SONKO DÉFEND LA SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE, UN ENJEU CRUCIAL POUR L'AFRIQUE
Lors d'une intervention remarquée ce jeudi 16 mai 2024 à l'Ucad, le leader du Pastef a développé sa vision économique plaçant la conquête d'une souveraineté monétaire au cœur de la relance industrielle du Sénégal
Lors d'une conférence publique conjointe à l'Ucad ce jeudi 16 mai 2024, Ousmane Sonko et Jean-Luc Mélenchon, figures de proue respectives du Pastef au Sénégal et de la France Insoumise, ont plaidé avec force pour la souveraineté monétaire des nations africaines. Un sujet brûlant qui fait souvent figure de tabou sur le continent.
Sonko a rappelé avec verve les mots visionnaires du Général de Gaulle qui, à la veille du débarquement allié en Normandie, s'opposa farouchement au projet américain d'imposer un "billet drapeau" à la France libérée. "Allez, faites la guerre avec votre fausse monnaie", lança alors le célèbre homme d'État français, bien décidé à préserver la souveraineté monétaire de son pays.
Pour le leader du Pastef, cette anecdote historique illustre l'importance vitale pour tout État de maîtriser pleinement sa monnaie, "puissant levier économique et instrument de souveraineté". Il a dénoncé le fait que les pays africains soient contraints de s'endetter en devises étrangères, les exposant aux aléas des marchés financiers mondiaux.
Sonko a ensuite développé la vision économique de son parti, plaidant pour une "sortie prudente" du Franc CFA au profit d'une monnaie nationale flexible, adossée à plusieurs devises de référence. Objectif : stimuler la compétitivité, relancer l'activité industrielle et reconquérir des marges de manœuvre monétaires actuellement bridées par les réserves obligatoires.
Reprenant la parole, Jean-Luc Mélenchon a salué ces analyses "éclairantes" et rappelé les débats houleux ayant entouré la création de l'Euro en France, preuve que la question monétaire soulève les passions au sein même des démocraties les plus solides.
"Nous n'avons pas le droit de parler de notre propre monnaie, on refuse d'en débattre (...) Et pourtant en France, on peut débattre de l'Euro à l'Assemblée nationale", a martelé Sonko, regrettant les entraves au débat monétaire qui perdurent en Afrique.