LE PDS PEINE À SE MODERNISER
Il faut l'admettre, le parti traverse une profonde crise d'organisation et d'orientation. Sa direction politique est inadaptée et son management désuet. Sa refondation devient alors un impératif
«Rien n’excite autant le sentiment du devoir que l’impossibilité de s’y soustraire». Tristan Bernard
Le 31 juillet 1974, Me Abdoulaye Wade, Fara Ndiaye, Boubacar Seye, Alioune Badara Niang, Amadou Mactar Baïla Wane, Famara Mané, Alassane Cissokho, et les frères Cissé: Ibrahima Khalil, Mamadou Lamine, Mamadou Saliou, portaient sur les fonts baptismaux le Parti Démocratique Sénégalais. Aucun de ces activistes qui tournent autour du Secrétaire général national, ne connait leur histoire.
Ce 31 juillet 2019, à 45 ans révolus après 7 ans de traversée du désert, ce grand parti est toujours débout en dépit des vicissitudes du moment et des coups de boutoir du régime en place. C'est l'occasion de souhaiter une longue vie et une santé de fer aux pères fondateurs dont certains sont encore vie. Rendons leur hommage. Le plus illustre d'entre eux, Me Abdoulaye Wade, demeure ma référence politique et celle de ceux de la génération de mes cadets qui ont rejoint le groupe un peu plus tard.
Néanmoins, il faut s'en convaincre, notre parti traverse une crise de renaissance sans précédent. Désorganisé et piétiné, il est dans une léthargie artificiellement entretenue pour une cause qui n'est pas nôtre.. Pour des raisons non encore publiquement assumées, le parti peine à se moderniser.
L'appel au boycott suite à l'échec de toutes nos initiatives pour assurer une participation à la dernière élection présidentielle à notre ex candidat, a fini de le plonger dans une crise sans précédent. Au lieu de réfléchir sans complaisance sur les causes d'une situation aussi dramatique et poser le débat du bilan de ces errements pour en situer les responsabilités, on pourfend, calomnie, diabolise et exclut à la moindre occasion, tout porteur d'idées novatrices et les adeptes de l'immobilisme tentent d'installer prématurément la problématique d'une candidature à la présidentielle de 2024.
Il y'a mieux à faire si nous voulons soulager et honorer Maître Abdoulaye Wade, entretenir son oeuvre et pérenniser son legs, qui transcendent les considérations de patronyme.
Ne sont pas nombreux, ceux parmi nous qui reconnaîtraient Louis Paul Jaures, Mao Anying ou Manilal Gandhi. Pourtant, ils portent le nom de célèbres hommes historiques comme Maître Abdoulaye Wade.
Le Wadisme, comme toutes les idéologies qui ont cherché à expliquer le réel et à proposer des moyens de transformation des rapports sociaux, est d'abord un humanisme. Il est centriste, trans-courant et essaime au au-delà du Pds. C'est un bien commun à l'humanité. Son rayonnement dépasse les frontières étriquées du Sénégal, à plus forte raison les carcans d'un parti qui se cherche. Ses gardiens doivent se tenir débout pour le défendre.
Aujourd'hui, il faut l'admettre, le Pds traverse une profonde crise d'organisation et d'orientation. Sa direction politique est inadaptée et son management désuet. Sa refondation devient alors un impératif.
Je pense honnêtement qu'il faut s'attaquer aux causes profondes du problème sans se lamenter, s'indigner, condamner ou détester à tort. Cela risque de nous éloigner de l'essentiel: accepter le débat, faire des compromis et rassembler toutes les énergies, qu'elles soient d'époque ou nouvelles..
En vérité, nous cheminons en rangs dispersés au sein d'un parti en eaux troubles, faisant semblant de nous aimer comme des frères. Or, bien fort longtemps, les valeurs inscrites sur le fronton de nos armoiries s'estompent à l'épreuve du temps et des incompréhensions.
Le Parti Démocratique Sénégalais doit et peut réussir sa nécessaire mutation. Il suffit de restaurer les valeurs qui sont les siennes en les adaptant aux nouveaux paradigmes. Pour conjurer les menaces qui s'amoncellent sur son avenir. Il suffit de déjouer les pièges de la division et avec rigueur, entamer le processus de sa réorganisation. Les problématiques du nouveau millénaire nous y astreignent. J'estime qu'une alternative est à notre portée.
Certes, c'est un défi titanesque et une exigence de survie. Éviter la dislocation du Pds après Me Wade, ce qui n'est pas une fatalité, est dans l'ordre du possible. Mais il faut que l'esprit militant et le patriotisme de parti reprennent le dessus sur les coteries et les lobbys. Alors participer à cette oeuvre de haute portée historique devient un devoir que je compte assumer si l'on me fait confiance. Fanon disait: "il n'y a pas de destin forclos; il n'y a que des responsabilités désertées". J'entends assumer les miennes avec tous ceux qui, légitimement, sont porteurs d'un légitime héritage.
Au demeurant, il ne serait pas pertinent d'y aller contraint ou avec des réserves. C'est pourquoi, il est temps que chaque militant reprenne sa liberté de pensée, de parole et d'action.
Car en politique, quand il y'a désaccord, l'éthique voudrait qu'il soit assumé. Et publiquement. C'est une exigence d'honnêteté vis-à-vis des autres mais surtout vis-à-vis de soi-même.
Joyeux anniversaire à Me Wade. Bonne fête à mes chers frères et soeurs libéraux
Babacar Gaye est membre du Comité Directeur , Secrétaire national à l'Orientation aux Stratégies et des réformes du Pds