L'ALLIANCE INATTENDUE DES FRONDEURS
"Faut-il y voir les prémices d'une nouvelle approche des autorités sénégalaises avec la France ?", s'interroge le dessinateur et éditorialiste Damien Glez au sujet de la visite prochaine de Jean-Luc Mélenchon à Dakar sur invitation du Pastef
(SenePlus) - La visite annoncée de Jean-Luc Mélenchon à Dakar du 14 au 18 mai prochain, sur invitation du nouveau pouvoir sénégalais emmené par Ousmane Sonko, soulève des interrogations sur une éventuelle nouvelle donne dans les relations entre le Sénégal et la France. Comme le souligne Damien Glez, éditorialiste à Jeune Afrique, "Désormais au pouvoir au Sénégal, le parti Pastef exprime sa proximité avec La France insoumise, en invitant à Dakar son timonier, Jean-Luc Mélenchon. Faut-il y voir les prémices d'une nouvelle approche des autorités sénégalaises avec la France ?"
Cette visite intervient dans un contexte particulier. Glez rappelle que "Jean-Luc Mélenchon écrivait dès 2021 : 'Le Sénégal nous parle. Sachons l'entendre.'" Et en février dernier, le leader de LFI appelait déjà à "ne pas museler l'opposant Ousmane Sonko" lors d'un rassemblement parisien de solidarité avec le Sénégal.
Un échange de bons procédés semble se dessiner. Pour Mélenchon, comme l'analyse Glez, "Controversé dans le chaudron qu'est devenue la France depuis l'importation du conflit Israël-Hamas, le fondateur de La France insoumise (LFI) prendra un peu d'air marin." Quant à Sonko et son Premier ministre Bassirou Diomaye Faye, "il s'agit d'éviter la traditionnelle 'présentation de lettres de créances' informelles à laquelle avaient habitué les précédents chefs de l'État qui se rendaient rapidement en voyage chez l'ancien colon."
Au-delà des intérêts de communication réciproques, Glez note une "compatibilité idéologique" entre les trois hommes : "Diomaye, Sonko et Mélenchon sont plutôt idéologico-compatibles." Une rencontre qui pourrait ainsi préfigurer un "front anti-Macron" selon les mots mêmes de l'éditorialiste.
Si elle se concrétise, cette alliance inattendue entre la nouvelle garde au pouvoir à Dakar et l'opposant radical français à Emmanuel Macron marquerait un tournant inédit dans les relations franco-sénégalaises traditionnellement empreintes d'une certaine continuité postcoloniale.