LA CAISSE NOIRE DU PRÉSIDENT
EXCLUSIF SENEPLUS - À force de reniements, le parti s’est assis sur la République et en a fait un matelas de billets de banque pour mercenaires politiques et autres prédateurs d’hier repentis
« Il pleut de l’argent, beaucoup d’argent même au palais de la République. Le plus grand symbole de l’Etat du Sénégal est devenu, en quelque sorte, un véritable guichet automatique de billets de banque d’où sortent des liasses de francs CFA. Il suffit juste d’avoir en poche la carte du parti et de s’y rendre pour remplir non pas ses poches, mais ses valises... ». Ainsi, débute un article de nos confrères de Walf quotidien du lundi 13 août 2018.
L’article liste ensuite les sections de l’Apr invitées au palais par l’hôte généreux du moment qui a décidé d’acheter sa réélection au premier tour en février 2019. À n’importe quel prix !
Ces pratiques d’achat de consciences sont le fait de celui-là même dont on attend qu’il donne l’exemple de « pratiques républicaines » et de parcimonie dans l’utilisation des fonds publics et non être le premier de ceux qui s’attellent chaque jour que Dieu fait à « abîmer » davantage la République, ses règles, ses principes et ses valeurs. Il se trouve pourtant des responsables politiques dont l’indignation d’hier, quand il s’agissait de l’ancien régime, est devenue approbation, voire apologie des gabegies des gouvernants d’aujourd’hui. À force de reniements, le parti s’est assis sur la République et en a fait un matelas de billets de banque pour mercenaires politiques et autres prédateurs d’hier repentis et réfugiés dans les prairies marron-beige.
Caisse noire, fonds secrets, Caisse d’avance, il est indéniable que le président de la République, et candidat à sa propre succession, use et abuse de deniers publics qu’une assemblée aux ordres lui vote généreusement à chaque session budgétaire. Au dépend d’urgences vitales dans d’autres secteurs du pays. Hors contrôle, ces fonds, légaux, sont loin d’être légitimes, justes, dans un pays où des populations de plus de sept régions sont au bord de la famine. Où des quartiers entiers de la capitale vivent le calvaire du manque d’eau depuis des mois, même si une certaine amélioration est notée depuis la fin de la semaine dernière.
Il y a une hypocrisie flagrante à faire croire que les futurs candidats à la prochaine présidentielle partent égaux ! Les Gakou ? Sonko, Khalifa, Idy, Baldé, Samuel et autres futurs candidats ne sont sur le même pied d’égalité, avec le président sortant devant la compétition électorale prochaine. La République en a décidé autrement ; d’être injuste en favorisant en toute légalité, l’argent, d’où qu’il vienne. Qu’il soit sale ou licite. On a accepté que le candidat président, soit plus mieux nanti que les autres. Il est président. Il peut donc user et abuser des moyens de l’Etat pour sa logistique électorale personnelle. Non seulement lui, mais aussi ses cadres et autres Dg, voire l’administration, tous abusent de leur position en utilisant les moyens de l’État pour leur campagne. Aucun corps de contrôle n’ira voir la légalité de ces dépenses faramineuses avant même la campagne électorale. Y a-t-il un plafond pour les dépenses électorales ?
La « République abîmée » par ceux-là mêmes qui sont en charge de son intégrité : les gouvernants du moment et ses différents coursiers, courtiers et autres parasites.
L’hivernage est tardif et risque de donner lieu à une catastrophe alimentaire annoncée, certaine, mais on s’en tape. Objectif réélection ! Au premier tour, rêvent-ils. Pour cela, au mépris des affamés du nord, du sud-est, et du centre du pays, on distribue au vu et au su de tous, des liasses de billets de banque aux grilles du palais. Certains poussent même l’indécence jusqu'à se battre dans la salle des banquets ou sur le gazon du palais. Pour le partage du butin présidentiel. Comme de vulgaires bandits de grands chemins au moment du partage du butin volé ! Comme disait un vieux opposant à son dauphin confident, qui venait d’arriver fraîchement à la magistrature suprême.
Mais ce qui est remarquable dans tout cela, c’est le consensus et « l’omerta » de la classe politique sur ces dérives et manquements. Comme si, on envisage demain, de perpétuer ces sales pratiques qui, comme un cancer pernicieux, dévore de l’intérieur, la République, ses principes et ses valeurs.
Sommes-nous condamnés à souffrir de ces maladies congénitales propres aux Républiques bannières ? Du fait de politiciens versatiles et prédateurs quand l’occasion se présente. D’une justice qu’on souhaiterait plus juste ; une police plus républicaine et moins « gâchette facile » ; une gestion plus juste des rares ressources dont dispose le pays, et une utilisation plus judicieuse de l’aide et prêts de « partenaires au développement »... Qu’on paiera (ou nos enfants) au prix fort ! Toutes choses qui ne sont pas hors de notre portée. Une sorte de programme minimum de vie en société, à défaut d’être un programme électoral exhaustif.
En cette veille de Tabaski, comme pour les moutons, il y a aussi un marché électoral à la veille de la présidentielle de février 2019 ! La seule différence, c’est que les « moutons électoraux » ont ce que ne peuvent avoir les agneaux du sacrifice : ils peuvent refuser d’être sacrifiés sur l’autel du pouvoir et choisir de donner de méchants coups de corne dans les urnes. En choisissant son candidat après avoir mangé le « ngooñ » de l’usurpateur.