«LES AUTRES COLLEGES N’ONT PAS VU QU’IL Y A UNE PERTINENCE A ENTAMER UNE SEQUENCE CONFLICTUELLE…»
EXPRESS…El Cantara Sarr, Sg du Siens, membre du G7

La sainte alliance s’est-elle fissurée ? Cette année, la grève des enseignants est marquée par une séparation au niveau du G7 dans le déroulement des plans d’actions. Et aussi sur la plateforme revendicative. Contrairement aux années précédentes, il a été constaté que le Saemss et le Cusems, qui sont membres du G7, ont décidé de faire cause commune en déroulant leurs plans d’actions sans les autres structures du groupement, les syndicats les plus représentatifs du système éducatif. C’est le collège des enseignants du moyen-secondaire : le G2. Et il reste les autres comme les enseignants de l’élémentaire et les inspecteurs de l’éducation, qui constituent le G5. Dans cet entretien, El Cantara Sarr, Secrétaire général du Syndicat des inspecteurs de l’éducation nationale du Sénégal (Siens), apporte des explications sur cette différence dans la démarche.
Cette année, on a remarqué dans le cadre de la lutte pour le respect des accords avec le gouvernement, une séparation au sein du G7 dans le déroulement des plans d’actions. Qu’est-ce qui explique ce changement ?
A partir des élections de représentativité, on a décidé de cheminer ensemble, par moment, il y a eu des différences de points de vue, d’approches, de stratégies et de méthodologies. A chaque fois, le groupe a essayé d’harmoniser pour aller dans la même direction. Il faut aussi dire que l’homogénéité de l’entité n’a pas été constante dans le temps parce qu’à un certain moment, le Siens (le syndicat des inspecteurs) avait entamé un mouvement de grève et porté ses préoccupations tout seul, sur une séquence temporelle. Cepen¬dant, conformément aux principes que nous avions édictés ensemble, qui structurent notre code d’éthique par solidarité sur des questions spécifiques, une unité d’actions sur les questions transversales, les autres se sont intéressés à notre problématique. Par moment, ils nous ont soutenus et nous avons organisé une marche nationale et d’autres activités. Nous avons déposé un mémorandum auprès du gouvernement, il a été consigné par ces différents syndicats. Il y a une philosophie qui structure notre être ensemble. C’est sur ce principe qu’on comprend bien pourquoi le collège moyen-secondaire, à un certain moment, a senti pour des raisons qui lui sont spécifiques, la nécessité de commencer à entamer des plans d’actions. Les autres, qui sont dans les autres collèges préscolaire-élémentaire et corps de contrôle, à ce moment-là, n’ont pas vu qu’il y a une pertinence à entamer une séquence conflictuelle par le biais de la grève. Parce que nous pensions, à ce moment-là, au mois de novembre, qu’il était beaucoup plus prégnant de se concentrer sur comment conforter le mécanisme de dialogue et de concertation dans le monitoring que nous avions tant réclamé. Nous devions nous focaliser sur l’objectif de faire évoluer nos préoccupations dans le cadre du mécanisme qu’il faut conforter, parce que nous sommes d’une ligne syndicale qui pense aussi que la grève doit être l’ultime recours. C’est après avoir exploré toutes les possibilités, tous les mécanismes, qu’il faut aller en grève. Mais, nous n’avons pas été compris. Nous avons débattu de cette question et n’avons pas été sur la même ligne. C’est ce qui explique cette différence dans le séquençage des plans d’actions qui ont été lancés.
Est-ce ce que cette démarche n’a pas cassé votre mouvement ?
Je rappelle que c’est dans le monitoring que nous avons réussi à faire opérer au gouvernement, ce virage qui consiste à vouloir adresser sérieusement la problématique du système de rémunération et des corps des administrateurs scolaires. Cela a abouti aux rencontres que nous avons vues et à la proposition sur le système de rémunération et le corps des administrateurs scolaires que nous avons évalués ; nous avons fait des contre-propositions, un document d’une quarantaine de pages produit, chiffré et documenté. Et le gouvernement sait maintenant ce que veulent les syndicats et nous attendons sa réaction. Les 7 syndicats seront autour de la table, ils feront de leur mieux pour aller dans la même direction. Il n’y a pas ce clivage qu’on voudrait faire percevoir, entre les différents collèges.
Mais avec cette séparation, le Saemss et le Cusems d’un côté et de l’autre, le G5, le gouvernement vous reçoit séparément…
Le gouvernement considère les 7 syndicats représentatifs, il ne fait pas de différence entre les collèges. Ces derniers ont la responsabilité de mener toutes les séances de négociations. Dans ce cadre, toutes les parties sont entendues dans les propositions qui sont faites. Le gouvernement a considéré toutes les propositions, qui ne laissent aucun travailleur du secteur en rade. Nous considérons que c’est un système unique. C’est pour des raisons pratiques que nous avons plusieurs paliers, mais tous doivent concourir à faire en sorte de rationaliser la négociation collective, le dialogue social, promouvoir le métier d’enseignant et faire en sorte que les travailleurs du secteur soient mieux entendus. Nous sommes focalisés sur la prise en charge des préoccupations. Les différences sont normales. C’est cela aussi la démocratie.