UNE UNIVERSITÉ DEVRAIT PORTER LE NOM DE SENGHOR
Raphaël Ndiaye : "Compte tenu de sa dimension intellectuelle, ce n’est pas un stade, un aéroport ou une avenue qui font ressortir cette dimension"
Le Président-poète, Léopold Sédar Senghor (1906-2001) mérite de donner son nom à une université compte tenu de sa dimension intellectuelle, a déclaré mardi Raphaël Ndia¬ye, Directeur général de la Fondation Léopold Sénégal Senghor. «Compte tenu de sa dimension intellectuelle, ce n’est pas un stade, un aéroport ou une avenue qui font ressortir cette dimension, mais c’est vraiment une université», a-t-il dit lors d’un entretien accordé à l’Aps.
Baptisé du nom de Léopold Sédar Senghor en 2001, le stade du même nom construit en 1985, est dans un état de délabrement depuis quelques années. Quant à l’aéroport Lépold Sédar Senghor, il a été affecté à l’Armée.
Raphaël Ndiaye déplore qu’aucune des six universités du Sénégal ne porte le nom de Senghor. «Or s’il y avait une université qui porte son nom, cela rendrait Senghor beaucoup plus présent», a-t-il précisé. Aujourd’¬hui, estime-t-il, «seule l’université Senghor d’Alexandrie en Egypte, porte le nom de Léopold Sédar Senghor, sinon il n’y a pas une autre université qui porte son nom dans le monde et cela je le déplore».
Raphaël Ndiaye, dont le travail à la fondation est de rendre plus présent Léopold Sédar Senghor, soutient que la pensée de ce dernier est aujourd’hui beaucoup plus qu’actuelle. «Le principe du dialogue des cultures suppose la reconnaissance de l’imminente dignité de toutes les cultures sur tous les cieux.
Franchement, quand on regarde comment fonctionne le monde aujourd’hui, on n’est pas prêt de réaliser cette exigence», constate-t-il. Il soutient qu’il y a des éléments contextualisés parmi lesquels la Négritude reformulée différemment aujourd’hui, avec l’exigence d’une identité culturelle et de la reconnaissance de cette identité.
Dans ce domaine, dit-il, «nous ne sommes pas au bout de notre peine, avec par exemple le racisme constaté dans le monde et l’affaire de violence policière américaine, au cours de laquelle l’Afro-Américain Georges Floyd meurt à la suite d’une interpellation par plusieurs policiers».
Selon Raphaël Ndiaye, le théoricien de la «Négritude» a développé sa vision du monde, notamment sur l’humanisme.
La Fondation Léopold Sédar Senghor compte faire connaître les écrits de son parrain à travers ses nombreux ouvrages, parmi lesquels la série «Liberté 1 publiée en 1964 jusqu’à Liberté 5, sortie en 1993», contenant en tout 2660 pages.
L’ancien chef d’Etat est décédé le 20 décembre 2001 à Verson, une commune de la France, où il vivait depuis son départ volontaire du pouvoir, le 31 décembre 1980. Il fut le premier noir à obtenir l’agrégation de grammaire et à siéger à l’Académie française.