VIDEODÉMÊLER LES FILS DE LA DÉSINFORMATION
"Fake news", désinformation intentionnelle, mésinformation involontaire... Samba Dialimpa Badji, spécialiste du fact-checking, explore les nuances de cette nébuleuse. Il évoque également la situation préoccupante en Afrique de l'Ouest
Dans le cadre de sa série "30 minutes avec", Rama Salla Dieng a accueilli Samba Dialimpa Badji, journaliste sénégalais, spécialiste du fact-checking. Leur discussion riche a exploré les nuances complexes autour de la désinformation et les défis du fact-checking en Afrique.
Dialimpa a d'abord clarifié les distinctions entre "fake news", désinformation intentionnelle, mésinformation involontaire et "désordre informationnel" - un terme englobant notre écosystème trouble d'informations vraies et fausses. Une telle conceptualisation a posé les bases pour aborder le sujet de manière nuancée.
S'appuyant sur ses recherches doctorales, le chercheur souligne la présence grandiose de puissances étrangères projetant leurs propres narratifs médiatiques au Sahel et en Afrique de l'Ouest. De la Russie à la Turquie en passant par la Chine, cette « guerre informationnelle » fait rage, sans grande voix médiatique africaine pour contrebalancer.
La récente élection présidentielle au Sénégal ont constitué un cas d'étude frappant. Sur un terrain exceptionnel de désinformation virale, l'initiative collaborative « Saytu » a rassemblé médias et fact-checkers pour tenter de rétablir les faits en temps réel - un modèle à analyser.
Enfin, Dialimpa identifie trois défis cruciaux : l'accès à l'information de base pour les populations, la conceptualisation dans les langues locales, et la démocratisation des outils de fact-checking au-delà des rédactions.
Au croisement du journalisme, de la recherche et de l'engagement citoyen, l'entretien offre un éclairage essentiel sur un phénomène global aux nombreuses ramifications locales.