BAZOUM TOUJOURS EN RESIDENCE SURVEILLEE, SANS JUGEMENT
Plus de dix (10) mois après le coup d’Etat militaire ayant renversé son régime, le 26 juillet 2023, l’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum et son épouse sont toujours en résidence surveillée.
Plus de dix (10) mois après le coup d’Etat militaire ayant renversé son régime, le 26 juillet 2023, l’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum et son épouse sont toujours en résidence surveillée. Ils sont maintenus en détention, sans procès, ni jugement, à la Résidence présidentielle privée de Niamey… sous la surveillance de la Garde présidentielle.
Ceux qui croyaient que le Niger venait de tourner la page des coups d’Etat, avec l’élection de Mohamed Bazoum comme président de la République, ont vite déchanté. Le président Mohamed Bazoum étant toujours maintenu en détention sans procès, sans jugement, depuis le renversement de son régime en juillet 2023.
En effet, aucun des candidats à l’élection présidentielle du 27 décembre 2020, n’ayantréussi à obtenir la majorité absolue des suffrages valablement exprimés, les Nigériens étaient amenés à départager deux des prétendants au fauteuil : l’ancien ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum, le dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou, et l’ancien chef de l’Etat (1993-1996), Mahamane Ousmane.
A l’issue du second tour de cette présidentielle, tenu le 21 février 2021, le candidat du pouvoir a été proclamé vainqueur du scrutin, avec 55,75% des voix, devant l’ancien président Mahamane Ousmane (44,25 %), selon les résultats officiels publiés le mardi 23 février parla Commission électorale nationale indépendante (CENI). Une victoire qui sera confirmée parla Cour constitutionnelle nigérienne, qui a publié les résultats définitifs, le dimanche 21 mars ; créditant Mohamed Bazoum de 2 490 049 voix, soit 55,66% et Mahamane Ousmane de 1 983 072, soit 44,34%.
Le nouvel homme fort du Niger, un ancien élève de l’École nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès, au Sénégal, alors âgé de 59 ans, sera officiellement installé dans ses fonctions de président de la République, le 2 avril 2021. Seulement, la gestion des affaires par le maître de la première alternance démocratique au sommet de l’histoire du Niger indépendant, avec la passation de pouvoir entre un président démocratiquement élu et son successeur (lui aussi arrivé au pouvoir par les urnes) n’aura duré qu’environ deux (2) ans. Puisque, le mercredi 26 juillet 2023, il sera déposé par des militaires, avec à leur tête le Général Abdourahamane Tchiani, alors Chef de la Garde présidentielle du Niger depuis 2011. Deux (2) jours plus tard, le vendredi 28 juillet, ce militaire de carrière s’est présenté comme le nouvel homme fort du pays, devenant ainsi le «président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNPS)».
LA DEMOCRATIE NAISSANTE «ASSASSINEE»
À ce titre, à travers une allocution, diffusée dans tout le pays par la télévision nationale nigérienne, il a expliqué que le coup d’État militaire, débuté mercredi, était lié à «la dégradation de la situation sécuritaire» au Niger. Rappelant la présence de groupes djihadistes dans le pays, le Général Tchiani a déploré une approche sécuritaire sous le président Bazoum qui «n’a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs», a-t-il ajouté.
Cette prise de parole intervient trois jours après l’annonce de la «séquestration» du président Mohamed Bazoum et de sa famille. Depuis lors,retenus àNiamey, dans la Résidence présidentielle privée, le président Bazoum et son épouse Hadiza Bazoum sont aux mains de commandants putschistes de la Garde présidentielle, aux ordres du Général Abdourahamane Tchiani. Entretemps, détenu au côté de son père depuis le coup d’Etat, Salem Mohamed Bazoum, fils de l’ancien président nigérien Mohamed Bazoum, a bénéficié d’une remise en liberté provisoire, le lundi 8 janvier dernier. Il a obtenu une autorisation de mise en liberté provisoire du Tribunal militaire de Niamey, alors que ses parents restent eux détenus sous la surveillance de leur ancienne Garde présidentielle.
