LE BURKINA CONSACRE LA PRIMAUTÉ DE SES LANGUES SUR LE FRANÇAIS
Ouagadougou vient d'adopter un projet de loi instaurant une bascule inédite dans le pays : les langues locales deviendront officielles au détriment du français. Un changement dans la dynamique de souveraineté promue par la junte au pouvoir
Selon des informations obtenues auprès de l’Agence France Presse (AFP) le jeudi 7 décembre 2023, le gouvernement burkinabè a adopté un projet de loi révisant sa Constitution. Ce texte consacre dorénavant les langues nationales du pays comme langues officielles, reléguant le français au rang de «langue de travail».
Citant le compte-rendu du Conseil des ministres, l’AFP indique que ce projet de loi «s’inscrit dans le cadre de la réalisation d’une des principales missions de la transition qui consiste à engager des réformes politiques, administratives et institutionnelles en vue de renforcer la culture démocratique et consolider l’État de Droit». Parmi les «innovations majeures» figure «l’érection des langues nationales en langues officielles en lieu et place du français qui devient la langue de travail», précise la source.
Plus tôt cette année, le Mali, également dirigé par une junte militaire et dont les relations avec la France sont tendues, avait adopté une révision constitutionnelle similaire. Au Burkina Faso, ce projet de loi doit encore être voté par l'Assemblée législative de transition. Il prévoit également «l’institution de mécanismes traditionnels et alternatifs de règlement des différends», selon l’AFP.
Cette réforme marque un tournant majeur pour le pays, jadis colonie française. Comme l'a déclaré le Premier ministre Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela le vendredi 8 décembre, cité par l’AFP, «L’écriture d’une nouvelle Constitution est une question de souveraineté politique, économique et culturelle. Nul ne peut s’épanouir réellement à partir des concepts d’autrui», faisant allusion à la Constitution française dont le Burkina Faso s'était jusqu'ici inspiré.