LA SATIRE RENAIT AVEC «LE POLITICIEN»
Après 25 ans d’hibernation, le journal «Le Politicien» est réapparu sur le marché le 29 juillet dernier, relançant ainsi ses activités.
Après 25 ans d’hibernation, le journal «Le Politicien» est réapparu sur le marché le 29 juillet dernier, relançant ainsi ses activités. Couplé à un site internet qui n’est pas la réplique du journal mais son complément, d’après son directeur de publication, Pape Samba Kane, le premier numéro de l’hebdomadaire satirique est déjà en ligne sur Le Politicien.sn mais aussi dans les kiosques.
«La réapparition du Politicien dans l‛espace médiatique à la veille de la fin de la campagne des Législatives du 31 juillet 2022, dans une ambiance rappelant le contexte historique de l‛émergence des précurseurs de la liberté dans les médias populaires, annonce la renaissance d‛un journal qui fut un des organes de presse les mieux informés de son époque, les plus craints des hommes et femmes exerçant le pouvoir, et de franges importantes de l‛opposition », a écrit Mamadou Sy Albert, Conseiller éditorial du nouvel hebdomadaire satirique, dans son numéro 000 du vendredi 29 juillet 2022, qu’il a intitulé «La renaissance du Politicien. Préserver l’héritage.» Ce journal, précurseur de la presse libre, indépendante et de l’analyse du champ de la politique, fondé en 1977 par Mame Less Dia, a connu beaucoup de péripéties avant de s’arrêter définitivement, il y a 25 ans. Aujourd’hui, Le Politicien réapparaît à nouveau dans le paysage médiatique sénégalais.
25 ans après…
L’histoire de ce journal semble être assez singulière. Elle peut se confondre avec la personnalité de son directeur de publication, qui se trouve être aujourd’hui, Pape Samba Kane, journaliste de la presse satirique et politique, écrivain et essayiste. Son nom a été un temps synonyme de portraits corrosifs qu’il brossait des hommes politiques dans les pages du Cafard libéré. Selon lui, ce pays mérite un pareil journal pour animer davantage le débat public. «Nous pensons et nous ne sommes pas les seuls, que ce pays a besoin d’un journal satirique. C’est un pays démocratique, multi-partisan et où la presse est plurielle, libre et indépendante depuis très longtemps», soutien Pape Samba Kane qui a fait ses premières armes de journaliste dans cette rédaction du Politicien à partir de 1980 avant de fonder le Cafard libéré avec des amis.
Hommage à Mame Less Dia
PSK comme on l’appelle familièrement, rappelle qu’au Sénégal, depuis 1977, de nombreux journaux satiriques ont été créés (Le Politicien, Le Cafard libéré, La Vache qui rit), mais ils n’ont pas vécu longtemps. «On s’est retrouvés aujourd’hui avec une démocratie devenue plus vieille et beaucoup plus expérimentée. Comment nous sommes-nous retrouvés avec un pays sans journal satirique depuis plus de 25 ans ?», s’interroge-t-il. Selon lui, la demande existait parce que le manque était là et ce vide-là, dit-il, il fallait le combler.
Reçu sur Le Politicien.sn jusqu’au prochain numéro où il sera crypté en iBook et vendu dans les kiosques en tant que papier, Le Politicien a trouvé son slogan : «La démocratie commence par la liberté de la presse.» Pour le journaliste Pape Samba Kane, le journal est sorti avec l’idée de faire comme le faisait Mame Less Dia. L’esprit demeure le même. «Nous avons la même tonalité satirique ouverte pour faire le même journal dans un contexte différent. Donc nous avons fait recours au passé mais nous ne sommes pas dans un retour au passé. Et le premier signe de cela, c’est que ce journal est couplé à un site internet qui n’est pas la réplique du journal mais qui est son complément», explique-t-il.
A travers ce journal qui est aussi en version électronique, sur internet où les lecteurs peuvent accéder à des dessins, à des textes plus ou moins amusants, PSK rend un hommage à Mame Less Dia. «J’ai autant de raisons que de rendre hommage à Mame Less Dia. Sans lui, je ne serais pas entré dans cette profession qui m’a donné beaucoup de satisfaction», a-t-il évoqué. Ce journal raille les hommes de pouvoir, donc les politiciens. «Ce que nous voulons faire, c’est d’amener dans le débat public, un autre discours que celui qui l’a envahi et qui nous mène à des événements sanglants», témoigne-t-il.