GENOCIDE, LE MOT QUI FACHE
Le génocide a une définition simple : «Destruction méthodique d’un groupe humain». Alors, comment se fait-il que le monde ne parvienne pas à s’entendre sur la nature des horreurs perpétrées à Gaza et à Rafah ?
Le génocide a une définition simple : «Destruction méthodique d’un groupe humain». Alors, comment se fait-il que le monde ne parvienne pas à s’entendre sur la nature des horreurs perpétrées à Gaza et à Rafah ?
Des donneurs de leçons adeptes d’une indignation sélective, on a eu deux sortes de réactions : un silence gêné pour les moins indécents et un débat sur la frontière entre légitime défense et épuration ethnique pour ceux dont le sens moral est assujetti à l’intérêt personnel. «Ce qui se passe en Palestine n’est pas un génocide», assure Joe Biden. Peut-être, devons-nous attendre qu’une majorité de Gazaouis soient exterminés pour que leur martyre soit enfin élevé au rang de génocide ? Du courage, encore quelques mois de massacres de femmes et d’enfants et on y parviendra peut-être ! Comment éviter un génocide s’il faut attendre qu’il soit entièrement perpétré avant de réagir ? Le crime le plus grave serait-il le crime le plus difficile à prévenir ? Cela dépend de qui est la victime et de qui est le bourreau.
30 ans plus tôt, le génocide rwandais
Pourquoi refuser de parler de génocide ? C’est simple, d’après le droit international, le monde a l’obligation d’intervenir militairement s’il le faut, quand un génocide est en cours. L’admission d’un génocide est exclue car elle est incompatible avec la politique de l’indifférence ou de la minimisation adoptée principalement par les États-Unis.
Le génocide fait toujours penser au Rwanda. 800 000 personnes massacrées en moins de 100 jours pendant que le monde se demandait si ces tueries sont une guerre ethnique ou un massacre de masse. Il a fallu que près d’un million de Tutsis perdent la vie pour qu’on reconnaisse qu’il s’agissait bien d’un génocide. Maigre consolation pour ceux qui ont perdu la vie ou un être cher. Des génocides, il y en a eu avant le Rwanda mais on ne pensait pas qu’il y en aurait après. 1994-2024, cela fait exactement 30 ans et on a encore des débats sur ce qui relève de l’épuration ethnique. A ce jour, plus de 36 000 personnes ont été tuées à Gaza. Bien-sûr 36 000, c’est beaucoup moins que 800 000 mais pour les personnes affectées chaque victime est une tragédie incomparable.
Avec l’offensive en cours à Rafah, les pertes en vies humaines vont malheureusement continuer sans parler de la famine et de la prolifération des maladies dans un territoire où les hôpitaux sont bombardés. Quand on revoit des films ou des documentaires sur le génocide des Tutsis, on se demande comment cela a pu se produire ? Gaza nous donne la réponse. L’horreur est perpétrée en présence de deux facteurs : une majorité indignée mais impuissante face à des décideurs politiques indécis ou complices. En attendant, les enfants de Gaza se demandent quel pêché ils ont commis pour se voir déniés le simple droit à la vie.