MA LECTURE DU DÉBAT ENTRE BORIS ET BACHIR
Il y a chez Bachir, une volonté d'inviter la communauté intellectuelle à s'interroger sur le prestige de Cheikh Anta - Il s'est engagé à vivifier la mémoire de Senghor, pour lequel combattre était un point doctrinal, qu'il assume cette continuité
Les propos ci-dessous, sont une réaction au texte LE PHILOSOPHE BACHIR ET L’ANTI-ALCHIMISTE BORIS de Hady Ba, à propos du débat qui oppose Boubacar Boris Diop à Souleymane Bachir Diagne.
Merci Hady Ba de votre riche contribution à ce débat, qui, faut le dire, oppose deux penseurs mais également deux doctrines qui semblent antagonistes.
Mon principal étonnement c'est de constater à la lecture des deux textes de Bachir (l'article et le droit de réponse) à quel point son argumentation s'apparente à celle de l’embarrassant philosophe français : Voltaire. A mon avis, il n'y a pas a proprement parler de contre-vérités dans les propos de Bachir, sauf peut-être quand il argue à la fin que c'est un hommage. Il n'y a pas de contre-vérité, mais il y a un usage spécifique de la vérité qui permet à l'auteur de parler de ce dont il n'est pas du tout le propos. En d'autres termes, il y a du sophisme. Il y a une volonté manifeste d'inviter la communauté intellectuelle à s'interroger sur le prestige de Cheikh Anta Diop. Le fond du problème, il me semble, est de dire à la communauté intellectuelle "arrêter de faire de Diop un homme d'exception, sa notoriété ne peut tenir que d'un usage inadéquat des mots tels que : laboratoire, Doctorat, la traduction, etc.
Cependant il y a un point sur lequel nous pouvons être d'accord avec Bachir, bien que ce point ne joue pas sa faveur dans cette problématique qui l'oppose à Boris Diop. Lorsqu'il affirme qu'une théorie abstraite doit être traduite selon le métalangage qui le déroule ; il a parfaitement raison. Seulement, ce travail de traduction qu'opéra Cheikh Anta répondait à la question de savoir si les langues africaines pouvaient véhiculer, en elle-même, un discours abstrait ou poétique. En revanche, le point de pêche de Bachir, en prenant position de montrer la banalité de ce travail, il ne s'inscrit pas dans la continuité de cette révolution scientifique que le dit Alchimiste a opéré. Pour Cheikh Anta, la question n'était pas de traduire la relativité mais de montrer que cette théorie redoutable en abstraction peut-être enseignée en wolof et dans d'autres langues du continent.
D'autre part, l'apparition du mot religion à deux reprises dans sa réponse, que vous n'avez pas relevé, n'est absolument pas anodine. En cela apparaît, une facile tentative de classer Boris Diop du côté des fanatiques : malheureux titre que les européens collent aux disciples de Cheikh Anta.
Bachir s'est engagé à vivifier la mémoire de Senghor, pour lequel combattre était un point doctrinal, alors qu'il assume cette continuité.