«JE SUIS POUR LA MANIFESTATION DE LA VERITE»
Cheikh Tidiane Gadio a donné sa version sur la candidature rejetée de Karim et sur l’audience que le chef de l’Etat leur avait accordée la semaine dernière
Cheikh Tidiane Gadio a donné sa version sur l’audience que le chef de l’Etat leur avait accordée la semaine dernière. « Faux, la question du report n’a jamais été évoquée », jure le candidat recalé, qui préfère «candidat spolié». Le leader du Mpc/L approuve la commission d’enquête parlementaire du Pds sur le rejet de la candidature de Karim Wade et qui vise des membres du Conseil constitutionnel.
Il figure parmi les membres de la délégation du Collectif des recalés reçus par le chef de l’Etat. Invité du Jury du dimanche, hier, Cheikh Tidiane Gadio précise d’abord : «Le mot ‘’recalé’’, dans l’étymologie du dictionnaire Le Robert, c’est quelqu’un qui a échoué. D’accord. Mais nous, on a réussi. Et des gens ont décidé de faire ce qu’ils ont fait, qui est absolument abominable et indigne. Donc nous sommes spoliés.» Cela dit, le président du Mouvement panafricain et citoyen/Luy jot jotna (Mpc/L) estime que le contrôle du parrainage a été «injuste» en ce qui le concerne. «J’ai trouvé des choses pratiquement indignes du Sénégal. C’est un fiasco, il n’y a pas un autre nom», a-t-il fulminé.
«On n’était pas au Palais pour négocier le report des élections»
Cette audience des candidats recalés avec le chef de l’Etat, alors que le Conseil a rendu sa décision, avait fait grand bruit. Ils avaient saisi le Président Macky Sall d’une correspondance pour l’informer de la situation causée par le parrainage, entre autres. Cheikh Tidiane Gadio veut «clarifier certaines choses». Il dit : «Il n’y a qu’au Sénégal que des gens qui ne se sont pas informés correctement, se lancent maintenant dans des divagations intellectuelles, des conjectures, en train de faire des hypothèses. Dès qu’on a annoncé la rencontre avec le Président Macky Sall, j’ai vu de ces écrits hallucinants. Et des gens qui affirment que c’est le report des élections présidentielles qui est à l’ordre du jour. Comme je vous l’ai dit, et je l’ai juré sur le Saint du Coran, et ça pour moi, c’est du sérieux, le mot ‘’report’’ n’a pas été évoqué. Aucune allusion, ni évocation n’a eu lieu par rapport au mot report.» L’ancien ministre des Affaires étrangères sous Wade d’insister : «Nous avions les mains pleines de choses qui nous intéressaient à discuter, plutôt que d’aller faire des spéculations sur un report quelconque. Et pourtant, la presse nous a dit, partout : ils sont allés négocier un report, etc. Ce qui est faux.»
«Je trouve que c’est une bonne chose d’informer Macky Sall…»
Il précise : «En allant le rencontrer au Palais, je vous jure, je ne souhaitais pas que le Président Macky Sall, en recevant notre lettre, essaie d’interférer sur le processus entamé par le Conseil constitutionnel. Un homme d’État ne peut pas souhaiter cela. Cela n’a aucun sens. Parce que votre Constitution dit que le président de la République est la clé de voûte et le garant du bon fonctionnement des institutions de la République. Dans la lettre, ce que j’ai compris, c’est que les gens se disent que si on a atteint ce niveau de crise avec une institution de la République, celui qui est garant du fonctionnement des institutions s’appelle Macky Sall, il faut l’en informer. Même à l’époque, les gens avaient dit que tout cela est commandité par Macky Sall. Je trouve que c’est une bonne chose d’informer Macky Sall.» Il a indiqué qu’ils ont eu avec le chef de l’Etat «une discussion approfondie» sur beaucoup de questions importantes dans la marche du pays. Sur le cas Bassirou Diomaye Faye, Gadio dit : «On lui a dit qu’on ne veut pas avoir un candidat à l’élection présidentielle en prison, comme l’a fait un pays d’Afrique (Ndlr : le Niger avec Hama Amadou), où le candidat est allé au deuxième tour en étant en prison. Parce qu’il a le pouvoir d’accorder des grâces, etc. On lui a dit, dans ce secteur au moins, vous avez la compétence, le pouvoir de faire quelque chose. Nous voulons d’abord apaiser l’espace politique. Il y a trop de prisonniers d’opinion, les prisonniers politiques, ou des gens qui ont commis des infractions, mais qui n’ont pas été jugés rapidement.»
«Si des magistrats accusés sont coupables de quelque chose, ce serait le scandale…»
Après l’invalidation de la candidature de Karim Wade par le Conseil constitutionnel, le Parti démocratique sénégalais (Pds) a mis en place une commission d’enquête parlementaire. Parce qu’il estime que les juges Cheikh Tidiane Coulibaly et Cheikh Ndiaye auraient dû se récuser en raison de leurs «connexions douteuses et de leur conflit d’intérêts». Cheikh Tidiane Gadio trouve que «c’est une bonne chose». «Quand quelque chose n’est pas clair ou quand il y a des soupçons, il faut vider le contentieux. Maintenant, c’est le prestige de notre pays qui est en jeu. J’espère de tout cœur que ceux qui ont proposé cette démarche détiennent des preuves et des informations qui sont avérées. On a déjà eu le scandale du siècle, je crois que c’était le parrainage et la manière dont des milliers de Sénégalais qui ont parrainé ces 73 candidats rejetés, c’est plus de 3,5 millions d’électeurs, des centaines de milliers de Sénégalais qui ont été rejetés. Pour moi, c’est le scandale du siècle. Mais si des magistrats accusés sont prouvés coupables de quelque chose, ça va même effacer l’autre scandale pour en faire un scandale, parce que nos institutions sont remises en cause. Et tout le travail du Conseil constitutionnel jusque-là, sera remis en cause valablement par des citoyens comme moi et d’autres », soutient le leader du Mpc/L. «Je n’ai envie pas de me ranger derrière aucun candidat»
Beaucoup de candidats dont les dossiers ont été invalidés commencent à soutenir ceux qui sont passés. Alors, Cheikh Tidiane Gadio soutiendra qui? «Notre candidat s’appelle Cheikh Tidiane Gadio. Il a été spolié de ses droits de citoyen. J’ai eu beaucoup de demandes de candidats, intrigués mais validés, qui envoient des émissaires. Et je vous dis que c’est eux qui sont dans cette problématique. C’est eux qui pensent que ces élections-là peuvent être valables, peuvent être légales et légitimes. Nous ne le pensons pas. Nous sommes pour la réparation de l’injustice qu’il y a», a-t-il répondu. Il ajoute : «La gravité de la situation du Sénégal fait que l’interpellation première, c’est de sauver le Sénégal. Je ne vais pas me ranger derrière ceux qui sont là avec de grands programmes économiques, qui racontent des choses auxquelles je ne crois pas du tout. Et je n’ai franchement pas envie de me ranger derrière un candidat ? Maintenant, si un candidat se retrouve dans ce que je dis, et si je me retrouve dans ce qu’il dit ou ce qu’elle dit, pourquoi pas ? On pourra trouver peut-être des arrangements».