CES FREINS À L’AUTONOMISATION DES FEMMES
Un forum de l’entrepreneuriat féminin et la place des femmes dans la relance post-Covid-19 au Sénégal et au Burkina Faso s’est tenu, lundi, à Dakar. Occasion pour échanger sur l'émancipation de la femme.
L’émancipation économique des femmes se heurte à des obstacles sociaux. Un forum de l’entrepreneuriat féminin s’est tenu hier à Dakar sur la place des femmes dans la relance post-Covid-19 au Sénégal et au Burkina Faso. Et une étude sur l’autonomisation des jeunes femmes de Guédiawaye a été partagée à cette occasion.
Un forum de l’entrepreneuriat féminin et la place des femmes dans la relance post-Covid-19 au Sénégal et au Burkina Faso s’est tenu, lundi, à l’Agence universitaire francophone (Auf). Une occasion de partager une étude sur l’autonomisation des jeunes femmes à Guédiawaye, menée par l’Université de Québec à Chicoutimi (Uqac). Si les femmes peinent à s’autonomiser, c’est parce qu’elles font face aux défis personnels, familiaux et même structurels.
La recherche avait pour but d’évaluer les attitudes, les normes et les croyances entourant l’entrepreneuriat et le travail décent des jeunes femmes au début et à la fin du projet d’autonomisation des femmes. L’étude a révélé trois types de défis. En ce qui concerne les défis personnels, « ils sont caractérisés par le manque de confiance et de persévérance marqué par la difficulté à faire face aux obstacles, la peur d’entreprendre. Mais aussi la maternité avec le problème de la gestion de l’argent avec notamment les cérémonies, les fêtes familiales et religieuses avec les gaspillages ».
Pour les défis familiaux, d’après toujours le document, « ils se manifestent par des critiques, le manque de soutien, les obligations familiales et la polygamie. Pour les femmes mariées, la belle-famille est un enjeu supplémentaire parce que la belle-mère incite souvent les femmes à rester pour s’occuper du ménage ». Quant aux défis socioculturels, l’étude a montré que le mariage est pour plusieurs « un frein » à l’entrepreneuriat féminin. Les raisons nommées sont : les obligations ménagères, l’assujettissement de la femme, la maternité. Le harcèlement et l’abus de pouvoir sont aussi d’autres obstacles. Cette réalité insécurise les femmes dans leur pratique avec les chantages et les agressions. « L’âge des femmes pose problème puisque les jeunes femmes ne sont pas prises au sérieux. Ce qui fait qu’elles développent une perte de confiance, le découragement, le manque de temps lié à leurs taches ménagères », souligne-t-on.
« Rares sont les femmes qui arrivent à créer des richesses »
Dominique Bizot, professeur à l’Uqac en travail social et président du comité d’organisation du forum sur l’entrepreneuriat féminin, a indiqué qu’il s’agit d’un projet qui se développe depuis plusieurs années. « Il vise l’autonomisation des jeunes femmes du développement de projets entrepreneuriaux et il y a un volet qui s’intéresse au soutien psycho-social des femmes. Il se déroule depuis 2 ans », a fait savoir le chercheur.
En abondant dans le même sens, Rosalie Adouwawi Diop, enseignante chercheure à l’Institut de population développement et santé de la reproduction de l’Ucad a déclaré : « Aujourd’hui, rares sont les femmes qui arrivent à créer des richesses. La plupart du temps, elles gagnent c’est vrai, mais pour la famille, pour le quotidien. Parce que dans ces milieux-là, la plupart des hommes ne travaillent pas ou bien n’ont pas un travail décent, ce qui fait qu’elles ont du mal à créer des richesses. » Face à cette situation, Mme Diop estime que la solution, c’est de voir comment aider ces femmes à sortir de ce cercle vicieux de travail informel.
« Je sais que ce sont des femmes dynamiques qui sont bien entreprenantes qui ont beaucoup de potentiels, si on continue à les organiser, à les renforcer. Et le renforcement ce n’est pas seulement économique, il y aura le renforcement des activités génératrices de revenus mais aussi un renforcement psycho-social du fait que ce sont des femmes qui peuvent aller au-delà du quotidien pour créer des richesses. »