VIDEOLA CONTESTATION S'INTENSIFIE CONTRE LE REPORT DE L'ÉLECTION
La journée de mobilisation massive initiée par l'opposition et la société civile a donné lieu à des affrontements à Dakar. Des centaines d'étudiants et de professeurs ont débrayé dans plusieurs établissements scolaires de la ville
La journée de mobilisation massive initiée par l'opposition et la société civile a donné lieu à des affrontements dans la capitale Dakar, révélant l'ampleur de la contestation contre la décision du président Macky Sall de reporter les élections de 10 mois.
Dès le matin, des centaines d'étudiants et de professeurs ont débrayé dans plusieurs établissements scolaires de la ville, à l'appel de collectifs citoyens et d'organisations syndicales. "C'est un problème général qui dépasse l'éducation", a estimé Assane Sène, enseignant d'histoire-géographie au lycée Blaise Diagne, haut lieu de mobilisation, cité par l'AFP. "Si le gouvernement ne revient pas sur sa décision, nous serons obligés de mener d'autres actions plus musclées", a-t-il prévenu.
Dans l'après-midi, plusieurs milliers de personnes ont tenté de se rassembler sur l'esplanade de la place de la Nation, épicentre historique des manifestations au Sénégal. Mais les forces de l'ordre ont fermement répondu à cette manifestation interdite en tirant massivement du gaz lacrymogène, selon des journalistes de l'AFP sur place. "La situation est déplorable, on est venu prier et on s’est fait gazer, ce qui est intolérable. Les Sénégalais doivent s’indigner et plus seulement sur les réseaux sociaux", a déclaré Thierno Alassane Sall, candidat à la présidentielle, alors que des affrontements avaient éclaté entre manifestants jetant des pierres et policiers répliquant avec des grenades assourdissantes.
Dans les mosquées également, des imams se sont fermement opposés au report du scrutin. "Même le président peut faire des erreurs et dans ce cas c'est à nous de lui dire la vérité", a affirmé l'imam Ahmed Dame Ndiaye dans son prêche, sous les applaudissements des fidèles. "Personne n'a le droit de regarder le pays être détruit", a-t-il ajouté, rencontrant un écho certain au sein de la population. Après cette mobilisation inédite depuis la décision du chef de l'État, l'opposition, qui crie au "coup d'État constitutionnel", semble avoir gagné la bataille de la rue face au régime.
Dans la soirée, un collectif d'opposants a déposé un recours devant la Cour suprême pour tenter de faire valoir la légalité du précédent calendrier électoral. La journée de contestation a révélé la profondeur du sentiment d'injustice au sein de la société sénégalaise, soulevant des inquiétudes quant à la stabilité future du pays, pourtant réputé pour être un îlot de démocratie en Afrique de l'Ouest.