«CEUX QUI PENSENT QUE LE SUCCESSEUR VIENDRA FORCEMENT DE L’APR N’ONT RIEN COMPRIS»
Mohamed Moustapha Diagne, président de Synergie Républicaine (SR), souligne que «ceux qui pensent que le successeur viendra forcément de l’APR n’ont rien compris»
Mohamed Moustapha Diagne Citoyen Président de Synergie Républicaine (SR), par ailleurs Directeur de la Formation et de la Communication (DFC) du ministère de l’Education Nationale, a jeté un pavé dans la mare, en abordant la question de la candidature au sein de la coalition benno bokk Yaakaar, pour l’élection présidentielle de 2024. Dans cet entretien, il souligne que «ceux qui pensent que le successeur viendra forcément de l’APR n’ont rien compris».
Le Président Macky Sall s’est finalement déterminé, en déclarant sa non-candidature en 2024. En tant qu’allié, comment avez-vous accueilli ce message ?
Je dois d’abord dire que cette décision ne me surprend nullement. Il avait clairement indiqué qu’il n’allait pas se représenter, même s’il est vrai que son « oui et non » avait jeté le doute dans l’esprit des uns et des autres. Mais nous avons travaillé sur trois hypothèses. La première, c’est qu’il se présente, la deuxième, qu’il ne se présente pas et la troisième, que les élections soient reportées. Finalement, c’est la deuxième hypothèse qui a cours, mais l’essentiel à retenir dans tout cela, c’est que la candidature à une présidentielle, c’est d’abord une affaire personnelle. Il faut être en conciliation avec sa conscience et il est clair que le Président Macky Sall a suivi ce que sa conscience lui a dicté. C’est de ne pas se représenter, pour préserver la paix, la sécurité, faire baisser toute cette tension sous-tendue par une prétendue troisième candidature. C’est une excellence chose et j’imagine que s’il avait déclaré sa candidature, on serait aujourd’hui dans une tension ambiante inutile. Cependant cette non-candidature n’enlève en rien le point de vue justifié selon lequel le Président Macky Sall avait le droit d’être candidat en 2024. C’est clair et net. Il faut souligner d’ailleurs que le Président Abdoulaye Wade, qui était à l’époque dans la même situation, est parti parce qu’il n’avait pas droit à ce troisième mandat. Il est parti parce que les Sénégalais ont pensé à une dévolution monarchique du pouvoir et c’était le combat principal. Tout compte fait, les dés sont jetés et il faut s’en féliciter. D’aucuns disent que le Président Macky Sall a abdiqué, après avoir subi la pression de l’opposition, mais aussi au niveau international. C’est archifaux, c’est des supputations qui relèvent de la météo politique. Ce qui est important, c’est qu’il n’est pas candidat et il faut maintenant fermer cette parenthèse de troisième mandat et que débat politique s’oriente désormais vers les programmes etles plans d’actions
N’avez-vous pas des craintes, quant à la nécessité de trouver un candidat consensuel, capable d’assurer l’héritage au sein de benno bokk Yaakaar ?
Oui, ces craintes existent bel et bien. Depuis 2019 après la réélection, je n’ai pas vu une dynamique d’encadrement d’une relève. Et pourtant, c’est une chose à laquelle on devait penser. Ce qui a manqué, c’est la promotion d’une génération, d’après Macky Sall, comme Me Wade l’avait fait avec les Idrissa Seck, Macky Sall, Fada, Aliou Sow, etc., et cela risque d’être fatal à la coalition BBY. Macky Sall aurait dû également fabriquer de jeunes leaders politiques capables de porter la relève. Si on avait créé à l’époque une masse critique de jeunes, bien encadrés, largement mis à l’épreuve de l’exercice des charges de l’Etat, avec des positions de ministres, de directeurs généraux et autres, avec aussi un appareil politique bien structuré, on en serait pas à la situation d’aujourd’hui. La vérité est de dire que si les mêmes pratiques sont reconduites, le Benno va indubitablement vers l’implosion. En ce qui nous concerne, nous sommes un parti politique, allié au Président Macky Sall et nous n’accepterons pas qu’on nous impose un candidat. Pour le choix du candidat, il urge de susciter le débat, mettre en place des critères très rigoureux en termes d’éthique, de moral, d’expérience professionnelle, de pratique de l’Etat et d’expertise. C’est les conditions qui devraient être mises en place pour désigner le candidat au sein de la mouvance présidentielle. Pour le moment, nous ne sommes pas du tout liés par les propositions agitées çà et là. En tout cas pour la Synergie République, il avait fallu un débat interne de 6 mois pour porter le choix sur le candidat Macky Sall en 2012 et dans le cas d’espèce également, la décision à prendre suivra les recommandations du parti et de la coalition, la grande offensive républicaine.
