«8% DES CAS DE COVID-19 SONT DES ENFANTS»
Chef du service de pneumo-pédiatrie à l’hôpital d’enfants Albert Royer de Fann, Idrissa Demba Bâ explique le changement climatique et ses effets sur les enfants
Chef du service de pneumo-pédiatrie à l’hôpital d’enfants Albert Royer de Fann, le Pr Idrissa Demba Bâ explique le changement climatique et ses effets sur les enfants. Il se prononce également sur la deuxième vague de la Covid-19 dans ce contexte où les enfants sont retournés à l’école.
Dès que le climat change, les enfants ont souvent des problèmes respiratoires. Qu’est-ce qui explique cela?
Depuis fin octobre, on a remarqué un changement du climat avec l’avènement de la fraîcheur. Le changement de temps favorise la survenue de pathologies respiratoires, particulièrement tout ce qui est allergie respiratoire, asthme et infection respiratoire. Pendant cette période, nous recevons beaucoup d’enfants qui ont de l’asthme, des épisodes de bronchites et des cas de pneumonie. Cela est lié aux changements de climat. Il provoque une baisse rapide de la température et favorise la multiplication de certains virus. En plus, les voies respiratoires réagissent de façon importante surtout quand il y a une baisse ou une augmentation rapide de la température. Il y a aussi l’augmentation de l’humidité de l’air qui favorise la survenue de petites inflammations.
Que faut-il faire pour mettre les enfants à l’abri de ces pathologies ?
De manière générale, il y a des recommandations que nous formulons à l’endroit des parents. Il faut bien s’habiller et ne pas porter des habits légers, car il risque d’y avoir de petit courant d’air. Il faut éviter d’exposer les enfants à la fumée telle que l’encens et la cigarette. De façon globale, il faut éviter que les enfants jouent dehors pendant cette période, surtout s’il y a beaucoup de poussière ou de fraîcheur. Quand l’enfant est enrhumé, il faut faire le lavage des narines avec du sérum physiologique, parce que le nez est la partie qui est le plus en contact avec les changements de climat.
Quelles sont les pathologies que vous consultez le plus ?
Elles sont nombreuses et variées. Nous voyons surtout les pathologies respiratoires comme l’asthme, la bronchite, les allergies respiratoires et les infections respiratoires qui sont les premières causes de décès chez les enfants de moins de 5 ans. Pendant cette période, nous voyons beaucoup de maladies diarrhéiques. Les enfants vomissent plus et ont des problèmes gastriques liés à un virus qui survient beaucoup plus pendant la période de fraîcheur. C’est le rotavirus. On assiste à la 2e vague de Covid-19 et les enfants vont toujours à l’école.
Est-ce que cela ne va pas être la source de propagation de la maladie ?
C’est une question qui nous préoccupe au plus haut niveau, mais nous avons remarqué que les cas de Covid-19 que nous avons chez l’enfant n’ont pas augmenté. Les enfants ont des cas simples et asymptomatiques. Ce qui est plus ou moins rassurant, mais cela ne veut pas dire que nous devons baisser les bras. Il faut savoir que les enfants ne peuvent pas être retenus à la maison. Lorsqu’on les laisse à la maison, ce qui va se passer est pire que la Covid-19. Car il y a les accidents domestiques, la déscolarisation et la désocialisation. Pendant qu’ils sont à la maison, certains enfants ont des troubles du sommeil ou de l’alimentation. Nous recevons beaucoup d’enfants qui ont des problèmes d’anxiété. C’est pourquoi l’ouverture de l’école est très salutaire, parce qu’au moins ils ont une vie beaucoup plus normale, mais il faut leur apprendre à se laver les mains, à respecter la distanciation physique, même si c’est très difficile pour eux. La contagiosité des enfants a été remise en cause.
Peut-on avoir une idée du nombre d’enfants touchés par le coronavirus ?
En termes de statistiques, les enfants représentaient 14% mais actuellement, ils sont autour de 8%. Donc le chiffre n’est pas très énorme comparé aux cas de Covid que nous avons dans la globalité. Les enfants sont affectés le plus souvent par les effets collatéraux de la Covid-19, comme la peur d’aller dans les hôpitaux si son enfant est malade. Les enfants sont une cible vulnérable mais pour le moment, ils ne sont pas mis dans les sujets à risque. Sur les 04 cas de Covid-sévère que nous avons chez les enfants, il n’y a pas eu de décès. En outre, les enfants qui ont de l’asthme doivent prendre leur traitement de fond. Les malades de cardiopathie doivent aller bénéficier des soins pour qu’il n’y ait pas de rupture de traitement.