LA RECETTE MIRACLE DE LA BANQUE MONDIALE, DU FMI, DE L’OMS ET DE L’OMC
Trouver des solutions rapides aux différents manquements auxquels sont confrontés les pays en matière de financement, de production, de livraison, de commercialisation, de chaîne d’approvisionnement et de déploiement des vaccins
L’équipe spéciale multilatérale, chargée des vaccins, traitements et diagnostics liés à la covid-19 a publié hier sa quatrième déclaration commune. Cette dite équipe composée de la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Lweala, de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, du directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus et du Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass a plaidé en faveur de quelques champs d’action pour accélérer la livraison et la distribution des vaccins.
Trouver des solutions rapides aux différents manquements auxquels sont confrontés les pays en matière de financement, de production, de livraison, de commercialisation, de chaîne d’approvisionnement et de déploiement des vaccins. C’est en effet l’objectif de l’Équipe spéciale multilatérale chargée des vaccins, traitements et diagnostics liés à la covid-19. Dans une déclaration commune publiée hier, le Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass et Cie ont mis sur la table quelques recommandations permettant d’accélérer la livraison de vaccins aux pays en développement. « Afin de soutenir des solutions rapides et plus ciblées, l’Équipe spéciale s’emploie à identifier et suivre l’évolution des manques auxquels sont confrontés les pays en matière de financement, de production, de livraison, de commercialisation, de chaîne d’approvisionnement et de déploiement des vaccins. Comme l’indiquent les données consultables en accès public sur le web de l’Équipe spéciale, des milliards de doses de vaccins vont d’ores et déjà être produites d’ici à la fin 2021, ce qui laisse espérer une réduction concrète des inégalités vaccinales, à condition que nous agissions tout de suite », soutiennent les quatre organisations internationales, dans une déclaration commune. D’autant que, rappellent-elles, les pays en développement ont besoin de près de 2 milliards de doses supplémentaires pour parvenir à immuniser 40% de leur population avant la fin 2021, de près de 4 milliards de doses supplémentaires de façon à atteindre 60% au premier semestre 2022, et d’encore presque 5 milliards de doses pour que, dans un an, 70% de leur population soit vaccinée.
En outre, l’évolution du variant delta risque d’accroître le nombre de doses nécessaires, comme nous l’observons déjà en Afrique. « Régler le problème de l’approvisionnement en vaccins peut sauver des millions de vies en plus. Mais ce n’est possible qu’avec la coopération des économies avancées disposant d’un surplus de doses pré achetées, des pays producteurs de vaccins et des fabricants. C’est pourquoi lors de notre récente rencontre avec ces fabricants, nous avons reconnu et salué l’ingéniosité des chercheurs à l’origine des vaccins ainsi que les efforts des laboratoires pour assurer une production massive. Nous leur avons en outre demandé de communiquer le détail des calendriers de livraison pour toutes les expéditions prévues, de façon que les pays destinataires puissent en préparer le déploiement», soulignent David Malpass et compagnie. Ils estiment ainsi qu’en premier lieu, les pays disposant d’un surplus de vaccins peuvent soutenir l’effort mondial en échangeant avec d’autres pays leurs livraisons à court terme ; en cédant les doses excédentaires faisant l’objet de contrats et d’options d’achat et surtout en tenant leurs promesses de dons. « Le Fonds africain pour l’acquisition des vaccins (AVAT) a un besoin urgent de doses supplémentaires de vaccins à injection unique, à livrer sur le reste de l’année 2021. L’Équipe spéciale a encouragé les pays à fort taux de vaccination d’accepter des livraisons plus tardives, pour permettre de vacciner dans de plus brefs délais les habitants des pays en développement », laissent entendre les patrons des organisations internationales. A les en croire, les données de l’Équipe spéciale montrent une hausse positive des livraisons de dons : sur les doses promises, 12% sont déjà arrivées dans les pays en développement, contre 10% il y a un mois. «Des centaines de millions de vaccins restent cependant à livrer », ajoutent-ils.
«LES PAYS DEVRAIENT EGALEMENT REDUIRE LES RESTRICTIONS A L’EXPORTATION»
L’équipe spéciale estime en outre que les laboratoires producteurs de vaccins devraient donner la priorité aux contrats avec le COVAX et l’AVAT et les honorer. « Il faudrait aussi qu’ils communiquent mois par mois le programme complet et détaillé de leurs livraisons de vaccins, en particulier à destination du COVAX et de l’AVAT, afin que les doses soient dirigées de manière transparente vers les pays qui en ont le plus besoin, en particulier ceux à revenu faible ou intermédiaire inférieur. Les membres de l’Équipe spéciale exhortent dans la même veine les gouvernements à clarifier d’urgence leurs priorités et leurs décisions quant à l’utilité et au dosage des rappels car, d’après eux, cela influera dans une large mesure sur la disponibilité de doses supplémentaires pour les pays en développement. « La production et la livraison des doses nécessaires requièrent donc un surcroît de certitude et de prévisibilité de la demande. Si elle est groupée, cette demande est plus certaine, plus prévisible et moins coûteuse pour les acheteurs » soulignent-ils. Toujours dans les champs d’action, l’équipe estime que les pays devraient également réduire les restrictions à l’exportation, les droits de douane élevés ainsi que les ralentissements en douane pour les vaccins anti-COVID, de même que pour les matières premières nécessaires à leur production et à leur distribution rapide. « Il faut aussi rationaliser et harmoniser la réglementation. Dans tous les pays, les autorités règlementaires devraient standardiser et rendre plus cohérent le processus d’approbation des vaccins », ajoutent David Malpass et Cie. Ces derniers appellent dans la même dynamique les donateurs à combler les insuffisances de financement.
La Banque mondiale mobilise 20 milliards de dollars pour le financement des vaccins, enveloppe disponible jusqu’à la fin 2022 pour une utilisation immédiate par les pays, afin qu’ils se procurent des doses et comblent les manques en matière de déploiement. « Nous aidons aussi les pays à se procurer d’autres produits utilisés dans la lutte anti-COVID, comme par exemple des kits de test, des équipements de protection individuelle ou de l’oxygène. À ce jour, ce soutien s’élève à 7,5 milliards de dollars. C’est désormais un aspect important de l’action menée par l’Équipe spéciale », soulignent les 4 organisations. Elles renseignent d’ailleurs que la Banque mondiale apporte d’ores et déjà son assistance à 54 pays afin non seulement de faciliter les achats mais aussi de remédier aux difficultés de déploiement. « Il s’agit notamment d’accroître les capacités en matière de stockage et de chaîne du froid, de former les personnels de santé, d’augmenter la confiance du public envers la vaccination via une mobilisation citoyenne et communautaire ou encore de renforcer les systèmes de données et de suivi pour la distribution des vaccins.
Dans le même temps, il est essentiel d’améliorer l’information sur les calendriers de livraison, en particulier pour les dons de doses, afin que les pays puissent préparer le déploiement des produits », signalent les membres de l’équipe qui estiment que des efforts sont nécessaires pour augmenter considérablement la production de vaccins, d’outils de diagnostic et de traitements dans le monde, afin d’accélérer l’accès équitable à ces ressources vitales dans les pays en développement.