites de la loi sur la publicité. Des manquements qui portent atteinte à la réglementation du secteur. Pour le régulateur, les annonceurs se tournent de plus en plus vers des régies d’affichage qui sont hors des compétences du Cnra. Pis, ajoute-t-il, ces régies d’affichage et l’internet définissent par excellence, les limites de la loi sur la publicité et la protection des données personnelles.
Pour Babacar Touré, la loi sur la publicité ne prend pas en compte la publicité dans les nouvelles technologies, à part l’obligation d’identification et de transparence. Aussi, à cause des insuffisances de la loi, des propriétaires de médias soldent-ils leurs comptes sur la place publique. Un fait jugé anormal car, de l’avis du président de la Cnra, «Ce n’est pas parce qu’on a des micros et des caméras qu’on doit transposer les problèmes individuels sur la place publique».
D’ailleurs, ces limites de la loi et les vides juridiques constatés ont fait que les communicants ont trouvé une loi de contournement comme les murs, les kiosques, les boites d’allumettes, les couvertures des cahiers d’écoliers… pour transmettre leurs messages, regrette Babacar Touré.
L’autre dysfonctionnement qui mérite d’être relevé, c’est qu’au Sénégal, tout le monde peut être producteur et diffuseur. Une situation qui résulte du modèle existant. «C’est un problème de modèle qui se pose. Dans une démocratie, on ne peut pas bâillonner ou censurer. Alors que dans d’autres pays, par exemple, tout est verrouillé, ce qui n’est pas l’option du Sénégal». Face donc à toutes ces transgressions, le Président du Cnra en appelle à une éducation par les médias afin de permettre aux citoyens de faire le tri des messages qu’ils reçoivent.
A signaler que cette rencontre de partage sur la publicité qui a servi de tribune au président du Cnra pour exposer ces carences de la loi a pour objectif le partage de l’information sur la publicité et ses enjeux et perspectives. Mieux, faire des recommandations pour un meilleur fonctionnement et pour la bonne gouvernance du secteur. Selon les organisateurs, l’atelier a aussi pour but de faire l’état des lieux, de parler des enjeux et perspectives face au numérique. Ce conclave sur la publicité qui se tient sur deux jours, les 6 et 7 août 2018, est la dernière activité initiée par le président du Cnra, Babacar Touré, dont le mandat de 6 ans est arrivé à son terme .
DEVELOPPEMENT DE LA PUBLICITE ET PROBLEMES DE PROTECTION DES CONSOMMATEURS ET GROUPES VULNERABLES : Le Cnra engage une réflexion inclusive avec les acteurs
Les études montrent qu’avec le développement fulgurant des supports de diffusion de la publicité au Sénégal, les acteurs (Etat, populations et entreprises) sont désormais confrontés à des problèmes liés à la protection des consommateurs et des groupes vulnérables. Pour y remédier, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) organise, depuis hier, lundi 6 août à Dakar, un atelier de partage et de concertation sur la publicité dans notre pays.
Ce conclave qui se tient sur deux jours, les 6 et 7 août 2018, est une initiative du régulateur visant à susciter une réflexion inclusive avec les acteurs, les institutions concernées, la société civile, les médias et des instituts universitaires de formation, dans un contexte marqué par un total dérèglement du secteur de la publicité, qui brasse pourtant des dizaines de milliards CFA annuellement. «Un tel développement impacte autant l’économie nationale que la société dans ses représentations, notamment à travers les médias, Le constat est fait : les Sénégalais ont une prononcée aux annonces publicitaires. Les PME du secteur jouent un rôle conséquent sur les créations d’emplois et d’emplois», informe une note transmise aux médias à cet effet.
Selon la source, «à l’ère du numérique, les possibilités nées de la convergence ont créé un marché publicitaire sans précédent. Les contenus des messages publicitaires font intervenir une large palette de facteurs sociaux, culturels, humains, économiques. De l’annonceur au consommateur, en passant par la régie et le diffuseur, il existe toute une chaîne d’intervenants dont les intérêts et pratiques restent à organiser et réglementer. Parce que la publicité agit sur la vie quotidienne et dans les échanges de biens et de services, elle occupe une place de choix dans la presse, en général, et la communication audiovisuelle, en particulier.»
Cette situation est à souvent à l’origine d’atteintes à nos mœurs et à la dignité de la personne humaine. «En conséquence de ce développement non maîtrisé, on note de plus en plus, via les médias, les réseaux sociaux, les panneaux publicitaires ou encore d’autres supports numériques, des messages en contradiction avec nos mœurs, valeurs, us et coutumes. Certaines fois, c’est tout simplement la réglementation qui est violée. Il n’est pas rare de voir des messages faisant la promotion de secteurs ou produits interdits de publicité. Dans certains cas, ce qui est véhiculé est en contradiction avec les exigences de vérité, de décence et de respect de la dignité de la personne humaine», déplore le Cnra dans le document.
Toutefois, le régulateur conseille, en outre, que «les énormes potentialités restées inexploitées dans ce secteur, commanderaient de mettre à profit, les opportunités qu’offre la publicité en termes de création de valeurs ajoutées, de chiffres d’affaires et d’emplois pour les jeunes.»