«ON NE MONTRE PAS ASSEZ LES ARTISTES DE L’ECOLE DE DAKAR»
Il y a 4 ans que «La Galerie de mon père» a vu le jour. Pour sa fondatrice, Khady Thiam, l’objectif est de valoriser l’art africain sculptural ainsi que l’art africain moderne et contemporain, particulièrement l’Ecole de Dakar.
Il y a 4 ans que «La Galerie de mon père» a vu le jour. Pour sa fondatrice, Khady Thiam, l’objectif est de valoriser l’art africain sculptural ainsi que l’art africain moderne et contemporain, particulièrement l’Ecole de Dakar.
Cette exposition est consacrée à Mbaye Diop, comment avez-vous découvert cet artiste ?
Mbaye Diop, je l’ai découvert en même temps que la collection de mon père, il y a quel¬ques années de ça. Je l’ai dé¬couvert au travers de ses tableaux et de certains témoignages que j’ai pu avoir de mon père et d’autres amateurs d’art. Son univers, le choix des couleurs, les silhouettes, tout ça m’a captivée. Il a un univers très atypique qui est vraiment hors du commun comparé à d’autres artistes. J’aime parfois le comparer à Abou Ndiaye, je trouve qu’ils ont parfois des similitudes sur certaines œuvres. Ce sont mes deux artistes préférés, d’où le choix de deux expositions qui leur ont été consacrées, l’une à l’Atelier de céramique de Mauro Petroni dans le cadre du Partcours 9 et une à la galerie. Mbaye Diop a un univers qui m’a beaucoup frappée. Très diversifié, prolifique dans le choix des couleurs et pas forcément toujours le même univers. On trouve des choses très différentes dans son travail. Cette rétrospective, c’est justement pour montrer aux gens que de 1994 à 2012, il a eu des univers complètement différents. Maintenant pourquoi ? Est-ce que ce sont des périodes de sa vie ? On voit dans certains de ses travaux qu’il est un peu plus «dark», plus agressif je dirais, et d’autres univers où il est un peu plus doux, avec des oiseaux, des silhouettes de femmes et certaines œuvres qui ont des côtés un peu rituels. Et il se considérait aussi, sur une des œuvres qu’on a ici, qui fait presque 3 mètres de haut, comme «le fils de Dieu», donc je pense qu’il a un lien peut-être avec la divinité, les esprits, les génies, et on arrive à le ressentir dans son travail.
Vous avez un intérêt assez marqué pour l’Ecole de Dakar. Pourquoi ?
Première raison, c’est parce que la collection de mon père est essentiellement composée de l’Ecole de Dakar. J’y ai adhèré et je comprends son choix parce que l’Ecole de Dakar, les artistes qui y sont, ont des univers spécifiques, très particuliers. Et avec le temps, j’aimerais pouvoir continuer à mettre en avant l’Ecole de Dakar, remettre en lumière ces artistes qui, je trouve, on ne les montre pas assez. Alors que justement, pour savoir où on va, il faut savoir d’où l’on vient. Et c’est important de continuer à mettre en avant l’Ecole de Dakar.
C’est une époque importante pour l’art contemporain sénégalais et vous pensez que ce n’est pas assez mis en lumière ?
Pas assez. On parle beaucoup des générations actuelles, mais je ne trouve pas assez de l’Ecole de Dakar, de cette génération des années…, j’ai même remonté à 1949 en parlant de Théodore Diouf, cette génération des années 1950, la première et deuxième générations des artistes de l’Ecole de Dakar qui sont pour moi, des artistes majeurs de l’art contemporain au Sénégal, et qu’il est essentiel de ne pas oublier et à qui il faut toujours rendre hommage.
Une partie de la galerie est consacrée aux mas¬ques, représentations…
La galerie met en avant deux arts, l’art contemporain et l’art sculptural africain qui fait partie d’une passion de mon père, essentiellement composé de pièces qui viennent de la Guinée, du Mali, de la Côte d’Ivoire, d’Afrique du Sud, du Burkina Faso, avec toute une déclinaison d’objets, de mas¬ques, de tams tams, des objets rituels, d’immenses statues. C’est assez large comme collection. Mais la clientèle, qui est friande d’objets de ce genre, ce sont surtout les Américains, les Asiatiques et les Européens. Beaucoup moins les Sénégalais. Aujourd’hui, mon vœu pour la galerie, c’est déjà de trouver un plus grand espace pour montrer plus de choses et faire de plus grandes expositions.