VIOLENCES FAITES AUX FEMMES DURANT LE CONFINEMENT, LE SÉNÉGAL A ENREGISTRÉ PLUS DE 1000 CAS
Les violences à l’égard des femmes ont considérablement monté en flèche durant le confinement dans le monde.
Les violences à l’égard des femmes ont considérablement monté en flèche durant le confinement dans le monde. Et le Sénégal n’a pas été épargné par le phénomène puisqu’il a enregistré plus de 1000 cas de violences. C’est la principale information livrée hier lors d’un atelier de formation sur les instruments de protection des droits des femmes et de la loi criminalisant le viol. Une rencontre organisée par le collectif «Dafa doy», en partenariat avec Osiwa.
Les droits des femmes au Sénégal ont connu ces dernières années des améliorations significatives sur le plan juridique et institutionnel. En effet, les organisations de la société civile de femmes (Osc/f) mènent une lutte acharnée pour protéger les droits fondamentaux et particulièrement ceux des femmes. Cette démarche a conduit les autorités étatiques à prendre un certain nombre de mesures condamnant les pratiques violant leurs droits. Cependant, il existe encore des discriminations et des violences à l’égard des femmes malgré les textes nationaux et internationaux adoptés ou ratifiés par le Sénégal.
L’ampleur de ces violences et le désir de les éradiquer ont poussé l’Etat du Sénégal à adopter, en janvier 2020, la loi 2020-05 criminalisant le viol et la pédophilie. Un phénomène auquel font aujourd’hui face toutes les couches de la population, notamment les jeunes, les femmes et même les personnes du troisième âge. L’alerte est du chargé des organismes régionaux et internationaux à Osiwa, Ibrahima Kane qui estime que le contexte sénégalais, du point de vue légal, pose beaucoup de difficultés d’actions aux organisations de femmes. «Car, elles ne peuvent pas se constituer partie civile lorsque des femmes sont victimes de violences», se désole-t-il. C’est pourquoi, il trouve que les organisations de femmes devraient nécessairement, dans le cadre de leurs actions, commencer à discuter avec l’Etat de la mise en place d’une législation qui leur permette de suppléer les victimes lorsque ces dernières sont dans l’incapacité d’agir en leurs noms propres.
«LA LOI SUR LA CRIMINALISATION DU VIOL A ETE ADOPTEE DANS LA PRECIPITATION»
Pour Ibrahima Kane, il urge de faire de loi sur la criminalisation du viol un bon usage. Toutefois, il considère que cette disposition a été adoptée dans la précipitation. «Et elle s’attache beaucoup plus à gérer le coupable qu’à assister la victime», relève Monsieur Kane qui n’a pas manqué d’énumérer beaucoup de points sur lesquels les victimes sont laissées à elles-mêmes. «Il s’agit de protection de la victime au niveau de la société et de sa prise en charge psychologique entre autres. La question du viol est tellement complexe qu’il ne s’agit pas seulement de mettre le bourreau en prison et de s’arrêter là», affirme-t-il. A propos de la hausse des violences pendant le confinement, Ibrahima Kane souligne que «nous sommes dans une société où toutes les questions liées au viol sont souvent cachées au sein des familles».
Chargée de la communication du collectif «Dafa doy», Awa Tine renseigne que plus de mille cas de violences faites aux femmes ont été enregistrés pendant la période de Covid-19. «Et 70 à 80% sont des actes posés par les hommes à l’égard des femmes. Donc, cela prouve que les violences existent dans notre pays», indique-t-elle. En effet, les violences subies par les femmes constituent un frein important à leur épanouissement, des atteintes à leur autonomie, une entrave à de nombreuses initiatives et opportunités en matière de lutte contre la féminisation de la pauvreté. Elles ont principalement lieu dans les couples, selon elle, dans les familles, les lieux de travail, les quartiers, et toutes impactant considérablement dans leur punition. «Les violences faites aux femmes ont de nombreuses conséquences négatives sur leur santé et leur bien-être. Les conséquences de cette violence peuvent s’avérer fatales.»