«LES CONSTITUTIONNALISTES INTERPRÈTENT COMME L’HOMME DE LA RUE»
Abdou Latif Coulibaly estime qu’il n’est écrit nulle part une obligation d’installer immédiatement une nouvelle équipe gouvernementale et s’attaque aux constitutionnalistes qui pensent que l’actuel gouvernement n’est ni légal, ni légitime

Invité de l’émission «Jury du Dimanche (Jdd)» sur «iRadio», le secrétaire général du Gouvernement a été interpellé hier sur le débat autour du maintien du gouvernement alors que le poste de Premier ministre a été restauré entre temps. Abdou Latif Coulibaly estime qu’il n’est écrit nulle part une obligation d’installer immédiatement une nouvelle équipe gouvernementale et s’attaque aux constitutionnalistes qui pensent que l’actuel gouvernement n’est ni légal, ni légitime.
La légalité de l’actuel gouvernement du Sénégal est sujette à débat. Certains estiment que la restauration du poste de Premier ministre signe l’arrêt de mort de l’équipe dirigeante qui officiait jusque-là. Et parmi ceux qui défendent cette thèse, on peut citer le constitutionnaliste Ngouda Mboup qui soutient que les ministres sont démissionnaires depuis que la loi a été promulguée, surtout avec le principe de l’effet immédiat. Interpellé sur la question hier sur «iRadio», le secrétaire général du Gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, a indiqué qu’en tant que professeur de droit, Monsieur Mboup est dans son rôle de commentateur. «Il ne dit pas le Droit. Il donne une position politique. Chacun peut donner une position politique. Il n’y a nulle part où il est écrit ce que défend Monsieur Mboup. Les constitutionnalistes interprètent comme l’homme de la rue», a-t-il martelé.
A la question de savoir pourquoi avoir adopté la procédure d’urgence pour rétablir le poste de Premier ministre, Latif Coulibaly répond que c’était juste pour aider à faire inverser l’agenda de l’Assemblée nationale. Poursuivant, il affirme qu’il n’y a pas d’obligation de type catégorique dans l’immédiat. «Le décret d’application du Premier ministre, c’est évidement celui de sa nomination. Combien de lois sont votées dans tous les pays, sans que leurs décrets d’applications ne soient votés dans l’immédiat. L’absence du Premier ministre n’a jamais empêché l’Etat de fonctionner normalement», a-t-il argué. Lors de l’émission JDD hier, la possibilité d’avoir un gouvernement d’union nationale a été soulevée. Sur ce, Abdou Latif Coulibaly indique qu’il n’a jamais vu un gouvernement d’union nationale naitre dans un contexte comme celui du Sénégal.
A l’en croire, de telles situations n’interviennent que dans des contextes de crise majeure comme la guerre ou une transition politique. Par contre, il soutient qu’il y a au Sénégal un gouvernement de majorité présidentielle élargie depuis 2012 et consolidé depuis 2020. Par ailleurs, la montée en puissance de l’opposition et les forces éparpillées du pouvoir lors des dernières élections locales poussent certains observateurs à relever une possible cohabitation à l’issue des législatives si la tendance se poursuit. Mais selon Monsieur Coulibaly, en politique, il faut toujours partir avec le principe qu’une élection n’est jamais gagnée d’avance. «Vous introduisez l’hypothèse qu’il peut y avoir une cohabitation. A partir de ce moment, vous travaillez pour l’éviter. Personnellement, je n’ai pas de craintes par rapport à ce que nous avons prouvé lors des dernières élections», soutient-il.
En revanche, il affirme qu’il n’est jamais naïf pour penser qu’une autre élection sera d’emblée gagnée. C’est pourquoi, il appelle à travailler sérieusement pour avoir la majorité au Parlement. « Si vous êtes dans la crainte, vous ne travaillez pas. Mais quand vous êtes dans le réalisme, vous posez des hypothèses de travail et vous y allez. C’est ainsi que l’on doit fonctionner si on est dans l’action politique», déclare Abdou Latif Coulibaly.
Pour lui, il faut se donner les moyens stratégiques qui permettent d’éviter une cohabitation. «Oui, cette hypothèse de cohabitation est sur la table. Mais pas de crainte», tranche le nouveau maire de Sokone.