SEYDI GASSAMA «INCRIMINE» ALY NGOUILLE NDIAYE
Alors que les interdictions de manifestations de l’opposition continuent, le directeur d'Amnesty International section Sénégal monte au créneau pour décharger le préfect souvent incriminée par l’opinion et s’attaquer vertement au ministre de l’Intérieur
La Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (Coseddh) a organisé hier, vendredi 5 juillet, un séminaire de formation au profit des responsables de ses organisations axé sur «Protection des défenseurs des droits humains : Sécurité en ligne, réseaux et données». S’exprimant en marge de la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, Seydi Gassama qui répondait à une interpellation sur les interdictions de manifestations publiques a révélé que le préfet a bon dos mais c’est plutôt le ministre de l’Intérieur qui interdit les manifestations pour empêcher que les citoyens sortent massivement manifester et que cela soit répercuté par les chaines de télévisions à travers le monde.
Alors que les interdictions de manifestations de l’opposition continuent de polluer le débat, le directeur d'Amnesty International section Sénégal monte au créneau pour décharger l’autorité préfectorale souvent incriminée par l’opinion et s’attaquer vertement au ministre de l’Intérieur. S’exprimant hier, vendredi 5 juillet, en marge de la cérémonie d’ouverture d’un atelier de formation organisé par la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (Coseddh) au profit des responsables d’organisations membres sur «Protection des défenseurs des droits humains : Sécurité en ligne, réseaux et données», Seydi Gassama par ailleurs président de ladite coalition a formellement accusé le ministre Aly Ngouille Ndiaye d’être derrière ces interdictions de manifestations. Répondant à une interpellation des journalistes sur cette question, Seydi Gassama a commencé par préciser que «les interdictions de manifestations sont la première cause de trouble à l’ordre public». Poursuivant son propos, il a ainsi invité les Sénégalais à savoir que ce n’est pas le préfet qui décide de ces interdictions de manifestations mais plutôt le ministre de l’Intérieur. «Le préfet, il a bon dos, on le critique, tout le monde tire sur lui mais c’est le ministre de l’Intérieur qui interdit», a-t-il déclaré.
Avant d’insister : «Il faut que les Sénégalais le sachent, ce n’est pas le préfet qui interdit les manifestations mais le ministre de l’Intérieur. Ce sont les services de police et de gendarmerie qui font des rapports destinés au préfet et dans lesquels ils lui disent d’interdire». Sur les motivations de ces interdictions qu’il juge «arbitraires», le défenseur des droits de l’homme d’ajouter que «c’est pour empêcher que les citoyens sortent massivement manifester et que cela soit répercuté par les chaines de télévisions à travers le monde». «C’est uniquement cela, en aucune manière l’ordre public n’est mis en danger et je crois que les citoyens sénégalais le démontrent à chaque fois qu’ils sont autorisés à manifester. Ils le font pacifiquement et rentrent chez eux tranquillement et il n’y a aucune casse», a-t-il fait remarquer encore.
Poursuivant son propos, Seydi Gassama a cependant tenu à mettre en garde le ministre de l’Intérieur ainsi que le président de la République, quant à leur «obligation de respecter et de faire les droits qui sont dans la Constitution et les traités que le Sénégal a ratifiés». Pour cause, s’empresse-t-il de préciser, «les citoyens n’accepteront pas que leurs droits soient piétinés tous les jours simplement parce qu’on ne veut pas que les télévisions du monde montrent des images des Sénégalais manifester massivement contre le pouvoir en place».
SEYDI GASSAMA SUR L’AFFAIRE DU COLONEL ABDOURAHIM KEBE : «Dès l’instant qu’une personne quitte l’armée, on ne devrait plus lui imposer des restrictions
Interpellé par ailleurs sur l’affaire du colonel Kébé, convoqué à nouveau par la gendarmerie hier, vendredi, et qui parle de «campagne de diabolisation» orchestrée contre sa personne du fait de son engagement politique du côté de l’opposition, Seydi Gassama n’est pas allé par quatre chemins. Martelant qu’on ne devrait plus empêcher à une personne de faire de la politique dès l’instant qu’elle n’est plus sous les drapeaux, le président de la Coalition sénégalaise des défenseurs de droits humains (Coseddh) invite le Sénégal à s’inspirer du cas des pays comme les Etats-Unis d’Amérique où des généraux de l’armée américaine se retrouvaient quelques temps après leur vie active Président. Poursuivant son propos, Seydi Gassama reconnaissant qu’«un militaire en activité ne doit pas faire de la politique» a insisté sur le fait qu’on ne devrait plus imposer des restrictions à une personne dès l’instant qu’elle quitte l’armée pour la vie civile. «Que ce soit le colonel Kébé ou encore le capitaine Dièye ou les autres, dès l’instant qu’ils ne sont plus sous le drapeau, ils ont le droit de faire de la politique. Toutes les lois qui ont tendance à restreindre leur liberté d’exercer leur droit civique et politique doivent être abrogées immédiatement. On ne doit plus également contraindre des gens à rester dans l’armée. C’est un contrat qu’ils ont voulu avec l’armée et si vous ne voulez plus y rester, on devrait vous laisser quitter pour mener votre vie ailleurs, y compris dans la politique», a-t-il suggéré.
La société civile, à l’école de l’Internet
Auparavant, s’exprimant sur ce séminaire de formation organisé par la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains au profit des responsables de ses organisations membres, Seydi Gassama a indiqué qu’elle vise à mettre à niveau les défenseurs des droits humains sur les avantages et les inconvénients de l’outil internet. «Nous sommes aujourd’hui dans un contexte marqué de plus en plus par des mesures de censure de l’internet par des autorités, notamment en des périodes électorales dans certains pays en Afrique. L’objectif visé par ces mesures est d’empêcher toute communication sur la situation des droits humains, les arrestations, la répression des manifestants. Il faut donc que les défenseurs des droits humains soient aujourd’hui en mesure de contourner ces actes de censure de l’Etat animé par une volonté de faire taire les contestations, les revendications des populations», a-t-il informé tout en insistant également sur la nécessité pour les défenseurs des droits de l’homme de se protéger des attaques sur internet. «Il faut également que les défenseurs soient formés pour se protéger cet outil de communication par rapport aux intrusions que les Etats peuvent être amenés à faire et qui peuvent non seulement les mettre en danger mais aussi les personnes pour lesquelles, ils travaillent notamment celles qu’ils défendent, celles qui les donnent des informations et qui le plus souvent ne sont pas ou moins connues et contre lesquelles la répression peut être exercée très facilement».