MAXIME JEAN SIMON NDIAYE AU GOLGOTHA
Quand on sait que le remplaçant de Seydou Guèye était le très puissant et redouté secrétaire général de la présidence, on ne peut manquer de se poser des questions relatives à l’apparente — pour ne pas dire réelle — disgrâce du jadis homme fort du palais
Dans le brouhaha de l’accouchement dans la douleur du gouvernement Dionne III, une nomination n’a pas été suffisamment auscultée : celle de Maxime Jean Simon Ndiaye au poste de secrétaire général du gouvernement. Quand on sait que le remplaçant du ministre Seydou Guèye était jusqu’au weekend dernier, le très puissant et redouté secrétaire général de la présidence de la République, on ne peut en effet manquer de se poser des questions relatives à l’apparente — pour ne pas dire réelle — disgrâce du jadis homme fort du palais présidentiel. En tant que SGPR, en effet, il était doté de nombreux et importants pouvoirs. En étant rétrogradé au rang de « vulgaire » Seydou Guèye, il perd, du moins sur le papier, beaucoup de ces dits pouvoirs ! Que s’est-il donc passé pour que l’homme présenté comme figurant parmi les rares à pouvoir chuchoter dans l’oreille du Président — lequel lui faisait entière confiance — ait été prié de céder sa place à l’encore Premier ministre pour un temps non encore déterminé mais pas très éloigné ? Là réside probablement le plus grand mystère du nouveau gouvernement !
Certes, la rumeur avait couru depuis des mois que le Président souhaitait sortir du Palais, quelques forces d’inertie parmi lesquelles le fidèle et loyal — du moins, le disait-on — secrétaire général de son institution. Pour cause, disent les mauvaises langues, derrière son apparence de saint à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession, se cacherait un intrigant, un sournois et un manœuvrier qui tisserait sa toile, ferait et briserait les carrières sans avoir l’air d’y toucher. Pardonne-leur seigneur, ils ne savent ce qu’ils disent !
Présenté comme une tombe, muet comme une carpe, rasant les murs, homme de l’ombre et, en tant que tel, abhorrant les feux de la rampe, fuyant comme la peste la presse, Maxime Jean simon ndiaye avait — a ? — tout pout plaire au président de la république. Lequel préfère accorder sa confiance aux hommes discrets, ternes diraient certains, en tout cas qui ne montrent guère d’ambitions (ce qui ne veut pas dire qu’ils n’en ont pas !). or, Maxime est l’archétype de ces personnages désincarnés. célibataire, fuyant les mondanités, austère, catholique pratiquant, il rassure à tous points de vues le président Macky Sall qu’il accompagne depuis le temps où celui-ci était ministre de l’intérieur. c’est Place Washington, en effet, que le jeune ministre né Pulaar dans une ville sérère, Fatick, a fait la connaissance de ce jeune administrateur civil sérère. Leurs chemins ne se sont plus séparés depuis lors. Il a emmené avec lui MJSN à la Primature où ce dernier était, avec Cheikh Awa Balla Fall, l’actuel directeur de l’ecole nationale d’administration (Ena), les deux « administratifs » maison.
Au lendemain de l’élection présidentielle de 2007, devenu président de l’Assemblée nationale, Macky sall a migré vers la Place soweto avec son cabinet où l’on trouvait Maxime Jean Simon Ndiaye. Et lorsqu’il a été débarqué du perchoir et a entamé sa traversée du désert, l’administrateur civil est retourné à son corps d’origine, au ministère de l’Intérieur où il a été placardisé. Il a repris du service à l’élection de son mentor à la magistrature suprême et a gravi les échelons jusqu’à devenir secrétaire général de la présidence de la république. Tous les dossiers sensibles de l’institution transitent par son bureau, parfois à l’insu du directeur de cabinet qui est pourtant son patron. Du moins sur le papier. Patron du cabinet présidentiel, le dircab a en effet sous sa coupe le secrétaire général auquel (voir encadré), il peut déléguer ses pouvoirs. Dans la pratique, Macky sall court-circuite souvent ses dircab pour confier des dossiers importants au fidèle et dévoué Maxime. Lequel gère par exemple le fonds social d’un montant de deux milliards de francs et ne rend compte de son utilisation qu’au Président lui-même.
Or voilà que tous ces pouvoirs importants, et par certains égards redoutables, Maxime Jean Simon Ndiaye va devoir les céder au Premier ministre Mahammad Boun Abdallah dionne qui hérite non seulement de ses fonctions de secrétaire général de la présidence de la république mais aussi avec le titre de ministre d’Etat ! Ce au moment où, lui, doit se contenter des attributions qui ont été jusque-là celles de Seydou Guèye qui avait remplacé à ce poste Abdou Latif Coulibaly.
Certes, comparaison n’est pas raison puisque ces deux derniers avaient pour interlocuteur direct — et patron — le Premier ministre tandis que le ministre Maxime Jean Simon Ndiaye, lui, demeure dans le giron du président de la république... qui va être chef du gouvernement après la suppression de la Primature. En attendant, c’est bien à l’encore Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne qu’il va devoir rendre compte et non plus, en toute orthodoxie administrative, au président de la république lui-même. Pour trouver un lot de consolation à son « Baye Fall » de Premier ministre, le président Macky sall a-t-il demandé à son moine-soldat Maxime Jean-Simon Ndiaye de se sacrifier et lui céder docilement sa place ? Nul ne sait. Cela dit, il convient de ne pas enterrer très vite ce fidèle catholique à propos duquel une mauvaise langue du Palais dit qu’il est « plus militant de l’eglise que de l’APR ! ». En effet, c’est bientôt Pâques et il n’est pas exclu que, poussé sur le Golgotha, cette colline de Palestine où Jésus fut sacrifié, lui aussi soit touché par le miracle de la résurrection ! Auquel cas, ses amis pourront chanter « hossana », « hossana »...