«L’ALLEGORIE DU REGRET» DU SENEGALAIS OMAR VICTOR DIOP
Paris Photo 2021
Chez l’artiste Omar Victor Diop, le paon, la biche et la tortue se transforment en messagers du danger actuel, mais aussi de la beauté de notre planète. A l’occasion de Paris Photo 2021, le photographe sénégalais présente sa nouvelle série «Allegoria». La plus grande foire internationale dédiée au médium photographique a ouvert ses portes, ce jeudi 11 novembre, au Grand Palais Ephémère de Paris en accueillant près de 200 galeries de 29 pays.
A 41 ans, vous êtes l’un des photographes les plus prometteurs de votre génération et vous présentez à Paris Photo 2021, à la galerie Magnin-A, votre nouvelle série Allegoria, dotée d’une mise en scène très graphique, d’un décor raffiné et de couleurs glorieuses. Une allégorie est définie comme une idée exprimée par une métaphore. Quelle est l’idée derrière vos images ?
Cette série, c’est l’allégorie du regret, l’allégorie du jour où nous nous retrouvons seuls avec nos souvenirs de la nature, parce que c’est tout ce qui en restera. C’est très fictionnel, très naïf dans la construction, mais ce qu’il faut en retenir, c’est une lettre d’amour à la nature. Une lettre d’amour au vivre-ensemble, entre les êtres humains et la nature dont ils font partie, plutôt que la conception omniprésente que la nature nous appartient. Je voulais présenter des êtres humains au milieu d’animaux, les présenter comme des animaux, comme les autres espèces vivantes. C’est une façon de rappeler l’importance de notre interaction avec les plantes et les choses vivantes de ce monde.
Vous menez votre carrière photographique depuis une dizaine d’années. Allegoria se situe plutôt en rupture avec vos autres séries précédentes, Diaspora (2014) et Liberty (2017) qui racontent fièrement les combats des Noirs pour la liberté. En quoi consiste cette rupture ?
Jusqu’à présent, mes travaux avaient comme source d’inspiration et source documentaire principales le passé, en particulier le passé des peuples noirs du monde. En cela, cette série est une rupture puisque je change de sujet, je traite d’une problématique tout aussi importante, celle du lieu où nous vivons, cette planète qui est exceptionnelle. Il n’y en a pas deux dans l’univers… au moins on n’en a pas encore trouvé. Il y a tellement de combinaisons de facteurs improbables pour que la vie soit possible ici, et je pense qu’on a tendance à oublier ce privilège d’être les habitants de cette planète. Donc, c’est un discours complètement différent. Et aussi dans le ton, je m’autorise un peu plus de naïveté, un peu plus de couleurs. Vous savez, j’ai construit cette série pendant les confinements successifs. Donc, c’est aussi une contemplation, une série que j’ai envie de revoir avec -certes, avec un certain sens de la gravité-, mais aussi avec un sentiment feelgood. J’ai envie d’être émerveillé par mon propre travail. En cela, c’est différent.
A travers vos images et affiches, vous avez incarné la Saison Africa2020, ce projet hors normes qui ambitionnait de présenter la créativité africaine sous toutes ses formes aux Français et Françaises. Après cet événement unique en son genre avec 1500 projets dans 210 villes et régions en France, qu’est-ce qui a changé pour vous en tant qu’artiste et photographe ?
J’étais ravi d’avoir eu l’occasion de participer, modestement, à cet événement important. Cette Saison Africa 2020 va changer tellement de choses. Elle va entrer jusqu’aux cursus scolaires des générations à venir. C’est ça qui est important. Et je suis content d’avoir eu l’honneur de faire l’affiche d’un moment aussi important.
Rfi