AU SÉNÉGAL, UN ADULTE SUR TROIS SOUFFRE DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE
Kaolack, l'épicentre de la maladie accueille les activités de cette année
Aujourd’hui, il urge de « bien connaître sa tension artérielle, la contrôler pour mieux vivre»! C’est le thème choisi à l’occasion de la journée du 17 mai, célébrée à Kaolack pour éduquer et sensibiliser sur la maladie qui prend de l’ampleur au Sénégal où 1 adulte sur 3 est hypertendu. Les cardiologues exigent un suivi continu pour éviter les complications de la maladie qui peuvent provoquer la mort.
L’hypertension artérielle gagne du terrain au Sénégal où un adulte sur trois est hypertendu et un nombre important qui ne sait pas qu’il a la maladie. Encore que seuls 2 patients sur 10, parmi les cas diagnostiqués, suivent un traitement adéquat, selon les cardiologues sénégalais de la Sosecar (Société sénégalaise de cardiologie). Ces professionnels du cœur estiment qu’un adulte sur 3 est hypertendu et que 2 sur 3 ignorent leur maladie encore que la majorité des cas diagnostiqués hypertendus, 8 sur 10 parmi eux ne sont pas vraiment traités. Il faut dire que 9 hypertendus sur 10 sont mal contrôlés avec la tension qui reste élevée avec un risque majeur de complication telle qu’un AVC, une insuffisance rénale, un accident cardiaque, un malaise, une mort subite... « En 2015, le ministère de la Santé a mené une étude qui a montré une prévalence à 29,8% avec 46% des patients qui se savaient hypertendus, mais «malheureusement, les patients contrôlés étaient aux alentours de 8% », a révélé le chef de service de de la cardiologie de l’hôpital régional de Kaolack. La capitale arachidière, où la courbe des cas monte, a aujourd’hui atteint un niveau inquiétant.
Dans cette structure sanitaire, « près de deux tiers des activités, pour ne pas dire des admissions en service de cardiologie, relèvent de l’hypertension artérielle et de ses complications tels que : l’infarctus du myocarde (crise cardiaque), l’insuffisance cardiaque, les AVC...», a fait savoir Dr Souleymane Thiam. Le chef service cardiologie de l’hôpital régional de Kaolack considère que « Kaolack est un cas particulier. Surtout avec son eau très salée». Du moins, au niveau de ce service de cardiologie, « c’est le repère, et on se rend compte que deux tiers de nos activités tournent autour de l’hypertension avec 67,71% de patients hypertendus. Soit hypertension simple soit hypertension compliquée d’AVC, infarctus ou insuffisance cardiaque». Une situation qui justifie d’ailleurs le choix de cette région du Saloum pour abriter les activités de l’édition 2022 de la journée internationale de l’hypertension artérielle.
Hypertension, la maladie la plus répandue dans le monde
L’occasion a permis aux acteurs impliqués dans la prise en charge de l’HTA de discuter des grands défis liés à cette pathologie. Et c’est pour aider à «connaître sa tension artérielle avec précision, la contrôler, vivre plus longtemps»! C’est d’ailleurs le thème choisi cette année! Lequel sujet permet de prévenir, à travers le dépistage, et en cas de diagnostic positif, accepter sa maladie, la contrôler en la mesurant régulièrement pour une espérance de vie plus longue. Réputée être la maladie la plus répandue à travers le monde, l’hypertension artérielle touche plus d’un milliard et demi de personnes à travers le monde.
Selon le cardiologue et médecin du sport, Dr Mbaye Paye, les Américains l’assimilent à un «tueur silencieux». Car, et comme l’explique le coordonnateur du groupe de travail sur l’hypertension artériel à la Société sénégalaise de cardiologie (Sosecar), Dr Mounir Dia, l’existence de l’hypertension est un terrain qui favorise d’autres complications cardiovasculaires comme les AVC (paralysie, difficulté à parler...), qui expose à la survenue de la maladie du rein, cause d’insuffisance rénale chronique. «La majorité des insuffisants chroniques sont dues à l’hypertension artérielle», dit-il non sans faire état d’un autre élément «plus grave», à savoir les complications cardiaques des maladies cardiaques, telles que : les crises cardiaques et certains autres accidents cardiaques pouvant aboutir à l’insuffisance cardiaque (une faiblesse d’un cœur qui n’arrive pas à se contracter normalement. Ce qui fait que les sujets soufflent trop rapidement)».
A côté de ces risques auxquels sont exposés les sujets hypertendus, il y a certains facteurs qui touchent les yeux. Parce que, «l’hypertension artérielle peut toucher l’intérieur des yeux jusqu’à atteindre la cécité qui peut parfois être définitive», a prévenu le cardiologue d’après qui l’hypertension touche et attaque des organes nobles tels que le cœur, le cerveau, les reins, les yeux, très importants dans le fonctionnement de l’organisme. D’où l’importance du traitement eu égard à la gravité de cette pathologie dans certains cas lorsqu’elle n’est pas bien traitée. « Il est important de savoir que lorsqu’on prend en charge correctement l’hypertension artérielle, quelles que soient les complications, on arrive à bien la maitriser, bien la contrôler, bien normaliser les chiffres de tension pour protéger les sujets aux complications». C’est tout le sens du traitement continu pour éviter la survenue d’autres choses qui pourraient causer des complications à l’hypertendu. « Le traitement est très long, c’est une maladie chronique, mais ne pas jamais être arrêté même si on arrive à bien la contrôler. C’est un traitement continu pour être tout le temps protégé», a insisté le spécialiste du cœur, Dr Dia.
Selon, le praticien, la prise en charge commence déjà par une hygiène de vie en ayant une activité physique régulière, une alimentation saine et équilibrée. «C’est en second lieu que viennent les médicaments qui, assez souvent, n’est qu’un seul médicament par jour, et le sujet est protégé. Car on arrive à bien maitriser cette hypertension contre ces complications», a-t-il indiqué tout en ajoutant que le traitement ne doit pas être arrêté. La règle reste le traitement continu pour éviter les complications et vivre longtemps. C’est la prescription donnée par le coordonnateur du groupe de travail sur l’hypertension artérielle de la Société sénégalaise de cardiologie, Dr Mounir Dia. Il considère que la prise en charge correcte de la maladie va permettre d’éviter les complications.
Parlant de prévention, les cardiologues sénégalais ont communiqué pour dire qu’il faut toujours faire 30 minutes de marche, manger moins gras, moins sucré et moins salé. C’est d’avoir une alimentation saine et équilibrée et éviter le sédentarisme en faisant régulièrement une activité physique.