IL FAUT DES PAROLES, DES ACTES D’INVESTISSEMENTS ET FACILITER LES VOYAGES
La réponse sécuritaire à elle seule n’est pas suffisante pour lutter contre l’immigration irrégulière qui a repris ces dernières semaines, selon coordonnateur du Forum social sénégalais, Mignane Diouf
La réponse sécuritaire à elle seule n’est pas suffisante pour lutter contre l’immigration irrégulière qui a repris ces dernières semaines. Il faut bien d’autres actions comme la facilitation du voyage pour arrêter tous les jeunes tentés par le voyage. C’est du moins l’avis du coordonnateur du Forum social sénégalais, Mignane Diouf.
«A l’époque, quand on a lancé le Frontex, nous, en tant qu’acteurs de la société civile qui sommes dans le dialogue international sur l’Agenda de la migration et de la liberté de circulation, avions attiré l’attention de l’Union européenne (Ue) à Bruxelles pour dire que cette solution n’était pas la bonne. La solution de tout contrôle policier, réprimande n’est pas une solution durable quand on parle des mouvements de populations. Nous avions aussi notifié aux responsables de l’Ue à Bruxelles que les Etats européens risquent de dépenser beaucoup d’argent sans avoir les résultats attendus. Tout se passe aujourd’hui comme prévu.
La tournure des événements nous donne raison. Je ne peux pas estimer combien le Frontex dépense, mais imaginez-vous ce qu’il faut pour que des bateaux, des canons, des vedettes puissent faire la ronde en permanence dans l’océan Atlantique et la Méditerranée ; ce que cela demande comme carburant, comme logistique, comme moyens, prise en charge. Jusqu’en 2016, le budget journalier du Frontex, pour l’équipement et la rotation des bateaux, était à 1 milliard d’euros. Si on évalue ce qu’on a dépensé réellement au sein du Frontex et les résultats qu’on est en train de voir, on se rend compte que le contrôle, la fermeture et tout… n’est pas une bonne solution.
La solution se trouve ailleurs, mais l’option de l’Ue est de contrôler les départs et mobiliser les moyens matériels. Il faut des paroles, des actes d’investissements et faciliter les voyages à ceux qui veulent voyager, en leur attribuant des conditions avec des visas d’un an, 6 mois qui leur permettent de se mouvoir facilement. Mais, tant qu’on ferme les frontières et on veut imposer la Police pour contrôler les voyages des populations, on ne fera que dépenser beaucoup d’argent sans arriver à des résultats probants».