ABDOULAYE BATHILY FACE AU CHAOS LIBYEN
Au chevet de la Libye exsangue. Nommé représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en septembre 2022, le diplomate sénégalais redouble d'efforts pour réunir les acteurs libyens autour de la table des négociations. Un pari colossal

Abdoulaye Bathily, l'émissaire de l'ONU pour la Libye, a accordé une interview exclusive à Jeune Afrique ce samedi 25 novembre 2023 dans laquelle il revient sur sa difficile mission de rame- ner la paix dans ce pays déchiré depuis 2011.
"Beaucoup de diplomates avant vous se sont épuisés en tentant de faire dialoguer les différentes forces qui contrôlent la Libye. Le conflit qui a éclaté le 7 octobre entre le Hamas et Israël est-il venu compliquer une mission déjà difficile ?", lui demande le journal. M. Bathily concède que "c'est évident" car les problèmes préexistaient déjà avant l'attaque du Hamas.
Selon cet historien de formation, les ingérences étrangères dans le conflit libyen sont "une réalité" mais servent aussi d'excuse aux responsables libyens pour masquer leurs propres manquements. Il estime que la Turquie, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, l'Egypte, l'Algérie et le Maroc sont les pays les plus influents en Libye, chacun y cherchant à défendre ses intérêts économiques et stratégiques.
Sur le plan intérieur, M. Bathily décrit "un problème sécuritaire" en l'absence d'une armée nationale unifiée, les milices faisant la loi. Sa priorité reste donc "d'organiser des élections dans le pays" afin de doter la Libye d'autorités légitimes, seul moyen selon lui de sortir du chaos. Il semble néanmoins pessimiste face à la réticence des leaders libyens, plus intéressés par "la manne pétrolière" que par la stabilité de leur pays.
Malgré les difficultés, ce diplomate chevronné, rompu aux missions complexes pour l'ONU dans plusieurs pays depuis 2013, entend poursuivre ses efforts pour apporter la paix dans ce pays meurtri, convaincu que les Libyens "méritent de vivre enfin en démocratie".