BARTH RÉVÈLE «UNE VASTE OPÉRATION DE FRAUDE»
Le maire de Mermoz-Sacré Cœur estime que la prestation de serment prévue le 2 avril prochain ne s’appuie sur aucune crédibilité républicaine et aucune légalité électorale.

Le maire de Mermoz-Sacré Cœur a révélé, samedi dernier, de nombreuses irrégularités dans le fichier électoral qui, à l’en croire, ont émaillé le scrutin présidentiel du 24 février dernier. Ainsi, Barthélémy Dias a soulevé de nombreux de cas de tripatouillages de l’état civil. Il annonce une plainte contre le ministère de l’intérieur, la Direction de l’Automatisation des fichiers (DAF) et la Direction Générale des Elections (DGE) qu’il accuse d’être les complices du Président Macky Sall dans sa vaste opération de fraude électorale.
Alors que la mouvance présidentielle n’a pas fini d’exulter et de savourer sa large victoire au premier tour de la présidentielle, Barthélémy Dias sort du bois pour gâcher la fête. Le maire de Mermoz-Sacré-Cœur a organisé, samedi dernier, une conférence de presse au cours de laquelle il a dénoncé «une vaste opération de fraude électorale». Il estime que la prestation de serment prévue le 2 avril prochain ne s’appuie sur aucune crédibilité républicaine et aucune légalité électorale. Muni de documents d’état civil, il a essayé de démontrer par séquence comment plus de 1 100 000 personnes ont été intégrées dans le fichier électoral. Ce qui a permis, dit-il, au candidat de Benno Bokk Yakaar (BBY) avec la complicité de plusieurs autorités administratives et judiciaires de faire ce forcing pour passer au premier tour. «Macky Sall a modifié les règles du jeu électoral. Ce qui lui a permis d’être élu sans contestation, président de la République. Donc, il est responsable de ce qui est incontestablement un coup d’Etat institutionnel et électoral avec la complicité évidente du Conseil constitutionnel, de la Cour suprême, de la Direction de l’Automatisation des fichiers (DAF), de la Direction générale des élections (DGE), de la CENA et bien entendu de quelques autorités administratives indépendantes comme le CNRA», a-t-il soutenu. Le maire pro Khalifa de Mermoz-Sacré-Cœur pointe également du doigt les manœuvres de la justice qui ont permis de violer les principes et droits fondamentaux et les conventions internationales pour éliminer de potentiels adversaires de Macky Sall rien que pour sa réélection.
IRREGULARITES SOULEVEES
Selon Dias-fils, il a été constaté, durant le processus, des irrégularités de sept ordres. Il s’agit, entre autres, de cartes établies sur la base de pièces d’état civil inexistantes ; de la fabrication des numéros de cartes d’électeur antérieurs à la création du centre d’état civil ; des numéros d’acte d’état civil dépassant le numéro de clôture du registre ; des codes inexistants dans le répertoire de codification; de l’inscription massive d’électeurs par audience foraine, de l’attribution des doublons sur le fichier électoral en mode bis-repetita et des électeurs dont lieu de naissance est Sénégal ; des codes inexistants dans le répertoire de codification. «Notre audit a permis de déceler plus de 106 codes d’état civil inexistants dans le document du ministère de l’Intérieur», révèle t-il. Sur ce point il affirme, sa main sur la bible, que le Président Macky Sall en complicité avec les services du ministère de l’Intérieur s’est permis de mettre 14 319 électeurs sur le fichier lié au code 699. « Je mets au défi quiconque de me dire à quelle collectivité locale est attaché ce code. Il n’existe pas. Personne n’a un acte d’état civil en bonne et due forme avec le code 699 sur tout le territoire national. Et c’est valable pour les codes 713 et 413, etc. Au total, c’est plus de 106 codes d’état civil qui ont été ajoutés frauduleusement. Ainsi, on a mis sur le fichier plus de 180.000 électeurs qui n’existent pas. Ce sont des personnes virtuelles qu’on a transformées en personne réelle», a martelé Barthélémy Dias. Autre élément qui, à en croire Barthélémy Dias, prouve qu’il y a eu fraude massive, ce sont les audiences foraines organisées sans aucune forme de communication. «Ces audiences foraines ont contribué à gonfler l’électorat dans certaines zones notamment au Fouta», déclare-til.
Prenant le cas de la commune de Boke Dialoubé (fief de l’ancien ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, dans le département de Podor), il affirme qu’en 5 ans, 2921 personnes ont eu des pièces d’état civil dans les audiences foraines. Pour lui, le tribunal ne peut pas traiter autant de cas en 5 ans. «Ce n’est pas possible en milieu urbain à plus forte raison en milieu rural», ajoute-t-il. Barthélémy Dias a également soulevé le cas de l’attribution de doublons sur le fichier électoral en mode bis-repetita. Pour lui, la DAF s’est donnée la prérogative de créer des doublons dans le fichier électoral par rapport à l’état civil en ajoutant le chiffre 2 à la fin du numéro de NIN si deux personnes détiennent le même acte d’état civil. Ces électeurs à 14 chiffres de NIN sont au nombre de 155.248 dans le fichier électoral. Comme par enchantement, souligne-t-il, un cas a été trouvé à Agnam. Avec ironie, il en déduit que si Macky Sall a pu gagner avec 100% des voix à Agnam, c’est parce que là-bas même les moutons et les poulets ont voté. Il a également fait état des cas d’électeurs dont le lieu de naissance est Sénégal. «Et c’est par des centaines de milliers qu’ils ont fait cela», souligne Barthélémy Dias.