LE DIABETE EN NETTE PROGRESSION AU SENEGAL
Le diabète est en nette progression au Sénégal où la prévalence est de 3,4% avec des disparités selon les régions.
Le diabète est en nette progression au Sénégal où la prévalence est de 3,4% avec des disparités selon les régions. Les spécialistes appellent nos compatriotes à connaitre leur statut, et les diabétiques à accepter et contrôler leur maladie pour mieux vivre avec et éviter les complications qui peuvent conduire conduisent à l’amputation de leurs membres.
Le diabète est une maladie silencieuse qui progresse d’une manière insidieuse. C’est comme une danseuse surprise que personne n’a invitée mais qui décide de rester un moment voire s’éterniser. Cette maladie redoutable est pourtant réputée être l’apanage des pays riches dont les habitants consomment de la mauvaise nourriture. C’était sans doute vrai mais ça ne l’est plus puisqu’elle ne cesse de se développer dans les pays pauvres où sont concentrés désormais 80% des diabétiques dans le monde. Selon les statistiques mondiales, plus de 700 millions de personnes sont atteintes de diabète dont 30 millions en Afrique. L’Afrique subsaharienne est la région africaine la plus touchée. Au Sénégal, l’enquête step 2015 révèle une prévalence nationale de 3,4% chez les adultes. Environ quatre adultes sur 100 sont diabétiques. Le milieu rural est aussi fortement touché. En attendant l’enquête step 2023, qui est en cours, des recherches ont été réalisées dans des régions où la prévalence est montée jusqu’à 6% voire 7%. Certaines régions dépassent même le taux national, d’après le directeur de la lutte contre la maladie, Dr Mamadou Moustapha Diop. C’est le cas à Saint Louis où le taux avoisine les 15% ! Les spécialistes de la santé réclament une unité de prise en charge pour aider les diabétiques à vivre avec leur maladie. A Touba, les médecins sensibilisent sur cette maladie très présente dans la région. La pathologie touche aussi les enfants avec une prévalence très forte. Le plus grave, c’est que beaucoup de personnes ignorent leur statut sérologique. Or, « en 2023, tout le monde doit connaitre son statut », estime le directeur de la Maladie. Dr Mamadou Moustapha Diop a évoqué ce qu’il appelle les «symptômes classiques comme les urines, le soif, la faim...». Il insiste pour dire que le diabète est «une maladie silencieuse. Si tu en es atteint, tu ne ressens aucun signe ni sensation jusqu’au jour où, au cours d’un bilan pour un voyage, par exemple, tu es diagnostiqué. Pour les femmes avec des enfants de 4 kilos ou plus, c’est un signe pour la mère». Pour le spécialiste en santé publique, il doit y avoir dans chaque maison un appareil de mesure appelé glucomètre. Il rappelle tout de même que le dépistage et la confirmation se font aussi à l’hôpital, au niveau des pharmacies et centres de santé qui disposent d’outils de dépistage.
Le diabète, un combat de tous les jours
Pour beaucoup de personnes, le diabète c’est un combat de tous les jours. C’est un sommeil à la qualité aléatoire qui oblige à se lever parfois en pleine nuit. C’est aussi se sentir faible par moments et dans la journée du fait de l’hypoglycémie. C’est un poids qui fluctue vite et qui est à surveiller. C’est aussi le spectre des complications à long terme. La sédentarité, l’obésité, la mauvaise alimentation sont entre autres des facteurs de risque. « Tous ces éléments peuvent faire qu’un sujet puisse développer un diabète avec obésité, gène, un environnement inadapté, la sédentarité, l’inactivité... L’autre aspect, c’est le diabète gestationnel qui fait qu’au cours de la grossesse, la femme se retrouve avec une glycémie élevée qui peut rester toujours élevée même après l’accouchement avant de continuer et devenir un diabète de type 2. Il y a aussi le diabète qui n’est pas équilibré», explique l’endocrinologue, diabétologue et nutritionniste, Dr Ahmadou Fall Cissé. Selon lui, il y a beaucoup de types de diabète mais, bien qu’il y ait beaucoup de types de diabète, dit-il, «l’objectif est qu’il y ait un équilibre de son diabète pouvant permettre de prévenir les complications qui surviennent quand on a contracté la maladie. Pour cela, beaucoup d’éléments peuvent être mis au-devant tels que : l’activité physique, lutter contre l’obésité, revoir l’alimentation. Un bon équilibre avec une bonne éducation thérapeutique pourrait faire que le patient puisse maitriser tout ce qui est thérapeutique, les autocontrôles qui peuvent aider à mieux gérer le malade ». Si tout cela est bien géré, Dr Ahmadou Fall Cissé estime que le diabète est une maladie comme toutes les autres.
