NIASSE « CAUTIONNE » SERIGNE BASS
Le parlement présidé par Moustapha Niasse, a déclenché dans la matinée d’hier la procédure de levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko via le bureau de l’Assemblée nationale et la conférence des présidents
Le Procureur de la République Serigne Bassirou Guèye qui entend traduire à la barre le député Ousmane Sonko, aux fins de poursuite dans une affaire de mœurs, et plus précisément de viol présumé contre une demoiselle officiant dans un salon de massage, a gagné hier, jeudi 11 février, le premier round de sa «croisade judiciaire» contre le président des «Patriotes». Pour cause, l’Assemblée nationale présidée par Moustapha Niasse, a déclenché dans la matinée d’hier la procédure de levée de l’immunité parlementaire du mis en cause, via le bureau de l’Assemblée nationale et la conférence des présidents.
Après la levée de l’immunité parlementaire du député-maire de Dakar, Khalifa Sall, cité au temps dans l’affaire dite de la caisse d’avance de la mairie de Dakar qui lui voudra l’emprisonnement ferme, la révocation de son poste de premier édile de la capitale sénégalaise et la perte de ses droits politiques, c’est au tour du député Ousmane Sonko de Pastef-Les Patriotes de se retrouver dans l’œil du cyclone.
Pour cause, le bureau de l’Assemblée nationale et la conférence des présidents de la représentation parlementaire dirigée par Moustapha Niasse de l’Afp ont déclenché hier, jeudi, la procédure de levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko cité dans une affaire présumée de viol. Du coup, l’Assemblée nationale a posé le premier jalon de la caution qu’elle accordée au maître des poursuites, en l’occurrence le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye. Ce dernier qui a diligenté un dossier contre Ousmane Sonko était en effet passé par le juge d’instruction du 8e cabinet et le ministère de tutelle pour saisir Moustapha Niasse et l’Assemblée nationale, aux fins de permettre la levée de l’immunité parlementaire en question.
Moins de soixante-douze heures après la saisine de la représentation parlementaire, le bureau et la conférence des présidents se sont ainsi réunis hier, jeudi, dans une Assemblée sous haute surveillance policière pour enclencher la procédure de levée de l’immunité du président de Pastef-Les Patriotes.
Après ce premier acte posé par Moustapha Niasse et cie, l’étape suivante de la procédure est la mise en place, lundi 15 février d’une commission ad hoc qui étudiera le fond de cette requête en entendant le mis en cause, Ousmane Sonko. La commission en question produira ensuite un rapport à présenter, le 17 février, lors d’une séance plénière consacrée à la levée de l’immunité parlementaire du député de l’opposition, ancien candidat arrivé troisième à la dernière présidentielle.
Pour rappel, une employée d’un salon de beauté et de massage situé à Dakar a déposé auprès de la section judiciaire de la Gendarmerie une plainte contre le parlementaire et leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). La dame jeune aurait déclaré avoir été victime de « viols répétés » et de « menaces de mort » dont le député, candidat à l’élection présidentielle de 2019, serait l’auteur.
Dans la foulée, une convocation avait été servie à l’ancien fonctionnaire des impôts et domaines radié de la fonction publique par Macky Sall, en 2016, pour « manquement à l’obligation de discrétion professionnelle », aujourd’hui député et leader de parti politique. Devant son refus de déférer à la convocation de la Section de recherches de la gendarmerie en raison de son immunité parlementaire, des affrontements avaient éclaté entre militants et sympathisants de Sonko et les forces de l’ordre au quartier Keur Gorgui où réside le député. Des blessés, des dégâts matériels et des arrestations s’en étaient suivis, présageant d’un avenir lourd de dangers. L’Assemblée nationale a déclenché, elle, dans la foulée la procédure de levée de l’immunité parlementaire du leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), conformément à ses prérogatives institutionnelles.
Quand Niasse «instruit» députés et défense !
Dans les discussions qui ont eu lieu jeudi matin, entre les membres du bureau de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse a tenu également à apporter des précisions sur la procédure à adopter dans l’affaire impliquant le député Ousmane Sonko.
Dans son discours, le président de l’Assemblée nationale a signifié aux différents députés les prérogatives du pouvoir législatif en rappelant que « les députés ne sont aucunement des juges et qu’ils ne sont pas là pour donner un jugement de quelque nature que ce soit. La représentation nationale est donc bien dans son rôle en tant qu’institution ».
Après lecture de la lettre du ministère de la Justice qui a saisi l’Assemblée nationale, mais également celle des avocats de Ousmane Sonko, le président Niasse a tout simplement écarté cette note, considérant que « ce n’est pas aux avocats de Ousmane Sonko d’interpeller l’Assemblée nationale ». Ils pourraient cependant s’adresser au procureur. En définitive, a fait comprendre Moustapha Niasse, l’Assemblée nationale ne s’intéresse guère au fond du dossier et ne donne point un jugement sur l’affaire. Toutefois, elle donne son avis pour que la justice puisse faire le travail qui lui incombe... Il n’empêche que pour le député Serigne Cheikh Mbacké du Pds, patron du groupe parlementaire de l’opposition, « Les lettres brandies par le président de l’Assemblée nationale ne nous ont pas convaincus pour enclencher une procédure de levée d’immunité de Ousmane Sonko »