VIDEOLA GRANDE CONFRÉRIE DES SAPEURS
Dans leur manière d’être, dans leur volonté de paraître ou dans leur désir de présenter une belle apparence, l’élégance côtoie l’extravagance et aucune dépense n’est de trop pour ces «fashion addicts» qui cherchent vaille que vaille à se faire remarquer
Les sapeurs congolais ne cessent de faire parler d’eux. En 2018, la chaine RT France leur a consacré tout un documentaire. Leur concept est devenu une thématique de recherche universitaire. Ainsi, en dehors des médias qui ont contribué à les rendre célèbres, les universitaires à s’intéressent à ce phénomène qu’est la Société des ambiançeurs et des personnes élégantes (SAPE) née au Congo Brazzaville. L’homme d’affaires Jocelyn Amel dit Le Bachelor est l’un des membres de la confrérie. Manitou du milieu, il l’un des sapeurs les plus connus de la place de Paris. Dans l’émission de Le Debrief de RT France, Armel Jocelyn explique l’origine du concept, ses enjeux, ses valeurs, non sans préciser ce que la Sape n’est pas. Il s’exprimait en prélude à la sortie du documentaire « Les dandy du Congo » consacré à leur mouvement.
Ils ne jurent que par l’élégance, le m’as-tu vu. Ils ne veulent pas passer inaperçus. Toujours prêts à en mettre plein la vue aux passants, être toujours distingués même dans une foule compacte. C’est presque insupportable pour eux de ne pas se faire remarquer et de recueillir un compliment comme le dit un des leurs. Ceux dont il est question, ce sont bien les sapeurs congolais, membres de la SAPE.
Dans leur manière d’être, dans leur volonté de paraître ou dans leur désir de présenter une belle apparence, l’élégance côtoie l’extravagance et aucune dépense n’est de trop pour ces «fashion addicts» (addicts à la mode). Ce qui caractérise les sapeurs c’est la «transgression» vestimentaire qui pour eux est synonyme de «liberté». En effet, les sapeurs cassent les codes vestimentaires convenus et veulent porter et marier librement n’importe quelles couleurs à tout en refusant d’assigner des couleurs à des saisons selon une certaine vision de la mode. Ainsi, les sapeurs ne connaissent ni saison ni climat et refusent l’idée que telles couleurs sont féminines ou masculines.
Les sapeurs s’autorisent un mariage inhabituel de couleurs pour sortir quelque chose d’unique. «Un bon sapeur c’est quelqu’un de transgressif. Il n’est pas là à répéter les normes vestimentaires édictées à Paris, à Londres ou à New York. C’est transgression est une liberté que nous assumons», assume Armel, Le Bachelor interrogé par RT France.
Une apparence carnavalesque assumée
La sobriété, la discrétion en termes de couleur n’est pas ‘’sapologique’’. Les sapeurs n’ont aucune gêne dans leur apparence carnavalesque avec leur couleurs vives et frappantes. «La vie est belle en couleurs. Les couleurs c’est la vie. Pourquoi voulez-vous vous arrêter au noir et au bleu marine », s’interroge Le Bachelor qui raille littéralement l’écrasante majorité de la population non ‘’sapologue’’ qui n’explore pas trop de couleurs. Ce qui compte pour tout sapeur, c’est d’être vu, attirer l’attention vers soi et être apprécié. C’est un choix assumé. «J’aime tout sauf n’anonymat vestimentaire. Si vous portez des couleurs discrètes pour ne pas être vu, il ne fallait pas naître», lance d’emblée Le Bachelor qui défend bec et oncle la philosophie des sapeurs.
Pourquoi se limiter à deux discrètes couleurs (noire et bleue marine), alors qu’il y a une myriade de couleurs que l’on peut explorer ? Telle est la question que posent les sapeurs à ceux qui ne sont pas de leur «société» et qui s’imposent une limite dans le choix de leurs couleurs d’habits. La SAPE, ça coûte de l’argent. Mais les sapeurs n’éprouvent aucune honte à s’endetter juste pour le look afin d’être me point de mire vers lequel converge tous les regards.
C’est le cas de ce fonctionnaire sapeur qui exhibe fièrement sa gardent robe qui ressemble plus à une boutique de vêtement qu’à une garde-robe et qui n’hésitent pas à révéler qu’il s’endettent à coup de millions pour satisfaire son désir de de paraître : 8 millions, 6 millions, 7,5 millions. Dieu sauve les Sapeurs ! En revanche, Le Bachelor lui récuse l’idée que l’élégance est synonyme de dépenses somptuaire. Pour lui on peut être élégant sans dépenser des fortunes. On peut bel et bien s’investir dans la sape sans se ruiner.
« La SAPE, c’est l’art de s’aimer au quotidien
Célèbre sapeur, Bachelor est bien connu à Paris pour habiller ses confrères de la SAPE et toutes autres personnes élégantes. Depuis 1998, Le Bachelor tient une marque de vêtement à Château Rouge appelé Connivences qui fournit l’attirail pour leur mouvement. Pour Le Bachelor, «la SAPE c’est l’art de s’aimer au quotidien en arborant les couleurs que le commun des mortels a parfois du mal à porter». A son avis, la SAPE participe à célébrer, à honorer la vie. Ayant vu son père son oncle toujours élégant Le Bachelor dit sapeur depuis le sein de sa mère. Connus en général pour dépenser des montants faramineux juste pour leur apparence, certains s’inscrivent en faux quant à cette vision de la Sape.
Au-delà de l’apparence, de la volonté d’être vu, les sapeurs disent véhiculer quelques belles valeurs comme le vivre ensemble, la tolérance, la non-violence, l’altruisme, selon Armel, Le Bachelor qui se présente comme «un homme caméléon» du fait des couleurs qu’ils arbore. «La sape est un vecteur de communication», dit-il. Arrivé à Paris en 1977 à Paris, Armel Le Bachelor est diplômés en gestion. Il est sorti de l’École supérieure de gestion et de l’institut supérieur de commerce Paris Dauphine. Depuis 98, il s’est lancé dans le business très connu par son port vestimentaire unique. La SAPE chez lui c’est l’expression d’un certains narcissisme assumé et sans complexe aucun.Promoteur de Connivences Boutiques, spécialisé dans la vente de vêtements, Jocelyn ne devrait pas avoir de souci pour approvisionner sa propre garde robe.
Né au Congo Brazzaville, ce sont les anciens combattant congolais du retour des deux Grandes Guerres qui ont inspiré ce mouvement de la SAPE, selon Le Bachelor. Ces anciens combattants congolais, une fois rentré, arboraient une élégance inégalable après avoir côtoyé le monde occidental, explique Jocelyn Armel.