ALMENA LOMAX, PIONNIERE DU JOURNALISME AFROAMERICAIN
À la une du Los Angeles Tribune, le journal qu’elle fonda en 1941, avec seulement 100 dollars de l’époque, elle proclamait: « La meilleure protection que peuvent offrir les journaux contre la distorsion, l’exagération et la rumeur, c’est la publication fr
Almena Lomax était une journaliste pour la cause, de celles dont la personnalité était plus forte que les histoires qu’elle relatait. Morte à 95 ans le 25 mars dernier à Pasadena en Californie, elle avait fondé durant la période de la ségrégation un journal qui se définissait fièrement comme noir. Lomax occupait une tribune incommode pour une société qui vivait encore avec des éléments racistes, surtout dans le sud. Avec les années, la journaliste laissa la place à la militante de la liberté qui ne cessa de faire face à la répression contre sa race.
À la une du Los Angeles Tribune, le journal qu’elle fonda en 1941, avec seulement 100 dollars de l’époque, elle proclamait: « La meilleure protection que peuvent offrir les journaux contre la distorsion, l’exagération et la rumeur, c’est la publication franche et dépassionnée des faits. La Vérité dignifie toujours; la rumeur ne le fait jamais ». Cette vérité, selon elle à cette époque, était l’exploitation raciste des noirs par l’Amérique Blanche.
Le journal allait atteindre un tirage de 25.000 exemplaires. Elle écrivait normalement toutes les 24 pages de son contenu, à l’exclusion de la section des sports. Maîtresse de l’ironie, en 1946, elle remporta le prix du journalisme afro-américain Wendell L. Willkie pour une colonne dans laquelle elle ridiculisait le mythe de la puissance sexuelle des amants afroaméricains. Dix ans plus tard, elle voyagea dans l’Alabama pour couvrir le boycott des autobus à Montgomery distincts. Elle y interviewa le leader des droits civiques Martin Luther King.
En 1960, le Los Angeles Tribune ferma. Dans une lettre de l’éditeur, elle expliqua qu’elle ne pouvait continuer à payer les impôts que le gouvernement lui exigeait. Elle fit ses valises et déménagea avec ses six enfants dans le sud, à Alabama. L’année précédente, elle avait divorcé de son mari. Dans de nombreux États du sud, existait toujours la ségrégation dans les écoles et dans les endroits publics. C’était quatre ans avant que Lyndon B.Johnson ne fasse adopter des lois protégeant les droits civils
Lomax voulait éduquer ses enfants de manière à ce qu’ils sachent comment les personnes de leurs races étaient traitées. Ils eurent très vite un exemple pratique. À une station d’autobus dans la ville de Big Spring au Texas, elle refusa de rentrer dans la salle à manger réservée aux noirs et emmena ses enfants dans celle des blancs. On ne lui servit pas à manger, mais elle repartit quand elle voulut et de son propre gré. Ainsi était Lomax, bien plus qu’une journaliste, protagoniste de nouvelles, par son militantisme. Lorsqu’en 1971 elle retourna à Los Angeles et demanda un travail pour lequel elle reçut une réponse négative dans le Times local, elle porta plainte contre le journal pour discrimination raciale.
En se souvenant de sone pénible voyage dans le sud de la ségrégation, la journaliste écrivit: « Les Noirs qui sont ou peuvent être des leaders, qui sont motivés pour améliorer le monde en faveur de l’humanité, doivent entrer dans la bouche du loup de Jim Crow [un personnage fictif représentant la ségrégation aux États-Unis] et le connaitre dans sa réalité brutale et inhumaine « .
Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga