L’IMPASSE ECONOMIQUE HERITEE PAR LE PRESIDENT FAYE
Le nouveau régime devra s’attaquer aux attentes sont très fortes, surtout de la part de la jeunesse, de manière efficiente et probante pour ne pas décevoir les attentes légitimes des électeurs.
Le plébiscite du Président Bassirou Diomaye Faye ne souffre d’aucune contestation suite aux résultats de l’élection présidentielle de ce 24 mars 2024, en ce sens que, pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, un candidat de l’opposition arrive à remporter aussi nettement la mise, dès le premier tour. Il convient de souligner que les attentes sont très fortes, surtout de la part de la jeunesse, majorité écrasante de la population qui, faute de capture du dividende démographique, est devenue une bombe sociale incontrôlable dont même l’espoir d’un meilleur avenir a disparu durant ces dernières années de gouvernance de l’ex-Président Sall. Car, il est des chiffres qui rappellent à dessein le lourd héritage économique particulièrement mitigé que devront porter les frêles épaules du Président Faye. Le nouveau régime devra s’y attaquer de manière efficiente et probante pour ne pas décevoir les attentes légitimes des électeurs.
En premier lieu donc, il s’agit de la détresse de la jeunesse. En effet, le chômage des jeunes en 12 ans de régime Sall a doublé, officiellement passant de 12% à 24% de la population, sachant le caractère très informel de l’emploi au Sénégal (97% selon les derniers chiffres de l’Ansd). Cette situation décrit très concrètement le mal-être de cette jeunesse qui, dans l’espoir de l’atteinte du mirage de l’eldorado européen, se jette dans les flots de l’océan atlantique ou dans le désert saharien.
Deuxième enjeu crucial à adresser : la facture de l’absence de souveraineté alimentaire, avec des importations de 700 Mia FCFA par an, rien que pour le riz (347 Mia FCFA), le blé (238 Mia FCFA) et l’huile ‘127 Mia FCFA). La pauvreté reste très forte au Sénégal, malgré la réduction de sa prévalence de 53% en 2012 à 47% en 2023, selon les données de la Banque mondiale. Le panier de la ménagère est très dégradé, avec une inflation (importée) de près de 30% et un pouvoir d’achat sinistré, malgré les promesses des retombées du pétrole et du gaz. La fracture sociale est en effet béante dans le Sénégal de 2024, avec un lumpenprolétariat diffus dans tous les segments de la société.
Enfin, troisième enjeu économique du lourd héritage : l’endettement massif. Sur un PIB de 17 000 Mia F CFA à fin 2023, le taux d’endettement est de l’ordre de 13 000 Mia FCFA, soit un ratio de +76%, largement au-dessus de la norme communautaire. Le mirage d’un développement tiré par des infrastructures de prestige, sur fond d’un endettement massif par un financement conditionné lié, a servi d’éperon à cette folle spirale de la dette : Eurobonds, recours quasi systématique au marché financier, etc. Rien que cette année 2024, le service de la dette est de 1 248 Mia FCFA, pour ainsi dire que, cette poussière sous le tapis de la dette risque d’être un véritable goulot d’étranglement pour un revirement stratégique dans le cadrage macro, car cela demande beaucoup de souplesse de la part de nos créanciers, surtout dans ce contexte de hausse du dollar US et de retour de la belligérance entre l’Occident Collectif et le Sud global, pour paraphraser les penseurs de la géopolitique.
Ce trépied d’enjeux, adossés à la future exploitation du pétrole et du gaz, fait des premiers 100 jours du nouveau régime un moment charnière de notre histoire collective. Il est dès lors à souhaiter que la promesse électorale de travailler avec les meilleures compétences d’ici et d’ailleurs ne se fracassera pas à la Realpolitik du pouvoir au Sénégal, pour une réussite du quinquennat.