UNE BRIQUE DE PLUS SUR LE MUR
EXCLUSIF SENEPLUS - "Cours constitutionnelle ", "juge des libertés", "parquet financier"... Le dialogue national va s’ouvrir sous forme d’atelier de réflexion avec beaucoup d’acteurs-usurpateurs dont la pensée reflète une rhétorique de la colonialité
Deux mois après l’accession au pouvoir de « Diomaye moy Sonko » et à moins de 90 jours du délai de grâce, beaucoup d’interrogations fusent sur le rythme de la transition avec une impatience sociale marquée.
Tous les actes posés par la nouvelle gouvernance alimentent le désir de rupture transformationnelle dans le sillage de la transition en douceur sans encore remettre en cause les fondements de l’ancien régime.
L’état de la nation est à un niveau de délitement tel que les rapports des corps de contrôle publiés ne sont que la partie visible de l’iceberg. Délitements juridique, social, économique, culturel scientifique, moral, mental, etc. Les ressorts de l’édifice social sont rouillés.
Le mal est si profond qu’il serait réactionnaire de résumer le remède au seul désir, si légitime soit-il, de rendre gorge à quelques agneaux du sacrifice et oublier de faire la clinique de l’industrie du pillage systémique du peuple par la bande à Macky qui malgré sa posture d’opposition en papier paralysée, n’en demeure pas moins riche comme crésus et une menace insidieuse pour la République.
Le droit d’inventaire global de la gouvernance Macky est une exigence démocratique. Un inventaire disais-je, qui doit être matérialisé par un discours fondateur de la nouvelle République que nous n’avons pas encore entendu.
Le changement du régime le plus prédateur de l’histoire politique du Sénégal justifie un changement de feuille de route avec des sacrifices collectifs avant de pouvoir récolter le dividende à partir de la cinquième année du mandat de « Diomaye moy Sonko » à travers une feuille de route atteignable, mais surtout mesurable sur le panier des ménages.
Le discours fondateur de la quatrième République devrait clarifier les axes majeurs. Il faut revisiter le champ lexical usité : "rupture" transformation" "projet" est, pour le moins, une analyse bateau de la caractérisation de la chute de l'ancien régime et pour le plus, une erreur de syntaxe socio-politique.
Ce qui se passe sous nos yeux depuis ces cinq dernières années est la matérialisation d'une véritable mutation qu'il faut historiciser pour comprendre le défi et les dynamiques longitudinales qui le structurent.
Un "projet" est toujours l'instrument d'une vision. Quelle est la vision que décline le "projet" ?
Le dialogue national va s’ouvrir sous forme d’atelier de réflexion avec beaucoup d’acteurs-usurpateurs dont la pensée est un ressassement d’une rhétorique suant la colonialité.
Sur un autre plan, moderniser signifie-t-il faire mieux ? Tout ce qui est moderne est-il bon ? Il y a un fétichisme de l'État de droit colonialo-centré. Toujours des mimétismes béats : "Cours constitutionnelle ", "juge des libertés", "parquet financier", etc. Ne devrait-on pas convoquer la constituante indépendante et écrire en lettres gravées sur le marbre de l’espoir renaissant un programme de transition digeste ?
Où est le peuple souverain dans tout ça ? Nous posons juste les premières pierres du Sénégal des siècles à venir, pourquoi courons-nous comme des forcenés ? Une enquête sociologique exhaustive faisant ressortir entre autres, comment le Sénégalais exclu des lieux de production du savoir colonial veut être gouverné et par quels prototypes de gouvernants est crucial.
Au final il s’agit de nous regarder tel que nous sommes. Une pierre de l'édifice de la quatrième République, au lieu de nous prendre pour l'édifice lui-même " we are just another brick in the wall" Réécoutons Pink Floyd ! dans " the wall". Nous sommes juste une brique de plus sur le mur.