RAPHAËL NDIAYE NOUS QUITTE POUR REJOINDRE SENGHOR
Ce n’était pas qu’un ami. C’était un frère d’âme et de cœur.
Ce n’était pas qu’un ami. C’était un frère d’âme et de cœur. Raphaël Ndiaye qui vient de nous quitter ce jeudi 05 janvier 2023, était une totalité. Il me manquera. Il manquera au Président Moustapha Niasse, à Maître Boucounta Diallo, au Pr Amadou Ly, au Pr Élimane Kane, à Aminata Sow Fall. Voilà la famille de la Fondation Senghor dont Raphaël était à la fois la guitare et l’âme. Il a dirigé la Fondation du grand maitre avec un amour rare. Il se sentait investi d’une mission à la dimension de la pensée de Sédar, de l’exigence de Moustapha Niasse, de la générosité et de l’éclat des membres du Conseil d’Administration de la prestigieuse Fondation dont il tenait le gouvernail. La mort est arrivée. Elle arrive toujours sans agenda et sans permission !
A Fadiouth et Joal, nous présentons nos condoléances ! Vous avez donné de beaux et grands enfants au monde, à la terre : Senghor, Raphaël, parmi d’autres ! Au frère bien-aimé du même sein que Raphaël, l’Archevêque du Sénégal Benjamin Ndiaye, nous présentons nos condoléances émues. A la famille, aux enfants, aux amis d’ici et par le monde, nous sommes à vos côtés. Dans la douleur.
Raphaël, c’était mon poète. Raphaël c’était ma guitare. Raphaël c’était mon Sérère préféré. Il me manquera. Il me manque déjà. J’ai les larmes aux yeux en écrivant cet hommage, car il m’est difficile de croire qu’il est soit vraiment parti. Je te garderais au plus chaud dans mon cœur. Entre poètes, nous nous parlerons et nous savons comment. Nous avons des chemins de nuit et des abris du jour que nous seuls connaissons. Et puis, cher ami Raphaël, tu m’as appris tant de choses ! Le Peul que je suis avait fini par rendre les armes au fascinant Sérère !
Les Sérères ont le charme de tout vous ravir et quand l’incontournable Racine Senghor s’y mêle, tout est perdu ! Avec Senghor, Yandé Codou Sène, Raphaël Ndiaye, Racine Senghor, Pape Massène Sène, Amy makha Diouf la linguère de Fatick Diakhao, c’est un combat perdu d’avance. Rendre les armes à ceux-là si bien-aimés, n’était plus une faiblesse pour un Peul. Il arrive que l’amour et l’admiration vainquent toute résistance ! C’était même reposant, même si Binta Diallo la rebelle bergère peulh, ma douce, belle et immortelle maman, ne rendra jamais les armes. Les Sérères sont avertis et le combat long. Le fils béni a certes fini par céder, mais pas la mère.
Tu resteras avec nous Raphaël. Tu resteras. Les sons de ta guitare inoubliable et de ta voix si douce, resteront en nous, vibrants, comme les chants de Yandé Codou, les poèmes du fils de Diogoye le lion vert. Raphaël, comme tu fus beau, généreux, savant, cultivé, redoutablement armé de ta savoureuse culture sérère, intraitable dans ta foi chrétienne. Tu fus un bel exemple de modestie, d’humilité, de beauté d’âme. Nous t’avons aimé et beaucoup, beaucoup aimé. Dors en paix ! Dors ! Même loin, derrière cet inconnu horizon que tu as rejoint, rien ne saura nous séparer. Notre amitié sera plus forte que la mort. Rien ne la vaincra. Tu te rappelles cher ami quand tu me racontais avec les vieux de Fadiouth et de Joal comment Senghor, tard très tard la nuit, tardait à repartir, venu causer avec les vivants ? Tu m’as tant émerveillé Raphaël, si émerveillé ! Tu te rappelles quand tu me contais la magie des chasseurs et hommes Sérères de la mer ? Tu n’étais pas que Raphaël ! Tu n’étais pas que poète, chansonnier, artiste dans l’âme, archiviste, bibliothécaire sorti des grandes écoles de Paris, philosophe sorti de Panthéon Sorbonne et philosophe nourri aux sources et légendes du terroir natal, ethnolinguiste, homme de radio et combattant des arts et lettres. Tu étais aussi un sage issu et informé des traditions de ta haute et incandescente culture sérère. Merci. Merci de tant de dons partagés. Qui, qui donc prendra le relais ? Difficile !
Pour ce qui nous reste de temps de vie sur terre avant ce que nous espérons être le grand repos, nous tenterons de sauver le patrimoine de la Fondation du grand maitre Senghor, perpétuer ton œuvre. Tu as largement accompli ta part du contrat, mon cher Raphaël ! Mais, même s’il nous arrivait d’échouer - car la tâche est colossale -, nous savons que de là où il dort, Sédar indiquera le chemin à suivre, celui de la victoire. Il a toujours le dernier mot, même sur les vivants. Il veille sur nous dans un temps du monde où nous avons besoin d’héritage rare pour survivre. En effet, « le monde s’en va. Ce ne sont plus seulement les banquises qui s’effondrent, c’est notre cœur. » C’est comme si « nous avons broyé les jambes de « Dieu ». IL ne peut plus faire un pas vers nous ».
Raphaël tu appartenais à un monde fini, vaincu, souillé par d’autres que toi. Celui que tu rejoins ne finit jamais. Il commence et recommence. Il éblouit et il est éblouissant quand des êtres comme toi y arrivent avec leur lumière, leur encens. Tu auras deux tombes : celle que Le Seigneur assigne et celle de notre cœur. Nous veillerons sur les deux, chaque jour, toujours. Raphaël, si cher, la douleur que j’éprouve aujourd’hui avec ta disparition est tellement plus grande que mon pays, ce pays si cher mais si anxieux !
Janvier 2023
Amadou Lamine SALL
POèTE MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FONDATION LéOPOLD SéDAR SENGHOR