LE PROJET EN CHANTIER
Alors que Sonko et Diomaye prétendaient disposer d'un document prêt à être exécuté dès leur arrivée au pouvoir, il s'avère qu'ils doivent à présent entamer sa phase rédactionnelle. Le flou persiste sur la teneur réelle de ce fameux "Projet"
Les nouvelles autorités semblent avoir floué tout le monde. Chanté partout, le «Projet», qui devait être le référentiel des politiques publiques du parti Pastef au pouvoir, n’avait aucun contenu existentiel. C’est maintenant que sa phase rédactionnelle débute pour être achevée d’ici octobre 2024.
Le «Projet» naîtra au troisième trimestre 2024. C’est la principale information contenue dans le communiqué du troisième Conseil des ministres de l’ère du président Diomaye Faye. Le Premier ministre l’a révélé dans sa communication hier, lors de la réunion hebdomadaire de l’exécutif tenue à la Présidence. Il faut lire in extenso : «S’agissant du travail d’élaboration du document de référence en matière de politiques économique et sociale, le Projet, le Premier ministre a affirmé qu’il portera exclusivement le sceau de l’expertise sénégalaise et sera achevé au troisième trimestre de l’année 2024.»
Jusqu’ici théorisé et vendu comme une recette miracle par les responsables du parti Pastef pour développer le Sénégal, le «Projet» n’était adossé à aucune structuration économique. Alors qu’ils ont toujours théorisé l’existence d’un document «prêt à être exécuté» dès leur accession au pouvoir. Depuis le 2 avril, jour de prestation de serment de Bassirou Diomaye Faye suivi de la formation du gouvernement de Sonko, les acteurs s’interrogeaient sur le contenu du «Projet» censé guider les actions politiques et publiques des nouvelles autorités.
Aujourd’hui, le constat relève de l’improbable : les autorités doivent débuter la phase rédactionnelle de leur document pour en faire leur référentiel de gouvernance. En Conseil des ministres, Ousmane Sonko a annoncé qu’un «Comité technique restreint sera mis en place à la Primature». Il note que «cette instance sera composée notamment des ministères en charge du Plan, des Finances, de l’Industrie, de la Souveraineté alimentaire, de l’Emploi, de la transformation du secteur public et du Bureau organisation et méthodes (Bom)».
C’est vers la fin du mois de septembre ou début octobre qu’on verra les premières esquisses du «Projet» de «transformation systémique» du Sénégal formulée par le tandem Diomaye-Sonko. «A l’issue des travaux, poursuit le Premier ministre, le cadre de référence pour la matérialisation de la vision de Monsieur le président de la République pour un Sénégal souverain, juste et prospère à travers la conception de programmes et projets de transformation systémique, sera soumis à la validation du chef de l’Etat avant la fin du troisième trimestre de l’année 2024.» En outre, enchaîne Sonko, la «première phase du plan d’actions pluriannuel du Projet sera inscrite, dans le projet de Loi de finances initiale 2025, qui sera soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale, au début du mois d’octobre prochain».
Continuité du PSE ?
En attendant la naissance du «Projet», qui entre désormais en phase de conceptualisation, pour ne pas dire de conception, le Plan Sénégal émergent (PSE) va continuer à être le référentiel des politiques publiques en dépit du changement de régime. Or, à la lecture du premier communiqué du gouvernement de Sonko, la question ne se posait plus. Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait «demandé au gouvernement d’accélérer la réalisation intensive et cohérente du «Projet» en travaillant avec précision, diligence, méthode et efficacité à la satisfaction des populations et au mieux des intérêts du Sénégal». Ainsi a-t-il insisté sur la nécessité de «définir et de mettre en œuvre une politique inspirée par le «Projet de transformation systémique du Sénégal»».
Le «Projet» va être axé sur la jeunesse, l’éducation, la formation, l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes et des femmes ; la lutte contre la cherté du coût de la vie et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages ; la modernisation de la Justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance, la transparence, la reddition des comptes et l’amélioration de notre système démocratique et électoral ; la souveraineté économique et la prospérité du Sénégal, l’exploitation optimale des ressources naturelles et le développement endogène durable des territoires ; la consolidation de l’unité nationale et des solidarités dans un renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait aussi ordonné à son Premier ministre de finaliser, avant la fin du mois d’avril 2024, le plan d’actions du gouvernement, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés.