LES FEMMES SONT PLUS INFECTEES PAR LE SIDA QUE LES HOMMES
`L'infection des femmes et des jeunes par le Vih sida prend des proportions inquiétantes. D'après la secrétaire exécutive du conseil national de lutte contre le sida, Dr Safiétou Thiam, la pandémie est concentrée sur certains groupes.

Invitée, hier, par l'Association des journalistes en santé, populations et développement (Ajspd), La secrétaire exécutive du conseil national de lutte contre le sida (CNLS) a fait hier le point sur la situation du Vih-SIDA. Se réjouissant de la baisse du taux de prévalence ainsi que du nombre de décès, Dr Safiétou Thiam constate, toutefois, un taux d'infection inquiétant chez les femmes et les jeunes filles.
`L'infection des femmes et des jeunes par le Vih sida prend des proportions inquiétantes. D'après la secrétaire exécutive du conseil national de lutte contre le sida, Dr Safiétou Thiam, la pandémie est concentrée sur certains groupes. «Une autre caractéristique, c'est qu'au Sénégal, comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les femmes sont plus infectées par le VIH que les hommes», souligne la Secrétaire exécutive du Cnls. Elle souligne d'ailleurs que dans la cohorte des personnes dépistées et mises sous traitement, au moins 70% sont des femmes. Dr Safiétou Thiam note aussi une forte augmentation de nouvelles infections. «C'est la tranche d'âge des jeunes de 19 à 24 ans dont les jeunes filles», indique-t-elle.
S'agissant du taux de prévalence dans la zone Sud, Dr Thiam renseigne que celui-ci est beaucoup plus élevé que la moyenne nationale. «On a des prévalences de 1,5%, c'est cinq fois la moyenne nationale. Il y a aussi des poches de vulnérabilité ou des situations, en tout cas, de vulnérabilité comme dans les zones touristiques, les zones où il y a beaucoup d'échanges. Et nous voyons de plus en plus de cas dans la région de Diourbel. Donc, quand on affine nos analyses, on voit qu'il y a des points de vulnérabilité, des zones de vulnérabilité», ajoute-t-elle.
SUR CES 91% DE PERSONNES DEPISTEES, 93% SONT SOUS TRAITEMENT
Face à cette situation, Dr Safiétou Thiam renseigne que le Cnls a mis en place une stratégie de lutte. Elle repose sur trois piliers. «C'est d'abord la prévention des nouvelles infections ou même l'élimination des nouvelles chez les jeunes. Nous savons qu'il y a aussi des infections qui proviennent de la transmission mère-enfant du VIH. Donc, nous voulons aussi éliminer la transmission mèreenfant du VIH. Le deuxième pilier, c'est la prise en charge d'autant que nous voulons vraiment l'accès au traitement pour tous», affirme la Secrétaire exécutive du Cnls
Tirant le bilan de l'accès au traitement et au dépistage, elle indique que 91% des personnes vivant avec le VIH sont dépistées au Sénégal. «Quand vous voyez beaucoup de personnes dépistées, pour nous c'est une performance, parce que nous voulons que les gens sortent de leur maison pour se faire dépister et bénéficier de la prise en charge. Aujourd'hui, sur ces 91% de personnes dépistées, 93% sont sous traitement ARV. Et donc 90% ne transmettent plus le VIH. Cela veut dire que sur 10 personnes qui vivent avec le VIH au Sénégal, les 9 sont déjà dépistées et suivent un traitement et ne transmettent plus la maladie», se félicite Dr Safiétou Thiam. «D’après les résultats, le taux de prévalence baisse, les nouvelles infections baissent, les décès baissent, même si les nouvelles infections augmentent chez les jeunes. Pour le traitement, 11% des patients sont dépistés, 93% des personnes dépistées sont mises sous traitement et ne transmettent plus la maladie. Nous avons des médicaments qui sont efficaces et nous avons les derniers médicaments qui existent au niveau international», indique Dr Safiétou Thiam.
LES DEFIS A RELEVER DANS LA LUTTE CONTRE LE SIDA
Cependant, elle reste convaincue qu'il reste encore des défis à relever dans la lutte contre le sida au Sénégal. Le plus grand défi, à ses yeux, c'est de pérenniser ces acquis. «Aussi notre riposte dépend en majorité du financement extérieur. Donc, nous écrivons des projets que nous soumettons, par exemple, au Fonds mondial ou à l'USAID, que nous allons négocier pour avoir de l'argent pour lutter contre le sida. Le gouvernement finance une partie des intérêts provirus, 50%. Mais figurezvous si les partenaires arrêtent alors que les patients vivant avec le VIH doivent continuer à prendre leur traitement. Et c'est le traitement qu'ils doivent prendre toute leur vie. Donc, il faut qu'on ait des ressources pour continuer à acheter, ne serait-ce que les réactifs et le traitement», souligne Dr Safiétou Thiam. Par conséquent, elle invite les autorités à s'engager davantage pour la mise en place des financements domestiques. «Il faut surtout trouver des mécanismes de financement innovants. Mais il faut aussi continuer le partenariat au niveau international. Parce qu'aujourd'hui, la Covid nous a montré que la santé est un bien commun, mondial. Il faudrait également une stratégie efficace de financement de la santé, pour la durabilité de nos programmes. Mais surtout pour lutter contre les pandémies et préparer de nouvelles pandémies à venir», recommande la Secrétaire exécutive du Cnls, Dr Safiétou Thiam.