SANCTIONS DE LA CEDEAO : LE SÉNÉGAL PERD, LES MALIENS TRINQUENT
Les autorités maliennes ont décidé, suite aux sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de fermer à leur tour toutes les frontières avec les pays limitrophes, y compris le Sénégal
Le récent développement de la situation au Mali qui, suite aux sanctions de la Cedeao, a décidé de fermer ses frontières avec ses voisins, aura de lourdes conséquences sur l’économie nationale ; le Mali étant le principal client du Sénégal dans la sous-région. A l’opposé, la population malienne, des hommes d’affaires et entreprises maliennes qui s’approvisionnent des produits sénégalais sur plusieurs aspects ou dont les commandes transitent par le port du Sénégal, en pâtiront, le Mali étant un pays continental.
Les autorités maliennes ont décidé, suite aux sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de fermer à leur tour toutes les frontières avec les pays limitrophes, y compris le Sénégal. A l’exception de la Guinée Conakry qui soutient la position de la junte qui dirige actuellement ce pays, aucun déplacement/échange n’est possible vers le Mali, à partir d’un pays de la Cedeao. S’agissant du Sénégal, la situation est lourde de conséquences financières.
En effet, la note d’analyse du Commerce extérieur du Sénégal en 2020 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) fait du Mali le principal client du Sénégal, avec un volume total des exportations estimé à 474,8 milliards de F CFA, très loin du suivant immédiat, la Côte d’Ivoire, avec qui les échanges commerciaux sont évalués à 110,3 milliards de F CFA. La République de Guinée pointe à la troisième position avec 85,4 milliards de F CFA, suivie de la Gambie (64,5 milliards de F CFA) et de la Guinée-Bissau (32,9 milliards de F CFA).
Au Mali aussi, cette mesure sera lourde de conséquence et surtout difficile à supporter pour le citoyen. Les autorités du transport du Sénégal évaluent le nombre de camions en rotation entre les deux pays à des milliers, avec des déplacements quotidiens. Quittant le Port autonome de Dakar (PAD) ou d’autres entreprises, les camions maliens sont très présents dans la circulation, du fait du volume très important de marchandises et autres produits qu’ils convient quotidiennement dans ce pays n’ayant pas accès à la mer/océan.
L’ANSD, toujours dans sa note d’analyse des exportations sénégalaises en 2020, souligne que les exportations de produits pétroliers ont connu une tendance haussière, passant de 161,3 milliards de F CFA en 2016 à 477,7 milliards de F CFA en 2019 ; soit un taux d’accroissement annuel moyen de 43,6%. Cette évolution a résulté de la «En prenant de telles sanctions, nous re- marquons plus une optique d’asphyxier et d’étouffer la population malienne, déjà éprouvée par la crise sécuritaire et sanitaire, que de sanctionner les leaders de la transition. Nous alertons dès lors d’une incohérence par rapport à l’article 3 du Traité révisé de la CEDEAO qui consiste à élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain. Ce qui pourrait induire un risque de soulèvement populaire consécutif à cette asphyxie, et par ricochet contribuer davantage à la fragilisation du Mali et de la zone Sahel. L’on ne résout pas un coup d’Etat par une insurrection. Nous en appelons à l’humanisme des dirigeants de la CEDEAO envers leurs peuples et leur rappelons l’esprit de cette organisation communautaire dans sa volonté de communion, de coopération et d’intégration des peuples (…).
Nous demandons solennellement au Président Macky Sall de ne pas embarquer le Sénégal dans cette démarche d’étouffement d’un peuple frère et de faire montre d’empathie envers le peuple malien. Nous renouvelons et manifestons tout notre soutien à nos frères et sœurs maliens, et militons pour une transition pacifique, concertée et inclusive du pouvoir militaire aux civils et un retour à l’ordre constitutionnel.» diminution de l’expédition de ces produits vers les pays de la région, notamment le Mali (-26,6%), la Mauritanie (- 37,5%), la République de Guinée (-46,2%), le Togo (-62,7%) et les provisions de bord liées à l’avitaillement des navires et aéronefs (-22,2%).
Le Mali étant le principal partenaire du Sénégal, avec 64,7% des parts de marché de ce produit. Par ailleurs, l’ANSD fait noter que le Sénégal est principal pays fournisseur de ciment dans la sous-région. Le Mali reste le principal client du Sénégal (87,1%), devançant de loin la Gambie (11,3%), la Guinée-Bissau (0,8%) et la Mauritanie (0,7%). Le Mali dépend également du Sénégal sur les produits de préparations pour soupes, potages et bouillons.
Pour des exportations estimées à 76,2 milliards de F CFA en 2020 contre 62,7 milliards de F CFA en 2016, soit un accroissement annuel moyen de 21,7%, il est le principal client du Sénégal avec 30,2% du volume. Il est suivi de la République de Guinée (14,7%), du Burkina Faso (8,3%), du Niger (8,3%) et de la Gambie (7,6%).