"NOUS EN AVONS ASSEZ D'ÊTRE ENTOURÉS DE SYMBOLES QUI NOUS INSULTENT"
À Paris, Lille, La Réunion ou en Martinique, des collectifs militent pour le retrait de statues à la gloire de personnages historiques ayant participé ou soutenu le colonialisme
Une statue d'un négrier déboulonnée à Bristol au Royaume-Uni, celle de l'ancien roi des Belges Léopold II retirée à Anvers, en raison de son action coloniale... En plein mouvement Black Lives Matter aux États-Unis et en écho aux débats sur le racisme suscités par la mort de l'Américain George Floyd et du Français Adama Traoré, la place de certaines statues fait de nouveau débat en France. Certains militent pour leur retrait.
Parmi les œuvres pointées du doigt en France, il y a a statue à la gloire de Colbert devant l'Assemblée nationale à Paris. Le célèbre ministre de Louis XIV est l'auteur du "Code noir", qui légiférait l'esclavage dans les colonies françaises au 17e siècle. Cette statue n'a plus sa place devant le Palais-Bourbon, clame Ghyslain Védeux, le président du Cran, le Conseil représentatif des associations noires : "Colbert est un symbole de pillage, de crime, de déshumanisation. Il faut qu'il y ait un travail pédagogique qui soit réalisé en profondeur."
"L'Histoire, on doit l'assumer", rétorque l'historien Dimitri Casali dans une tribune. Retirer une statue n'est pas la solution, c'est au contraire "ouvrir la boîte de Pandore du révisionnisme historique”.
À Lille, c'est la statue du général Faidherbe qui fait débat. Faidherbe a protégé la ville lors de l'invasion prussienne, mais il est aussi et surtout connu pour avoir conquis puis colonisé le Sénégal au XIXe siècle. Un collectif, dont fait partie Nicolas Butor, se bat depuis deux ans pour retirer sa statue. "Faidherbe est avant tout un criminel colonisateur et raciste. Nulle part n'est mentionné, sur sa statue, ce passé colonialiste", argumente le militant antiraciste. Le "débat est légitime" avait répondu la maire de Lille il y a deux ans. Depuis la statue a été rénovée.