LE COUP DE TOUBA !
Par l’entremise du Khalife général des mourides, Macky et Wade qui se regardaient en chiens de faïence depuis plus de sept ans, étaient tout sourire et main dans la main ce vendredi. Est-ce le début d’une décrispation ?
On parlait déjà d’un probable télescopage entre l’ancien chef d’Etat, Abdoulaye Wade et l’actuel président de la République, Macky Sall à l’occasion de l’inauguration de la grande mosquée Massalikul Jinaan. Les deux hommes se sont finalement rencontrés et ont prié ensemble. Ce, après plus de sept ans de brouille, d’attaque et contre-attaque voire d’animosité. Mais, par l’entremise du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, Macky Sall et Abdoulaye Wade ont échangé une poignée de mains. Mieux, les deux présidents ont pris ensemble la voiture présidentielle pour se rendre chez Me Abdoulaye Wade.
L’inauguration de la grande mosquée Massalikul Jinaan hier, vendredi 26 septembre restera gravée dans l’histoire du Sénégal. Religieusement mais aussi et surtout politiquement. Et pour cause, c’est la première fois, depuis le 2 avril 2012, que le président de la République Macky Sall rencontre son prédécesseur et ancien mentor Abdoulaye Wade. Des retrouvailles suivies d’une poignée de main entre les deux personnalités politiques ont été possibles grâce au Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké. On notera à cet effet que Serigne Mountakha Bassirou Mbacké a fait preuve de tac d’abord dans le discours en utilisant des termes républicains mais plutôt des termes familiaux en rappelant le lien devant exister entre le fils et le père plutôt qu’un ancien Chef d’Etat et son successeur. Mieux, il va ensuite les convoquer loin des yeux et des cameras, en aparté, pour certainement, lever certaines équivoques entre l’ancien président Abdoulaye Wade et l’actuel président Macky Sall. Au finish, le «père» et le «fils» vont ressortir visiblement heureux. Brandissant leurs deux mains en l’air et le sourire aux lèvres. Est-ce le début d’une décrispation ? Nous donnons notre langue au chat. Toutefois, d’après certaines sources dignes de foi, Macky Sall aurait fait montrer Abdoulaye Wade dans la limousine présentielle afin de le raccompagner chez dans sa nouvelle résidence sise au quartier Fann Résidence.
Enterrer un passé douloureux
Rappelons que les relations entre les deux hommes se sont considérablement dégradées quand Macky Sall alors président de l’Assemblée nationale a été accusé de vouloir «humilier» le fils d’Abdoulaye Wade, Karim Wade en le convoquant pour une audition sur les travaux de l’Agence nationale de la conférence islamique (Anoci). Certains faucons vont chauffer le Palais à blanc jusqu’à imaginer des tests en wolof contre Karim Wade devant les députés. Pourtant, c’était Mamadou Seck, alors président de la Commission des finances, qui était à l’origine de la convocation de celui qui était considéré comme le ministre de la terre, de la mer et du ciel. La suite est connue. Macky Sall sera contraint de quitter le Perchoir à cause de la loi Sada Ndiaye. La rupture étant définitivement consommée, il quitte le PDS, lance l’Alliance pour la République et part à l’assaut des suffrages des sénégalais lors de la Présidentielle de 2012. Elu président, Macky Sall va dépoussiérer la fameuse Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) tombée en désuétude. La machine se met en branle mais elle ne va brouiller que Karim Wade sur les 25 anciens responsables libéraux accusés d’avoir pompé des milliards du contribuable sénégalais. Wade fils sera condamné, puis gracié avant d’être exilé à Doha nuitamment. Mais avant d’arriver à cette grâce Me Abdoulaye Wade avait fini par perdre patience. On se souvient encore de sa sortie au vitriol traitant Macky Sall de tous les noms d’oiseaux. Ce dernier, face à la pression internationale, maraboutique et coutumière, reste zen. La grâce n’effaçant pas la condamnation, Karim Wade devant l’impossibilité de s’inscrire sur les listes électorales, ne sera finalement pas de la course pour la Présidentielle de février 2019. Mais depuis d’hier, vendredi 27 septembre, un nouveau vent de décrispation souffle dans les relations entre les Wade et Macky Sall. Reste à savoir s’il va déboucher sur l’amnistie de Karim Wade. La seule bataille que mène Abdoulaye Wade depuis des années maintenant.
Macky Sall : «Je demande à Wade de venir discuter avec moi de l’avenir du pays»
Un vent de décrispation souffle dans les relations entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, qui se regardaient en chiens de faïence depuis plus de sept ans. Ce, grâce au Khalife général, Sérigne Mountakha Mbacké, qui a réussi à réunir les hommes politiques hier, vendredi lors de l’inauguration de la mosquée Masalikun Jinaan. Visiblement heureux de ces retrouvailles, le président Macky Sall a indiqué le contentieux avec Abdoulaye Wade est derrière lui. Mieux, il a lancé un appel à son prédécesseur à venir l’accompagner pour mettre le Sénégal sur les rails de l’émergence. «Je lance un appel au Président afin qu’on puisse discuter sur l’avenir du pays», a déclaré le Chef de l’Etat devant la caméra de la télévision nationale. Revenant sur l’audience avec le Khalife général des mourides en présence de Me Wade. «Le Khalife nous a demandé d’aider le Sénégal. Moi, en tant que président de la République et Abdoulaye Wade en tant qu’ancien Chef d’Etat». A noter que le président Macky Sall a même déposé son prédécesseur chez lui, avant de l’inviter à taire les querelles et de travailler ensemble pour l’intérêt du pays.
Hadaratoul Jummah à Massalikoul Djinane
Après l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane, la communauté Tidiane y a effectué la hadratoul Jummah de ce vendredi, rendant doublement historique ce grand moment pour la communauté musulmane du Sénégal. Ils ont participé à l’inauguration de Massalikoul Jinane à leur manière. Plusieurs fidèles Tidianes n’ont pas manqué d’apporter une contribution à hauteur de l’évènement historique de l’inauguration de la plus grande mosquée de l’Afrique de l’ouest. Après la prière de de Tisbaar qui a eu lieu avec la participation de toutes les franges de la communauté musulmane, il y a eu l’accomplissement de la Hadaratoul Jummah. Ce zikr, récité tous les vendredis entre les prières de Takussan et de Timis en groupe de préférence, est une des chartes de la voie de la Tidianiya. C’est sous une très forte mobilisation qui ne s’est pas estompée depuis le début de la journée, qu’ils ont tenu leur Hadratoul Jummah à l’intérieur comme à l’extérieur de la grande salle de prière de Massalikoul Jinane, ce vendredi soir. Un fait assez rare. C’est pourquoi, quand ce refrain de la "Salatoul Fatihi" a retenti dans cette nouvelle maison de Dieu construite, sur fonds propres dans la capitale sénégalaise par la communauté mouride, ils étaient très nombreux sur place comme ailleurs, à ressentir beaucoup de frissons face à ce moment symbolique qui vient rassembler les Sénégalais de tous bords dans une période où les démons de la division n’ont pas manqué de tenter les uns et les autres.
Des fidèles prient à l’école Sainte-Thérèse
L’exception sénégalaise dans sa plus grande splendeur. Face à la grande mobilisation populaire aux alentours de Massalikul Djinane, ils étaient nombreux les fidèles à ne pas pouvoir accéder à la mosquée. Ceux qui étaient bloqués à hauteur de Grand Dakar ont dû prier à l’intérieur de l’école Sainte Thérèse de la Zone A, qui leur a été ouverte pour l’occasion.