«UN FILM SUR L’AMOUR PATERNEL ENTRE L’IMAM ET SON FILS, L’AMOUR ROMANTIQUE ENTRE AÏCHA ET SON AMOUREUX…»
Mamadou Dia, réalisateur de Baamoum Nafy, sur son long métrage
Logé dans la catégorie des favoris à l’Etalon d’or du Yennega de la 27ème édition du Fespaco, Baamoum Nafy est perçu comme un film qui souligne la stupidité de l’extrémisme religieux. Mais en réalité «c’est un film sur l’amour paternel entre l’imam et son fils, sur l’amour romantique entre Aïcha et son amoureux et sur l’amour de sa ville», pour le réalisateur. Mamadou Dia dit n’attendre rien de spécial du Fespaco, mais ne boudera pas son plaisir s’il est sacré.
Baamoum Nafy (le père de Nafy, en français), porte étendard du Sénégal au Fespaco, est en compétition pour l’Etalon d’or du Yennenga. A cet effet, Mamadou Dia est revenu largement sur sa réalisation et ses aspirations. Perçu comme un film qui traite du terrorisme, Baamoum Nafy est, pour le réalisateur, la réponse imagée de deux interrogations. «En 2014 quand je suis arrivé aux Usa je me présentais en disant que Mamadou veut dire Mouhamed et je me mettais à expliquer. Si j’étais d’une autre religion je n’aurais pas à le faire. Je disais aux Américains qu’au Sénégal qon a un cimetière mixte pour musulmans et catholiques, on a une mosquée avec une cloche. Malgré ces explications, ils ne sont pas convaincus. Et la 2ème raison c’est l’élection de Trump. Comment a-t-on pu élire une personne comme ça dans un pays aussi démocratique ? Ce sont deux raisons qui m’ont poussé à faire un film qui parle de l’amour dans l’islam et le christianisme. C’est un film qui parle de l’humanité», a dit Mamadou Dia. Qui, interpellé sur la thématique de l’extrémisme religieux, a affirmé que son objectif était d’exalter «l’amour paternel entre l’imam et son fils, l’amour romantique entre Aïcha et son amoureux et l’amour de sa ville». Ce long métrage, qui a obtenu le salut de la critique, a été tourné dans la région de Matam par faute de moyens. «C’est un plaisir, un honneur et une responsabilité d’être là. C’est une autoproduction avec l’apport d’autres financiers.
A part les deux acteurs principaux, tous les autres n’étaient pas des acteurs. Ils viennent de la ville natale. La présence de Baamoum Nafy au Fespaco est un remerciement. C’est un choix qui s’est imposé parce qu’on voulait tourner très vite et on n’avait pas autant d’acteurs en puular. On n’avait pas aussi beaucoup d’argent, c’est pourquoi on a fait le choix de Matam où je connais beaucoup de monde comme Aïcha. Je suis allé la bas plutôt pour faire des ateliers», a détaillé le réalisateur. Pour Mamadou Dia, le simple fait de voir son film en compétition est, en réalité, une victoire. A cet effet, il a affirmé qu’il n’attend rien du Fespaco et que s’il obtient un prix il ne boudera pas son plaisir.
Interpellé sur la langue puular, Mamadou Dia a martelé que «le film s’est imposé en puular, car je rêve et écris en puular. C’est une victoire pour nous de ne pas doubler le film parce la voix des acteurs sont très particulières. En plus, nos langues sont mélodieuses, il faut les présenter dans nos films». L’imam Thierno (père de Nafi) et Ousmane sont deux frères germains mais l’islamisme radical va les diviser. Thierno est aimé par sa communauté de Yonti. Il est modéré et tolérant. Son frère, Ousmane, se revendiquant d’être El hadj Ousmane, prête allégeance à des terroristes et veut apporter un autre islam au sein de la communauté.
Pour mener à bien sa «vision», Ousmane est candidat à la mairie de Yonti. Une fois maire, il lui sera facile d’imposer l’islam de ses amis (terroristes). Avec l’argent, beaucoup de personnes ont fini par se ranger derrière lui. Son fils unique, Tokara, a forniqué, alors qu’il devrait se marier dans peu de jours. Le gourou demande à Ousmane d’abattre publiquement son fils afin qu’on soit rassuré de sa «bonne foi» pour le groupe. Dilemme. Ousmane et son fils mourront la même nuit. Yonti retrouvera son ancienne vie. Tokara, quant à lui, est le promis de Nafy, sa cousine germaine. Nafy est la fille de l’imam Tierno. Elle aimait son fiancé et cousin Tokara, mais n’était pas prête à abandonner ses études. Dans le film, après le décès de Tokara, elle part à Dakar pour fréquenter l’université.