LE SÉNÉGAL REVENDIQUE SON INDÉPENDANCE STRATÉGIQUE
Sonko s'attaque à "l'occupation" militaire étrangère dans le pays. Dans une allocution choc, le président du Pastef dénonce la présence de garnisons étrangères, notamment françaises, qualifiée d'"incompatible" avec la souveraineté nationale
"Cette présence de base militaire suscite des interrogations légitimes plus de 60 ans après nos indépendances," a déclaré Ousmane Sonko jeudi 16 mai 2024 lors d'une conférence publique à l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) en compagnie du leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. "Nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l'armée française, par exemple, bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays et sur l'impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique."
Soixante ans après les indépendances africaines, la question de la présence militaire étrangère reste un enjeu majeur pour de nombreux pays du continent, à l'instar du Sénégal. Comme l'a souligné Ousmane Sonko, cette présence soulève "des interrogations légitimes" sur la souveraineté et l'autonomie stratégique des États postcoloniaux.
Pour étayer son propos, le leader du parti Pastef a choisi de s'appuyer sur des "exemples sur la France elle-même", riche en "anecdotes intéressantes sur la problématique et les enjeux de la question sécuritaire."
Entre 1956 et 1958, "les Américains eurent le projet d'installer sur le territoire français un stock d'armes nucléaires et de missiles balistiques," a rappelé Sonko. "Le projet buta sur la double question du commandement et du contrôle des missiles, dont le déploiement était admis par les militaires français comme un bon moyen d'accroissement du pouvoir bishazif de l'OTAN."
"Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal," a affirmé Ousmane Sonko. "Ceci ne remet pas en question les accords de défense" que le pays entretient avec de nombreux pays, "mais on peut avoir des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd'hui par des garnisons étrangères."