L'HISTOIRE QUI ÉCLABOUSSE L'ADMINISTRATRICE D'UNE PAGE FACEBOOK
Fatou Kiné Dieng, du nom de cette infirmière qui a réussi une escroquerie de haut vol à travers un personnage fictif souffrant du Sida créé de toutes pièces sur les réseaux sociaux, est toujours en garde à vue au commissariat de police de Yeumbeul
Dans ses premières déclarations, Sokhna Kiné Saliou, autre nom qu’elle utilise, qui a reconnu les faits de bout en bout, mouille un individu qu’elle dit être le principal instigateur de cette arnaque. L’administratrice du groupe «Femme Chic» a été également entendue hier, par les enquêteurs, pendant que des victimes, encore sous le choc, hésitent à franchir le seuil de la police de Yeumbeul.
Profil : Le corps frêle, de teint clair, Fatou Kiné Dieng qui se fait également appeler Sokhna Kiné Saliou Dieng était hier, la principale attraction à la police de Yeumbeul. N’étant certes plus libre de ses mouvements, parce que gardée à vue dans la chambre de sûreté réservée aux dames, elle a néanmoins, eu de nombreuses visites. De la chambre de sûreté, elle agite souvent la main, pour répondre aux saluts de ses collègues, certaines étant juste venues constater de visu son arrestation. En effet, à l’annonce de son arrestation, beaucoup de gens dans la banlieue se sont interrogés sur la double vie qu’elle a toujours menée à l’insu de ses proches. Infirmière irréprochable, connue pour ses actes de bienfaisance, elle muait en arnaqueuse professionnelle le soir, dans le secret de sa chambre, face à son ordinateur. Lâchée par sa bonne étoile, elle a atterri dans les filets de la police de Yeumbeul. Devant les enquêteurs, elle a tenté de se décharger sur un individu qu’elle dit être l’instigateur de cette escroquerie de haut vol. Fatou Kiné Dieng a soutenu avoir été involontairement entraînée dans cette affaire par un individu, lequel aurait tout planifié, avant de l’inviter à y jouer le rôle principal. Puis, confesse-t-elle, les choses se sont emballées, prenant une tournure qu’elle n’avait pas prévue. Une version qui ne convainc guère les hommes du commissaire Ibrahima Diouf. Fatou Kiné Dieng n’ayant été capable de donner ni l’identité de cet homme, ni son adresse, encore moins son contact téléphonique. Le protégerait-elle, de peur de représailles ? Questions à mille balles !
Auditions : En plus de l’une des administratrices du groupe d’amis sur Facebook «Femme Chic», venue répondre à la convocation des enquêteurs, d’autres victimes de Fatou Kiné Dieng ont été également entendues. Elles ont été retrouvées, grâce aux contacts jalousement gardés par Fatou Kiné dans son portable. A travers ces séries d’auditions, les policiers de Yeumbeul visent à démanteler ou remonter une éventuelle chaîne de complicité qui aurait facilité l’arnaque de haut vol commise par l’infirmière. Il faut également relever que des victimes déjà identifiées hésitent toujours à franchir le seuil du commissariat de police de Yeumbeul pour témoigner. Certaines, des donatrices très connues au Sénégal, ne voudraient pas donner l’image d’une personne pouvant être bernée et roulée dans la farine, si facilement. Leur notoriété, eu égard à leur statut social, en prendrait un sacré coup. La plupart se sont limitées aux pleurs, tel que rapporté aux enquêteurs.
L’histoire : Elle a pris fin avant-hier, jeudi 30 août, lorsque l’infirmière, Fatou Kiné Dieng, qui s’est fait passer, pendant trois ans, pour une Sénégalaise vivant en France et souffrant du Sida, a été démasquée et arrêtée par la police de Yeumbeul. Elle avait réussi, trois ans durant, à déclencher un élan de solidarité autour d’un personnage fictif du nom de Sokhna Diarra Niang et empocher ainsi plusieurs millions de francs, sans compter les cadeaux que des personnes, émues par sa situation, n’ont cessé de lui envoyer (Voir L’Obs d’hier vendredi 31 août 2018).