L’ART EST UN OUTIL D’APAISEMENT ENTRE LES PEUPLES
Caroline Pochon a présenté au public son documentaire ayant pour prétexte une tournée au Japon, concernant un artiste sénégalais, réalisé par une française et présenté à un public aussi varié que chaleureux…
Caroline Pochon a présenté au public son documentaire. Ce dernier s’est construit autour d’une tournée musicale de l’artiste sénégalais Zale Seck. Mais derrière cette histoire musicale se cache une autre : celle de la transmission d’un art de père en fils.
Documentaire ayant pour prétexte une tournée au Japon, concernant un artiste sénégalais, réalisé par une française et présenté à un public aussi varié que chaleureux…
Comme un air de famille est l’illustration de ce qu’on pourrait désigner sous le nom de film-monde. De Caroline Pochon, cette production, qui revient en images sur une tournée musicale au pays des samouraïs, a été présentée au public ce 26 janvier, à l’Institut français de Dakar. Zale Seck, l’artiste musicien sur lequel Caroline pose un regard d’art cinématographique, vit au Canada et est revenu vers son Dakar natal pour la consécration d’un travail exécuté en 2018, ainsi que rappelé par la réalisatrice. L’homme svelte, élancé et dont le visage transpire la gaieté, a toujours cru au projet de documentaire. Et le résultat parle de lui-même : parlant, vivant…
Le documentaire est apprécié pour sa beauté. Apprécié, aussi, pour les ponts qu’il jette entre les cultures, à travers l’art. «Je suis un fonceur», a rappelé Zale dans l’une de ses interventions dans le documentaire. Fonceur, dans le sens de découvreur d’univers culturels parallèles à celui sénégalais, mais que la passion pour les belles notes et les mélodieuses partitions, se charge d’arranger dans une osmose musicale. L’une des séances de répétition qui traversent le film en témoigne. On y perçoit un rastaman aux anges mimer et fredonner des airs de percussions africaines qu’un batteur et une claviériste japonais arrivent à reproduire avec leurs différents instruments de prédilection. Les cultures se marient alors, et Zale charrie, tout en sourire, ses frères d’art qu’il rebaptise «africains-japonais».
Et, c’est dans Comme un air de famille que le public a suivi la production de Pochon, riant des drôleries de Zale, applaudissant ses prouesses musicales en compagnie de son fils, lui aussi devenu musicien par la force de son admiration pour son père. Ce documentaire, selon sa réalisatrice qui a passé un mois en immersion avec les artistes, est le fruit du hasard des rencontres. Avec ceci de constructif, à l’en croire : «la relation entre la France et le Sénégal est parfois houleuse et difficile, marquée par un passé colonial qui a laissé des blessures. Et j’avais envie de découvrir d’autres échanges entre cultures», dit-elle, en insistant sur le fait que «l’art est un outil d’apaisement entre les peuples». Pour elle, «c’est possible que les choses se passent vraiment bien»…
Artistes, de père en fils
…Et elles semblent s’être bien passées, au Japon, ce «terrain neutre» où se sont côtoyées différentes cultures liées par la musique. Entre «fun», «arigato» («merci» en langue japonaise), «together» («ensemble» en anglais), ces mots de langues différentes sans oublier celles wolof et française, le documentaire a su faire ressortir l’aspect rassembleur de l’art, tourné qu’il a été dans plusieurs dialectes. Comme un air de famille, c’est aussi la complicité entre «un père qui commence à sentir qu’il vieillit un peu et un fils qui commence à maîtriser complètement son art», selon les mots de Caroline Pochon. L’histoire d’une transmission «à la fois artistique et émotionnelle, de père en fils». Emouvant ! Aussi émouvant que la chanson de Zale dédiée à son fils et les témoignages bienveillants du premier qui ont arraché des larmes de joie au second. Assane est guitariste, fils de guitariste et petit-fils de guitariste. Un legs bien conservé dans cette famille de griots de Yoff, mais transmis avec rigueur, comme a tenu à le préciser Zale.
Parlant du documentaire, ce dernier manifeste la fierté qu’il a d’avoir été suivi pendant un mois par la réalisatrice qui alterne scènes de répétition, de concert et de communion entre les différents acteurs. Fierté, parce qu’aussi, «ça va donner l’occasion aux jeunes musiciens de rêver et de se dire que tout est possible dans la vie». De rajouter que «c’était exaltant de sillonner les coins du Japon». Baba Diop, critique de cinéma présent dans la salle de l’Institut français, n’a pas manqué de relever l’absence de sonorités japonaises dans les chansons qui colorient le documentaire. A une telle interpellation, Zale Seck répondra qu’en effet, il travaille sur un projet dans lequel non seulement les sonorités japonaises résonneront mais, où il va même chanter en japonais…