NOUVELLE DONNE FRANCO-SÉNÉGALAISE
Sonko, mentor de Faye, inquiétait auparavant les autorités françaises par ses critiques virulentes de la "colonisation" et du "néocolonialisme". Mais un rapprochement s'est opéré ces derniers mois par "nécessité de préparer l'avenir"
(SenePlus) - Après l'élection surprise de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal, la France souhaite maintenir des relations constructives avec le pays ouest-africain, malgré les visions divergentes, selon des sources diplomatiques citées par Le Monde.
Dans un appel de près d'une demi-heure vendredi, Emmanuel Macron a signifié au nouveau chef d'État sa "volonté de poursuivre et d'intensifier le partenariat" franco-sénégalais, souligne l'Élysée cité par le quotidien. Dès le 25 mars, le président français avait félicité M. Faye, issu du parti d'opposition Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) et qualifié de "souverainiste".
À Paris, on salue "un scrutin vanté comme un exemple de vitalité démocratique" dans une région secouée par les coups d'État militaires. "Même si un rééquilibrage s'impose, Paris veut conserver avec Dakar des relations apaisées", écrit Le Monde.
Ousmane Sonko, mentor de M. Faye, inquiétait auparavant les autorités françaises par ses critiques virulentes de la "colonisation" et du "néocolonialisme". Mais un rapprochement s'est opéré ces derniers mois par "nécessité de préparer l'avenir", des agents français s'étant rendus à sa rencontre.
"Nous avons expliqué à Paris que nous souhaitions que nos ressources naturelles et humaines nous profitent en priorité. Notre vision souverainiste n'a rien d'extrémiste", assure au Monde un conseiller de M. Faye, dont le parti plaide notamment pour une réforme du franc CFA.
Sur ce point, "la France, premier investisseur et deuxième partenaire commercial, se dit sereine", selon une source diplomatique citée: "Nous sommes plus ouverts que jamais à cette idée".
Si des sujets de friction évidents demeurent, d'autres terrains d'entente sont envisageables, estime Le Monde, comme sur le plan sécuritaire avec le maintien d'une présence militaire française restreinte à Dakar.
Mais "sur certaines questions comme le respect des droits des minorités sexuelles, le Sénégal agira à sa guise", prévient un conseiller cité par le journal, appelant la France à un "partenariat respectueux sans nous imposer un agenda".
Une "période d'incertitude" s'ouvre donc, chaque geste étant désormais "scruté" de part et d'autre après le soutien longtemps apporté par Paris à l'ex-président Macky Sall, dénoncé par les vainqueurs.