EMPLOI ET FONCTION PUBLIQUE, LES FEMMES TOUJOURS SOUS LA DOMINATION DES HOMMES
La ségrégation professionnelle est l’un des phénomènes les plus tenaces dans le monde
Le dernier rapport du bureau International du Travail (bIT) révèle de graves inégalités de rémunérations entre les hommes et les femmes. D’après l'étude, malgré le fait que la population féminine en âge de travailler soit de 1,13 fois supérieure à celle des hommes, le taux d’activité des femmes est de 62,1%, contre 41,1% pour les hommes. En plus, le taux de chômage est plus élevé chez les femmes (13,7%) que chez les hommes (8,1%).
La ségrégation professionnelle est l’un des phénomènes les plus tenaces dans le monde. Cette segmentation et cette hiérarchisation de l’emploi ne commencent pas sur le marché du travail, mais en amont, avec l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle qui prennent source dans les modèles de société caractérisés par la répartition des rôles entre les genres, le partage et le contrôle des ressources, la participation aux prises de décision. Dans le domaine de l’emploi, la division sexuée du travail induit une double ségrégation horizontale et verticale. Ces deux formes de discrimination déterminantes sont à prendre en compte pour appréhender correctement les inégalités de genre sous leurs multiples facettes telles que les salaires, les revenus, la formation professionnelle, la position et le statut professionnels, les conditions de travail, la participation à l’économie formelle ou informelle, etc.
Au Sénégal, une étude du Bureau International du Travail (BIt) révèle que malgré des avancées importantes en matière d’égalité entre les sexes, il subsiste un contexte de vulnérabilité pour les femmes qui dé- coule des disparités de genre et de manquement à certains droits. Une situation qui, de l'avis du coordonnateur national de projet au sein du Bit, se révèle à travers l’Indice de Développement appliqué au Genre (IDG), tournant autour de 0,315, traduisant ainsi l'existence d'inégalités du développement humain basées sur le genre.
En effet, renseigne Latyr Ndiaye, «si les femmes sont de plus en plus instruites, progressent dans des carrières de pointe, participent à la vie politique et représentent plus de 40% des élus à l’Assemblée Nationale et se syndicalisent davantage, elles demeurent toutefois les principales victimes du travail précaire et sont concentrées dans l’économie informelle».
Bien que la population féminine en âge de travailler soit de 1,13 fois supérieure en nombre à celle des hommes, renseigne l’expert en ingénierie de développement local, le taux d’activité des femmes est inférieur à celui des hommes. En réalité, il est de 41,1% contre 62,1%. Dans la même veine, le taux de chômage est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Il représente 13,7% contre 8,1%. Ce qui le pousse à que les travailleuses sénégalaises font face à de graves discriminations dans les secteurs public et privé.
A l’en croire, l’administration publique emploie 3,7% des hommes et seulement 1,4% des femmes. Quant au secteur privé, révèle l’étude, le rapport est de 7,0% pour les hommes, contre 3,2% pour les femmes. De manière générale, souligne Latyr Ndiaye, les Sénégalaises représentent 2/3 des actifs dont le niveau de rétribution correspond au salaire minimum, l’écart de salaire mensuel moyen étant supérieur à 50% en défaveur des femmes. Cependant, il reste convaincu que, quel que soit le secteur considéré, plus on s'élève dans l’échelle des métiers et la hiérarchie des catégories socioprofessionnelles, moins les femmes sont nombreuses.
A l’en croire, elles représentent 17,8% des cadres supérieurs, 25,8% des techniciens supérieurs et cadres moyens, 21,5% des techniciens, agents de maîtrise et ouvriers qualifiés et 10,8% des employés, manœuvres, ouvriers et apprentis.