QUAND LA CEDEAO TORPILLE SON «VŒU» D’INTERVENTION MILITAIRE
Isolé ainsi depuis qu’il a été renversé, le 26 juillet 2023, par le Général Tchiani et ses hommes, mais refusant toujours de démissionner, le président Bazoum constituera un sérieux «problème» pour les putschistes qui ne semblaient pas savoir quel sort lui réserver. Surtout que, après la condamnation unanime de ce coup de force partoute la communauté internationale qui appelle à la libération immédiate et au rétablissement du président déchu dans ses fonctions, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est allé plus loin, menaçant d’une intervention militaire au Niger pour déloger la junte du pouvoir – ce qu’elle n’a pas fait –, en plus des lourdes sanctions économiques et financières imposées à ce pays. Entre tentatives de dialogues, des médiations et durcissement de ton de part et d’autre dans les deux camps, le temps semblera tourner en faveur des putschistes. Car, non seulement il n’y aura pas d’intervention militaire au Niger, même si elle affirmait que c’est une option suspendu, mais la CEDEAO «acte» officiellement le coup d’État quatre mois et demi après.
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est allé plus loin, menaçant d’une intervention militaire au Niger pour déloger la junte du pouvoir – ce qu’elle n’a pas fait –, en plus des lourdes sanctions économiques et financières imposées à ce pays. Entre tentatives de dialogues, des médiations et durcissement de ton de part et d’autre dans les deux camps, le temps semblera tourner en faveur des putschistes. Car, non seulement il n’y aura pas d’intervention militaire au Niger, même si elle affirmait que c’est une option suspendu, mais la CEDEAO «acte» officiellement le coup d’État quatre mois et demi après.
LA JUNTE IMPOSE SA VOLONTE : PAS QUESTION DE LIBERER OU TRANSFERER BAZOUM VERS UN PAYS TIERS
Déjà, réagissant aux nombreux appels pour la libération de l’ancien président déchu et aux inquiétudes exprimées sur ses conditions de détention, le Premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, a assuré que «rien de mal n’arrivera» à Mohamed Bazoum. «Surtous les coups d’État survenus au Niger, jamais il n’a été question de transférer[le président déchu] vers un pays étranger», a-t-il rappelé, citant les précédents présidents renversés dans ce pays qui a connu cinq putschs depuis son indépendance, en 1960. Et Ali Mahaman Lamine Zeine de poursuivre : «Qui a dit qu’il ne va pas un jour être libéré ? Il est détenu dans sa résidence présidentielle, on s’occupe bien de sa santé. Quand le temps de sa libération viendra, il sera libéré»
Cependant, après plusieurs mois d’emprisonnement à la Résidence présidentielle privée, à Niamey, Mohamed Bazoum a saisi la juridiction communautaire, dès septembre. Sur Rfi, son avocat Me Seydou Mohamed, a précisé que cette requête «concerne le président de la République Mohamed Bazoum, son épouse Hadiza Bazoum, son fils Salem Bazoum, qui ont été illégalement arrêtés, séquestrés et détenu arbitrairement». Dans la décision rendue, dont le contenu a été dévoilé par ses avocats, le 16 décembre 2023, le président Bazoum a obtenu gain de cause. La Cour de Justice de la CEDEAO a ordonné la libération immédiate et sans conditions du président nigérien renversé et détenu depuis le 26 juillet dernier. La Cour demandera également à ce qu’il soit réinstallé dans ses fonctions dans un délai d’un mois.
Mais, avant cette victoire juridique, Mohamed Bazoum aura été accusé de tentative présumée d’évasion, par le Procureur général près la Cour d’appel de Niamey, Salissou Chaïbou. Lors d’une conférence de presse, le mardi 31 octobre, il affirmé : «il s’agit de faits réels et non d’une mise en scène. Vingt-trois (23) personnes civiles et militaires ont été interpellées dans le cadre de cette affaire», a-t-il dit,rappelant qu’une «enquête est en cours» pour élucider l’affaire. Ce que les avocats de l’ancien Chef de l’État nient toujours vigoureusement. Mieux, Daouda Djibo Takoubakoye, Directeur de Cabinet adjoint de Mohamed Bazoum, réagissant à cette allégation, s’indignera : «Quel besoin un président qui s’évade peut-il avoir d’emmener dans sa fuite deux cuisiniers ? Comment un président qui s’échappe peut-il transporter des valises contenant de l’or, de l’argent, des bijoux et même des effets personnels aussi inutiles que des téléphones cassés et une antenne parabolique de couleur blanche ? Cette tentative d’évasion n’a jamais eu lieu et la junte tente de détourner l’attention des populations meurtries par les dures réalités de la vie», a soutenu ce proche du président déchu.
En attendant, le président Mohamed Bazoum et son épouse toujours maintenus en résidence surveillée, la posture de son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, continue de susciter des spéculations. Même s’il se défend de toute forme d’ambiguïté, la proximité du président Issoufou avec le Chef de la junte, Abdourahamane Tchiani, suscite des interrogations.