VIDEOLES LAISSÉS-POUR-COMPTE DU RÊVE EUROPÉEN
Promesses non tenues, humiliations, précarité : voilà le lot des "maudits" à leur retour d'Europe. Partis au péril de leur vie pour échapper à la misère, ils sont maintenant regardés comme des parias
C'est un phénomène qui prend de l'ampleur en Côte d'Ivoire : les "maudits", ces migrants clandestins aux revenus bredouilles de leur dangereuse traversée vers l'Europe, doivent affronter la honte et l'opprobre de leurs proches.
Partir pour réussir, tel était le rêve de milliers de jeunes Ivoiriens, prêts à tout risquer pour tenter leur chance dans l'eldorado européen. Mais à leur retour contraint, c'est le verre qui sonne. Rejetés, montrés du doigt comme des "ratés", ces "maudits" peinent à se réinsérer.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) les accueille pourtant à bras ouverts, en leur promettant une aide financière à la réinsertion. Mais sur le terrain, les attentes sont bien souvent déçues. "On nous avait dit qu'on aurait 160.000 francs, on n'a reçu que 32.000...", témoigne un migrant amer.
Pis encore que la précarité, c'est l'humiliation du regard des autres qui les accable. "Lorsque tu n'as rien, qu'est-ce que tu peux apporter à la famille ?", leur lance-t-on crûment. L'échec est vécu comme une trahison des espoirs familiaux.
Pourtant, la réalité est bien plus complexe qu’un simple mirage économique. C'est une quête désespérée de reconnaissance sociale qui pousse le nombre de ces jeunes sur les routes de la migration clandestine. Un phénomène alimenté par les déguerpissements des massifs de quartiers précaires à Abidjan, au nom de projets urbains pharaoniques.
Face à ce défi, des voix s'élèvent pour réclamer des solutions pérennes. Pendant que certains "maudits" persistants dans leur envie de repartir, d'autres créent des associations pour venir en aide aux plus vulnérables et dénoncer les dangers des "convoyages".
Un reportage glaçant, qui souligne l'urgence d'apporter une réponse à ce drame humain, au-delà des seuls enjeux migratoires.