L’ETAT NE PRELEVE AUCUNE TAXE SUR LES BILLETS D’AVION
Prenant le contrepied de ce que soutiennent les responsables d’agences de voyage — ou ce qu’ont tendance à croire les voyageurs —, un responsable du ministère des Transports aériens, qui s’est exprimé sous anonymat, se veut formel
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Prenant le contrepied de ce que soutiennent les responsables d’agences de voyage — ou ce qu’ont tendance à croire les voyageurs —, un responsable du ministère des Transports aériens, qui s’est exprimé sous anonymat, se veut formel : l’Etat ne perçoit aucune taxe sur les prix des billets d’avion. Tout au moins, précise-t-il, il n’y a pas le moindre franc qui est prélevé pour aller au Trésor public. Ce qui alourdit le prix de ces billets, explique notre interlocuteur, ce sont les redevances qui sont règlementées et surveillées par l’OACI (Organisation internationale de l’Aviation civile). Or, ces redevances ne sont pas pour l’Etat mais, par exemple, pour des sociétés comme celles qui gèrent les aéroports ou des organisations comme l’Asecna. Et dans la détermination de ces redevances et de leurs montants, jure notre cadre du ministère des Transports aériens, l’Etat n’intervient pas. Tout de même, les voyageurs achetant leurs billets au Sénégal payent une RDIA (Redevance pour le développement des transports aériens) qui sert à rembourser le prêt contracté par l’Etat pour construire l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass.
D’après ce spécialiste des transport aériens, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette cherté des prix des billets d’avion qu’il reconnaît lui-même.
Le premier, à l’en croire, c’est que les passagers ne peuvent pas recourir aux compagnies low-coast comme en Europe ou en Amérique. Ces compagnies, en contrepartie d’un minimum de prestations et en rognant sur les frais — pilotes payés presque au Smig, stewards et hôtesses réduits au strict minimum, boissons et sandwichs vendus aux passagers, décollage et atterrissage dans des aéroports secondaires, poids limité des bagages permis aux passagers — parviennent à offrir des taris très bas.
Les seules compagnies low coast qui embarquent des passagers à partir de Dakar, c’est NEOS, VUELING et TRANSAVIA qui desservent l’Europe du Sud où elles malmènent Air Sénégal qui n’arrive pas à leur y tenir la dragée haute.
Pour que la compagnie nationale parvienne à être compétitive sur ces destinations, il lui faudrait un taux de remplissage de…135% ! Ce qui est bien sûr impossible sauf à surcharger ses aéronefs comme des «Ndiaga-Ndiaye », des cars rapides ou des « carous Serigne bi »
La deuxième raison de la cherté des billets d’avion, c’est le quasi monopole exercé par Air France et Air Sénégal sur la ligne directe Dakar-Paris ou Paris-Dakar. Selon que les passagers sont nombreux (ce qui est toujours le cas sur cette ligne), la période et le moment où le voyageur achète par rapport à sa date de départ, les prix montent. La demande étant très forte, les prix sont constamment hauts. Comme nous l’expliquions dans notre édition d’hier, les lignes avec correspondances comme sur la RAM, Air Algérie, Tunis Air etc.sont beaucoup plus abordables même si le vol dure plus longtemps.
Enfin, notre cadre du ministère des Transports aériens explique que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans la détermination du prix du billet d’avion : il y a d’abord le moment où celui-ci est acheté par rapport à la date du voyage : ainsi, si on l’acquiert trois ou quatre mois avant son voyage, on peut l’obtenir à bon prix tandis que si on attend à une semaine voire quelques jours de son départ, alors là il sera hors de prix. Ensuite, il n’y a pas en réalité une classe économique mais plusieurs ou, plus exactement, des sous-classes économie qui obéissent à plein de critères. On retiendra que plus la date approche, moins il y a de places sur le vol prévu et plus les billets sont chers comme si les places étaient vendues aux enchères. Il existe des logiciels avec des algorithmes complexes qui font monter automatiquement les prix. Ce sans compter bien sûr les redevances et les commissions des agences de voyage ! Tout cela cumulé fait que les habitants d’un pays comme le Sénégal, qui fait partie des plus pauvres du monde, sont obligés d’acheter les billets d’avion les plus chers du monde ! Mais on n’en est pas à un paradoxe près, dans ce cher Galsen…