BABA WONE OU LES CONFIDENCES D'UN TROSKAR REPENTI
De la Révolution intellectuelle et culturelle au Sénégal
L’ancien ministre de la Culture et ex-ambassadeur du Sénégal au Canada, Amadou Tidiane Wone, invité de l’émission «Grand jury» de la RFM, explique le sens de son dernier ouvrage, «Résistance». L’écrivain prône une « révolution intellectuelle et culturelle» et invite au débat de fond.
Ancien étudiant marxiste Amadou Tidiane Wone s’interroge dans «Résistance» sur le bilan de 50 ans des indépendances en Afrique, sur ce que sont devenues l’élite politique et intellectuelle d’alors, ainsi que sur l’avenir du système éducatif. L’écrivain ne cache pas sa déception mais s’abstient d’accuser. Tidiane Wone dit simplement vouloir susciter le débat puisqu’il y a urgence de faire «une résistance culturelle et intellectuelle».
«50 ans après les indépendances, dit-il, je me rends compte qu’il y a comme du sur-place, que nous avons exploré beaucoup d’avenues au plan politique, mais que la réalité de nos peuple n’a pas, pour autant changé », «Je me pose la question et je cherche à ouvrir, et à alimenter le débat. Quand on convie à un débat, il faut poser sur la table quelques questions, quelques idées, quelques piste de réflexions », a poursuivi l’écrivain dans l’émission dominicale de la radio Futurs Médias (RFM).
Insatisfait de 50 ans de gouvernance, Baba annonce son entrée en politique, non pas en créant un parti politique parce qu’il en critique la pléthore, mais en prenant des initiatives. «Je compte lancer un mouvement de réflexion, un vaste rassemblement autour d’un projet, d’un facteur clé », promet-t-il.
De son point de vue, la résistance cultuelle et intellectuelle permettront de résister aux sirènes de la domination de l’Occident à laquelle l’Afrique est encore soumise. Le message de cet ouvrage au titre évocateur, devrait donc nous pousser à « résister contre nos peurs intérieurs et n’avoir pas peur d’imaginer l’inimaginable», estime l’auteur.
Bien qu’étant lui-même ancien marxiste-léniniste, Tidiane convient que lui et toute sa génération qui se sont revendiqués de ce courant politique se sont plantés mais «de bonne foi». «Je pense qu’ils étaient sincères», admet-il. Tout en assumant son passé de trotskiste, Baba Wone reconnait que «le marxisme- léninisme a sombré». L’auteur écrit que le marxisme-léninisme, ce courant politico-philosophique est «la plus grosse escroquerie intellectuelle du 21è siècle».
Sur un autre plan, l’écrivain marque son étonnement face à certaines alliances du champ politique sénégalais aujourd’hui, alors même qu’il y un passé qui méritait avant tout élucidation, à son avis. «Il y avait dans ce pays des assassinats politiques et ont fait comme si rien ne s’est passé. Il y a des tas de martyrs qui sont des victimes politique». (Aujourd’hui), tout le monde se retrouve. Quand vous voyez aujourd’hui les coalitions, vous vous demandez qu’est ce qui ces gens font ensemble ? », s’interroge l’ancien diplomate, faisant allusion à la coalition «Benno Bokk yaakar», coalition hétéroclite composée de libéraux, de socialistes, d’anciens trotskistes… qui a porté le président Macky Sall au pouvoir en février 2012.