Mais quelle est concrètement, selon vous, la démarche à suivre pour choisir ce candidat consensuel au sein de BBY ?
Je vois que le Président doit recevoir ce lundi les leaders de la coalition Benno Bokk Yaakaar, mais j’estime qu’il doit surtout recevoir les sous-coalitions. Les rencontres restreintes sont beaucoup plus importantes, pour dégager ensemble un profil et à l’issue de larges concertations. Il faut ensuite des critères partagés par tout le monde
quel est le problème de bbY au point de susciter tant de craintes, quant à la possibilité d’arriver à un candidat consensuel ?
Il s’agit en réalité du Benno des 5, en l’occurrence l’APR, le PS, l’AFP, le PIT, la LD, qui se sont accaparés de la coalition, de l’exercice du pouvoir, de toutes les positions importantes, en laissant des miettes aux autres. C’est pourquoi, il sera extrêmement difficile de concilier les positions. Et même au sein de Benno, tous les partis classiques comme l’AFP, le PS, la LD, le PIT ont déjà implosé et ce phénomène n’épargne pas aussi l’APR. C’est dire que Benno n’a pas fonctionné de manière démocratique et le Président Macky Sall devait s’occuper d’abord de sa coalition initiale, Macky2012, ce qui n’a malheureusement pas été le cas. Le PS, l’AFP, le PIT, la LD ont rejoint la mouvance au second tour de 2012, parce qu’ils n’avaient plus le choix, la victoire du Président Macky Sall ayant été scellée quel que soit le schéma. L’erreur a donc été de négliger le premier socle, c’est-à-dire Macky2012, qui a fini par imploser. Dès qu’on parle de succession, les regards sont généralement tournés vers l’APR. Etes-vous d’avis que le successeur du Président Macky Sall pourrait sortir des rangs des partis alliés ? Si le candidat qui remplit le mieux les critères dégagés est de l’Alliance Pour la République (APR), nous n’aurons aucun problème. Cependant, s’il n’est pas de l’APR, il faut aller voir forcément ailleurs, dans les autres partis alliés. Ceux qui pensent que le successeur viendra obligatoirement de l’APR n’ont rien compris. Cela ne se passera pas comme cela. La question de candidature doit se discuter et si l’APR n’a pas un bon profil, le candidat viendra des autres partis alliés. Je pense d’ailleurs que le Président Macky Sall n’est pas dans ces dispositions-là, car nous le connaissons très objectifs et il ne prend jamais de risques inutiles.
Avant 2019, vous aviez déjà déclaré votre candidature pour 2024, pour gérer le pouvoir après le Président Macky Sall. Etes-vous toujours dans cette même dynamique ?
C’est vrai que j’ai voulu être candidat en 2024, mais en politique, il faut aussi être réaliste. Nous avons tout, sauf les moyens financiers et logistiques, pour supporter une campagne présidentielle. Mais nous allons nous organiser pour 2029 s’il plaît au Bon Dieu, pour être partant. Cette fois-ci, c’est impossible, à moins que le Président nous désigne comme candidat de la coalition, ce qui est très peu probable et à ce moment-là aussi, nous assumerions pleinement nos responsabilités. Ce qui est clair, c’est que, qu’il soit ou non de la mouvance présidentielle, nous aurons un candidat à la Présidentielle de 2024.
Quel est le message que vous lancez à l’endroit des différents leaders de BBY, dans ce contexte actuel ?
Je félicite d’abord très chaleureusement le Président Macky Sall. Il a fait tout ce pour lequel nous l’avons élu en 2012 et réélu en 2019. Il a véritablement jeté les bases d’un pays qui va vers l’émergence, en termes d’infrastructures, d’œuvres sociales. Sur tous les plans, ce pays-là est en train de décoller. C’est aussi avec lui qu’on a découvert et qu’on va exploiter les ressources énergétiques. Il s’y ajoute qu’il a sécurisé le pays, au-regard de ce qui se passe dans le voisinage. Pour le reste, il urge que nous restions unis, dans le cadre d’une grande coalition, pour conserver le pouvoir. Il faut que toutle monde soit généreux, lucide et qu’on évite d’entrer dans des schémas de copinage et d’aller vers la désignation d’un candidat consensuel, pour atteindre l’objectif de conservation du pouvoir. Sinon la mouvance risque d’éclater et dans ce cas, tout devient possible et il est clair qu’il ne serait pas préférable pour certains que la mouvance perde le pouvoir. En ce qui nous concerne, nous poursuivons le travail sur le terrain, nous serons à Mbour le 16 juillet prochain, parce qu’en définitive, ce qui est important en politique, c’est d’être aux côtés des populations, les seules habilitées à donner le pouvoir.