Sa collègue, Dr Sokhna Awa Balla Sall, elle aussi endocrinologie, diabétologue et nutritionniste, définit le diabète comme étant «une élévation de sucre dansle sang pendant une longue période. Celle-ci est due souvent à une absence de sécrétion de l’insuline ou à un défaut d’action de l’insuline. C’est une pathologie chronique. Une fois le diagnostic posé, il est définitif. Le terme de «traces de diabète» est beaucoup utilisé par la population maisil y a un terme beaucoup plus adapté, c’est le terme «pré-diabète». Ce qui nécessite une consultation médicale. Que ce soit un état de pré-diabète ou de diabète, l’important est de consulter un médecin pour une prise en charge précoce qui, dansla première situation, permettra d’éviter l’apparition du diabète ou de la retarder. Dans la deuxième situation, cela va permettre d’avoir un diabète qui est équilibré et donc de prévenir l’apparition des complications» confie Dr Sokhna Awa Balla Sall.
D’abord la prévention et toujours la prévention
La prise en charge du diabète, «c’est d’abord la prévention»! C’est en tout cas ce qu’estime le ministère de la Santé qui appelle à l’appropriation des éléments de prévention comme l’alimentation, le sport, mais aussi et surtout le dépistage. Le traitement du diabète de types 1 et 2 passe par une meilleure diététique, des injections d’insuline pour normaliser la glycémie. Une meilleure activité physique est aussi décisive, une pratique du sport plus que conseillée pour éviter à terme des complications cardiovasculaires, une éventuelle cécité voire une amputation. Un combat de tout le temps, de tous les instants pour une vie gagnée.
«Le régime alimentaire aussi. Mais le traitement est accessible. Des comprimés existent dans les dépôts des centres et postes de santé, et les pharmacies. «Il y a de l’insuline, des comprimés, des aliments et les ressources humaines de qualité existent... Concernant le régime, le ministère de la Santé a publié un livret de recettes contre les maladies non transmissibles et qui encourage le consommer local. Quant aux médicaments, et s’agissant plus particulièrement de l’insuline, par exemple, l’Etat a fait passer la subvention de 300 millions à 500 millions de francs. Dans les pharmacies, avec 1000 francs, on peut avoir de l’insuline. Les antidiabétiques oraux sont disponibles au niveau de la PNA et des autres pharmacies, il y a les médicaments génériques. Ce qui reste, c’est le suivi régulier des rendez-vous, le régime, le bilan «cœur, yeux, pieds...» Des examens complets pour contrer toutes légions sur le corps. Parfois, malgré tous ces efforts, il y a des complications qui conduisent à une amputation. Dr Diop déplore le fait que beaucoup de Sénégalais n’acceptent pas le traitement de longue durée. Or, estime-t-il, c’est important cette acceptation de la prise en charge à longue durée. Se voulant rassurant, il estime que « si on suit les conseils des médecins et son traitement, on peut vivre avec le diabète pendant longtemps sans...problème. Jusqu’à... 100 ans ». Toutefois, insiste-t-il, «il faut un comportement à adopter et une adhésion dans le traitement». Il recommande surtout d’éviter la négligence, de respecter son régime partout que ce soit dans la maison, dehors ou à l’étranger.
Il y a aussi un point noir qui nécessite une sensibilisation surtout pour ceux qui refusent la maladie. Sinon, bonjour les dégâts. Le diabète touche malheureusement les organes nobles du corps humain tels que le cerveau, les vaisseaux, le cœur, les reins, les yeux.... Il peut conduire à un AVC, à une crise cardiaque, à une insuffisance rénale avec dialyse, provoquer l’amputation du pied, il est source de cécité si on néglige le traitement ou si l’on refuse d’accepter le traitement parallèle au traitement médical chez les spécialistes de la maladie.
Encore une fois, disent les spécialistes, «tout le monde doit faire le dépistage et connaitre son statut. On doit bien contrôler ce que nous consommons. Malheureusement, au Sénégal, l’alimentation est trop grasse, trop salée et trop sucrée. On prend beaucoup de jus sucrés, trop de charcuterie...». Depuis sa création en 1971, la Journée mondiale du diabète reste un symbole de mobilisation collective. Elle a pour objectif de faire connaitre le diabète, sa prise en charge et les moyens de le prévenir. C’est un rappel à l’importance d’une bonne nutrition, d’un mode de vie actif et d’un soutien aux personnes atteintes de cette maladie diagnostiquée.
La journée mondiale du diabète a été commémorée hier pour sensibiliser à propos de l’impact du diabète sur la santé des personnes et souligner les possibilités de renforcer la prévention, le diagnostic et le traitement cette maladie insidieuse.